Croc-Crozier (6) : Petite histoire des MVNO, pour un milliard d’euros

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Nouvelle chronique de Sébastien Crozier (expert télécoms-TIC, conseiller prud’homal, syndicaliste chez FT-Orange…). Découvrez sa plume incisive et son regard décalé sur l’actu.

Petite histoire des MVNO

Les opérateurs mobiles virtuels  (Mobile Virtual Network Operators ou MVNO en anglais) ont atteint 12% de part de part de marché en France en cette fin d’année 2011.

Le principe est simple. Ils achètent des minutes, SMS ou mégaoctets en gros à des opérateurs que l’on qualifie d’opérateur hôte. Ils les revendent au détail au travers de leurs propres réseaux de distribution.

Ce principe existe depuis de nombreuses années dans d’autres pays : Virgin Mobile en Grande-Bretagne étant sans doute le précurseur de ce modèle.

Désormais en France, les marques de MVNO sont nombreuses. Au total près d’une trentaine.

On peut les classer en 4 catégories :
– la distribution (Virgin, Casino Mobile ou Système U);
– les banques (CIC, Crédit Mutuel, récemment la BNP, ou même le cas plus atypique de la Poste);
– Les médias à marque forte  (NRJ qui a ouvert la voie en 2005, M6);
– Et enfin des acteurs qui visent les marchés ethniques comme Ortel, filiale de KPN, Lebara ou Lycamobile.

Notons que l’expérience de TF1 a tourné court et que Fnac Mobile est loin d’être un succès. On ne gagne pas à tous les coups sur le marché des MVNO…

Quel est l’intérêt de chacun ? C’est aux MVNO de supporter les coûts d’acquisition élevés : financement du terminal, publicité, coût de distribution. Leur métier permet de réduire immédiatement ces couts et de dégager un profit tout en générant du chiffre d’affaires.

Les opérateurs voient à court terme leur marge augmenter, puisque qu’ils suppriment des frais d’acquisition sans que leur chiffre d’affaires ne soit trop dégradé.

Ce développement des opérateurs virtuels n’est pas sans rappeler celui des VISP, fournisseurs d’accès internet virtuel d’il y a une dizaine d’années.

Fnac.net, M6net ou encore Voonoo pour la Société Générale avaient ouvert la voie avec  un opérateur hôte – Internet Télécom – que l’on qualifiait de fournisseur d’accès internet sous marque blanche, en référence aux produits sous marque distributeur de Carrefour des années 70 [co-fondé par Sébastien Crozier, auteur de cette chronique, ndlr].

Racheté par France Telecom, qui ne souhaitait pas le développement de ces activités  pour protéger sa filiale Wanadoo, le modèle s’était éteint.

Les projets de la Poste et de SFR laissent à penser que des offres d’accès ADSL sont en préparation.

Finalement, rien de bien nouveau sous le soleil du marché des télécoms…

Les opérateurs, bien qu’ayant en un peu moins de 20 ans construit des marques puissantes, apparaissent aujourd’hui comme de simples gestionnaires de tuyaux au service de marques plus génératrices de valeur.

Dès lors on comprend mieux la lente dégradation de leur chiffre d’affaires et l’absence d’enthousiasme qu’ils suscitent pour les marchés financiers.

(Lire la suite de la chronique page 2)

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