Cyber-espionnage : Angela Merkel sur écoute, la confiance vis-à-vis des USA en déroute

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La chancelière allemande aurait fait l’objet d’une surveillance téléphonique par les services secrets américains. La polémique monte lors du Conseil européen dédié au numérique.

Angela Merkel écoutée par les services de renseignement américains ? C’est un prolongement la saga Prism du nom de ce programme de cyber-espionnage massif. Les personnalités étatiques n’y échappent pas non plus.

L’information sur le cas d’Angela Merkel, révélée mercredi par l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, est confirmée par une déclaration du porte-parole de la chancelière : « Le gouvernement fédéral a obtenu des informations affirmant que le téléphone portable de la chancelière pourrait avoit été mis sur écoute par les services américains. »

Dans un scénario proche de ce qui s’est passé en France en début de semaine, l’ambassadeur des Etats-Unis à Berlin, John B. Emerson, a été convoqué au ministère des affaires étrangères allemand.

C’est inacceptable, estime la chancelière Angela Merkel qui s’en est entretenu avec Barack Obama.

« Entre des amis proches et des pays partenaires comme le sont la République fédérale d’Allemagne et les Etats-Unis depuis des décennies, une telle surveillance d’un chef de gouvernement ne peut exister. Ce serait un coup sérieux porté à la confiance (…). De telles pratiques devraient cesser immédiatement. »

De son côté, la Maison Blanche a tenté d’atténuer les soupçons de cyber-espionnage. Elle conteste que cette surveillance sur Angela Merkel s’est étalée sur plusieurs années, comme l’affirme Der Spiegel.

Tout en laissant penser de manière tacite que cela a pu se produire auparavant.

La question des dispositifs de sécurité et de communication chiffrée sur les téléphones mobiles détenus par les chef d’Etat et les plus hauts représentants étatiques revient inlassablement.

Selon le quotidien Tagesspiegel, le portable de la chancelière qui a fait l’objet d’une écoute n’était pas le modèle ultra-sécurisé embarquant le chiffrement. Mais celui dont elle dispose en tant que présidente du parti chrétien-démocrate CDU.

A l’instar de la France, l’Allemagne met en place une politique de sécurité des communications électroniques pour les membres du gouvernement.

Mais les préconisations ne sont pas toujours consciencieusement suivies, comme le suggère une note des services du Premier ministre Ayrault diffusée cet été qui ressemble davantage à un rappel à l’ordre pour les membres du gouvernement…

De son côté, l’exécutif allemand se dote également d’appareils destinés à se prémunir des tentatives d’écoutes et de hacking.

Il y a quelques mois, il a acquis une série de smartphones BlackBerry Z10 dotés d’une solution spéciale de sécurité pour les appels vocaux et le transfert de data (SecuSUITE pour BlackBerry 10).

La seule autorisée par les plus hautes autorités allemandes et validée par l’équivalent de l’agence fédérale en charge de la sécurité IT (The Bundesamt für Sicherheit in der Informationstechnik), selon BlackBerry.

Du coup, le début du Conseil européen à Bruxelles, qui doit être consacré en grande partie à l’économie numérique, a été marqué par cette polémique sur l’ampleur de ce cyber-espionnage.

Angela Merkel et François Hollande ont évoqué le sujet lors d’un entretien bilatéral. Confirmant « l’un comme l’autre le caractère inacceptable » des écoutes américaines.

Des « concertations régulières » franco-allemandes seront aménagées sur cette question.

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