Citroën ne souhaite pas faire de l’e-commerce

Mobilité

Depuis 4 ans, Citroën a fait le pari d’Internet. Aujourd’hui la société compte pas loin de 500 sites Internet et une centaine d’intranets. Véritable outil au service du marketing, Internet a réussi à s’imposer au côté des supports classiques que sont la télévision, la radio ou la presse écrite. Néanmoins, selon son directeur marketing France, Jean-Luc Rieussec, la société n’entend pas prendre le virage de l’e-commerce.

VNUnet : Comment intégrez-vous Internet au sein de Citroën ?

Jean-Luc Rieussec :Internet est devenu aujourd’hui un véritable outil marketing pour la marque Citroën. Cela nous permet de présenter nos nouveaux modèles et surtout de nous rapprocher des clients. D’ailleurs, notre parcours sur le réseau résume assez bien cette démarche. En 1996, nous avons commencé par un site institutionnel en anglais et en français présentant la marque et le produit en général. C’était l’époque du « point com ». Un an après, nous voulions cibler encore plus la clientèle et toutes les filiales de Citroën se sont dotées alors d’un nom de domaine du pays de localisation. Citroen.fr est né à cette époque. En même temps, le site a revêtu un caractère plus commercial en proposant plus en détail les produits ainsi que les prix. Mais toujours dans l’optique de se rapprocher du client, nous avons équipé nos succursales de sites Web en 1998. Aujourd’hui, nous en sommes à 446 sites. Au même moment, nous avons créé de nouvelles rubriques comme les voitures d’occasion, les pièces de rechange et surtout le service après-vente.

VNUnet : Les sites Internet sous dénomination Citroën sont-ils aussi des canaux de distribution ou seulement un moyen de communication ?

Jean-Luc Rieussec :Pour le moment on ne peut pas vraiment dire que la vente de voitures sur Internet soit quelque chose de significatif. Les Etats-Unis, qui sont précurseurs en ce domaine, n’ont pas démontré que le système était probant. Aujourd’hui, Citroën considère qu’Internet est un média, au même titre que la télévision, la radio ou la presse écrite. En aucun cas nous

n’envisageons pour le moment de transformer notre site en un canal de distribution. Notre but est d’informer les clients. Toutefois, cela n’empêche pas de développer des relations quasi commerciales avec ces derniers. Ainsi depuis novembre, il est possible de réserver sa voiture sur Internet. La personne a alors 8 jours pour se rendre chez un concessionnaire Citroën. Sur 400 bons de réservation, nous avons eu 110 clients qui ont concrétisé leur achat.

VNUnet : Pour vos concessionnaires, c’est un véritable travail que de gérer un site. Comment faites-vous ?

Jean-Luc Rieussec :C’est une mission supplémentaire. C’est pour cela que nous les déchargeons au maximum. Ainsi, la maison mère met à jour elle-même toutes les offres nationales ainsi que les prix. Leur travail concerne surtout les offres d’occasion. Mais nous avons distribué un kit leur offrant des modèles de base qui rendent la tâche beaucoup plus simple, même si les concessionnaires ont eu deux jours de formation.

VNUnet : Vous proposez depuis janvier une Web TV. C’est un nouveau moyen de communication ?

Jean-Luc Rieussec :C’est surtout un moyen de rendre le site plus attractif. Nous avions, à un moment, mis des images en 3D. Citroën.fr recense en moyenne 120 000 visiteurs par mois, ce qui est une bonne performance. Nous voulons leur donner un nouveau moyen d’accès à l’information. A terme, nous pouvons imaginer beaucoup de choses comme la retransmission d’événements sportifs dans lesquels Citroën est impliqué, comme le championnat de France des rallyes ou le Paris-Dakar. La vidéo nous permettra de rendre l’information plus vivante et de la restituer parfois en temps réel. La Web TV se trouve sur un site à part, mais on peut tout de même y accéder via le site principal.

VNUnet : Peut-on imaginer que la Web TV servira à des applications internes ?

Jean-Luc Rieussec :C’est ce qui est prévu. Parallèlement à l’accès public sur la Web TV, nous avons aussi un accès privé. La WebTV nous servira d’outil de communication interne, au même titre que notre télévision interne. Mais nous pouvons aussi imaginer des conférences à distance ainsi que des formations en ligne. A ce titre, nous avons déjà eu des contacts avec des sociétés de formation à distance. Réellement, nous ne voulons négliger aucune piste et voulons être prêts aux différentes avancées technologiques.

VNUnet : Le manque de lignes haut débit en France ne risque-t-il pas de limiter l’accès à ce service ?

Jean-Luc Rieussec :Nous n’avons pas voulu limiter l’accès au site aux seules zones où le haut débit est disponible en France. Au moment de la mise en place de ce projet, nous voulions qu’un internaute lambda avec un modem à 56k puisse regarder les films. Pour cela, nous utilisons un serveur de streaming ainsi que la compression des fichiers vidéo. Du coté technique, nous ne nous occupons de rien sauf du contenu et de l’encodage. Tout ce qui concerne l’hébergement dédié et

l’accès est confié à Empreinte Multimédia qui nous livre la solution clé en main. La Web TV peut supporter jusqu’à 10 000 connexions simultanées.

VNUnet : Pensez-vous qu’à terme, toutes les grosses sociétés intégreront des moyens de vidéo sur Internet et qu’elles auront leur propre studio de télévision en interne ?

Jean-Luc Rieussec :Le faible coût d’Internet permet de faire énormément de choses. Développer un film et le diffuser sur son site ne coûte rien. Lorsque nous avions pensé diffuser par satellite des émissions pour les télévisions internes présentes dans nos points de ventes, nous nous sommes vite rendu compte que cela exigeait de gros moyens financiers. Je pense que les sociétés réaliseront toujours à la fois en interne et en externe leurs films, mais la diffusion sera certainement plus facile. Et cela grâce à Internet qui ne nécessite pas des coûts démentiels.