Déploiement de la fibre optique : Vivendi fustige les prix trop bas pratiqués par Free

Mobilité

Un représentant de Vivendi a apostrophé Xavier Niel en accusant Free d’être responsable du retard du déploiement de la fibre optique en France.

C’est à l’occasion des 12e entretiens organisés par l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes) sur le thème Innovation, investissements et concurrence : en route vers le très haut débit, qui avait notamment pour sujet le déploiement de la fibre optique et du très haut-débit sur le territoire français, que Matthieu Coutière, employé à la direction de la stratégie et du développement chez Vivendi, a interpelé Xavier Niel, le vice-président et le directeur de la stratégie d’Iliad, la maison-mère de Free, sur la stratégie opérée par Free dans le déploiement de la fibre optique.

Ainsi, Matthieu Coutière a déclaré que la volonté de Free « de mettre en place une offre de 30 euros par mois a obligé SFR et Orange à revoir leur business model à la baisse », et que finalement « alors que tous les opérateurs se disaient près à investir dans la fibre optique », personne ne l’avait finalement fait, « même pas Free qui n’a pas les moyens d’investir ». Alors que France Télécom et SFR tablaient plutôt sur des offres de fibre optique à 60 euros par mois.

« Moyennant quoi, on en appelle aux collectivités locales pour « patcher » les zones du territoire où 30 euros par mois ne permettrait pas d’arriver à un équilibre économique viable ». Matthieu Coutière estime ainsi que peu de régions finalement pourront, à moyen terme, bénéficier de la fibre optique.

Il trouve aussi dommage que cela s’applique au réseau mobile, dans un contexte où « les réseaux 3G sont saturés » et où l’on propose une quatrième licence 3G à Free qui promet « que le consommateur gagnera de l’argent à utiliser le réseau Free ».

Le représentant de Vivendi fini par s’interroger : « Pour obtenir une équation économique plus juste, le régulateur ne devrait-il pas demander un business model et un business plan stables qui couvrent l’ensemble du territoire avant d’accorder des licences ? Ne serait-il pas mieux de penser à tous les Français avant de donner l’accès à quelques privilégiés à une technologie, en centre-ville, s’ils sont dans le bon immeuble ? »

Free serait-il un bouc émissaire ?

Xavier Niel ne s’est bien sûr pas laissé faire… Et de reformuler les propos de Vivendi. « Vous dites que sous prétexte du bénéfice du consommateur, c’est-à-dire apporter des prix qui soient bon marché, on doit critiquer la position d’un acteur qui a apporté l’ADSL à 30 euros ». Il souligne, qu’à l’époque, Cegetel avait le même type de raisonnement concernant le dégroupage, en pensant qu’avec des offres à 30 euros par mois, le déploiement du dégroupage ne serait pas possible. Résultat assez ironique, selon Xavier Niel : « La France est aujourd’hui cité en exemple dans le monde entier » concernant l’avancement du haut-débit sur son territoire.

Selon lui, on ne peut pas faire « porter la totalité du retard du déploiement de la fibre à Free ». Pourtant France Télécom a tout de même des cash flow « de l’ordre de 5 à 8 milliards d’euros » et si France Télécom ne fait pas d’investissements dans la fibre optique c’est juste « parce qu’un jour, dans une conférence de presse, Free a dit quelque chose », s’amuse Xavier Niel.

Le vice-président d’Iliad se permet de préciser que le marché des télécoms représente 40 milliards d’euros, et que Free ne totalise que 1,3 voire 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires, soit environ 3% de la totalité du marché, ce qui fait que Free n’a pas un pouvoir de coercition et une influence si importants que cela.

Et de conclure qu’avec un business model de l’ordre de 30 euros, la marge brute reste tout de même de l’ordre de 60 à 70%, ce qui permet de dire que ces offres en fibre optique restent viables.