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Conduite autonome : le conflit Uber – Waymo attisé par une nounou ?

Vol, exploitation et monnayage de secrets industriels : les accusations qu’Erika Wong porte contre Anthony Levandowski sont lourdes.

La première a déposé plainte contre le second, dont elle dit avoir gardé les deux enfants entre décembre 2016 et juin 2017.

Au-delà des dommages et intérêts qu’elle réclame pour plusieurs infractions aux droits du travail et de la santé (défaut de rémunération, mise en situation de stress émotionnel…), l’intéressée livre de nombreux détails susceptibles d’alimenter une autre affaire.

Anthony Levandowski est en l’occurrence la plaque tournante du conflit qu’Uber et Waymo – branche d’Alphabet, la maison mère de Google – se livrent devant les tribunaux américains.

L’ingénieur n’est pas directement attaqué dans ce dossier (une procédure séparée en arbitrage a été lancée à son encontre), mais ses prétendus agissements sont au cœur du débat.

Google, son employeur d’avril 2007 à janvier 2016, l’accuse d’avoir dérobé plus de 14 000 fichiers confidentiels relatifs à des technologies de conduite autonome – notamment à des dispositifs de télédétection par laser – juste avant de mettre les voiles pour se consacrer à sa start-up Ottomotto… passée à l’été 2016 dans le giron d’Uber.

Les nounous ont des oreilles

Sur recommandation d’un avocat criminaliste, Anthony Levandowski s’est réfugié sous la protection du 5e amendement de la constitution américaine, qui donne la possibilité à une personne de ne pas témoigner contre elle.

Décortiquée par Wired, la plainte d’Erika Wong a d’autant plus d’intérêt que la nounou, qui dit avoir pris des cours de droit et avoir produit un court métrage sur l’un des premiers artisans des travaux de Google sur les véhicules autonomes, affirme en savoir beaucoup de la vie personnelle et professionnelle de son employeur.

Le 23 février 2017, jour même où Waymo avait déposé sa plainte, elle avait, à son arrivée, vu Levandowski faire les cent pas dans son salon, déclarant à son avocat au bout du fil : « Comment peuvent-ils me faire ça ? », « Et la clause ? » ou encore « Je fais quoi des disques ? »

Les disques en question sont mentionnés dans une pièce qu’Uber a dû produire sur ordre de la justice, après une demande de Waymo : le rapport de diligence raisonnable élaboré en mars 2016 dans le cadre des discussions qui allaient mener à l’acquisition d’Ottomotto.

Auteure de ce rapport, la firme de cybersécurité Stroz Friedberg avait interrogé Levandowski, qui avait reconnu avoir eu en sa possession ces supports de stockage contenant des données associées aux travaux de Google sur la conduite autonome… puis assuré les avoir détruits – ce qu’il n’a pas été possible de prouver.

L’ami Pat

Erika Wong fait part d’un autre épisode : le 11 mars, au lendemain du dépôt d’une requête en injonction par Waymo, Travis Kalanick, qui dirigeait alors Uber, est venu s’entretenir, pendant près de cinq heures, au domicile d’Anthony Levandowski, avec des documents à signer et une boîte de circuits imprimés.

Pendant les semaines qui ont suivi, le nom de « Pat Green » est souvent revenu dans les discussions, Levandowski insistant notamment auprès de sa belle-mère Suzanna Musick pour qu’il « soit payé ».

Le 27 avril, Erika Wong est au domicile d’Anthony Levandowski lorsque celui-ci fait part à son frère Mike de son intention de se rendre au Canada pour « échapper aux poursuites », tout en lui demandant, une fois encore, que le travail avec Pat Green continue : « J’ai besoin d’informations sur les camions de Tesla. […] On peut en tirer de l’argent ».

Au cours du printemps, Anthony Levandowski appellera sa sœur à plusieurs reprises pour savoir si elle a « reçu quelque chose de la part de Google ou de Pat Green ».

En parcourant LinkedIn, on trouve un profil au nom d’un certain Patrick Green, qui travaille, chez Tesla, sur les « nouveaux produits », catégorie dans laquelle entre supposément le Semi, camion électrique autonome présenté en fin d’année dernière.

D’autres conversations qu’Erika Wong dit avoir captées lui font penser qu’Anthony Levandowski a fait commerce de ses secrets industriels avec des sociétés à l’étranger, tout en exploitant ces mêmes secrets pour aider à créer des start-up sans y associer publiquement son nom.

Un porte-parole de l’ingénieur a exprimé sa confiance envers la justice pour rejeter ces allégations « fondées sur des faits fictifs ».

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