Derrières les résultats d’Apple, des efforts à poursuivre

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Malgré le triomphalisme d’Apple, ses résultats sont en trompe-l’oeil. Alors que la gestion et la diversification montrent leurs effets, la part des ventes d’ordinateurs recule dans le chiffre d’affaires.

Très bon premier trimestre 2004 pour Apple, dont l’année fiscale commençait le 1er octobre 2003. Avec près de 2 milliards de dollars de chiffre d’affaires (1,58 milliard d’euros), la firme enregistre une progression de 36 % par rapport au même trimestre de 2003 (voir édition du 16 janvier 2003). Le bénéfice net s’élève à 63 millions de dollars (50 millions d’euros), tandis que la marge brute d’Apple – l’une des plus élevées de l’industrie – reste au même niveau, autour de 27 % du chiffre d’affaires. Derrière ces chiffres, il faut toutefois trier le bon grain de l’ivraie : avec 829 000 machines écoulées pendant le trimestre, Apple connaît exactement la même progression de 12 % que celle de l’industrie. Selon le Gartner Group, Dell a affiché sur 2003 une progression de 25,8 %, Toshiba 16,8 % et HP 12,3 %, tandis qu’Apple voyait ses ventes d’unités diminuer de 3 % (voir édition du 16 octobre 2003). Autant dire que la croissance du dernier trimestre est essentiellement un effet mécanique, qui ne traduit pas une réelle performance. Deux segments tirent les ventes de Mac : les PowerBook (195 000 machines) et les iBook (201 000 unités). Mais avec 227 000 pièces écoulées, les iMac restent à la traîne (- 30 % annuellement et -10 % séquentiellement).

Astuce logistique

Le cas des ventes de PowerMac est différent. Le G5, introduit en cours d’année (voir édition du 24 juin 2003) a contraint Apple à remplir son réseau de ventes courant 2003 pour écouler son stock au dernier trimestre. Cette astuce logistique a permis à l’entreprise de gonfler ses ventes unitaires en septembre (221 000 machines vendues), avant de rejoindre un niveau normal en décembre. Avec 206 000 PowerMac écoulés, l’augmentation est de 36 %. La purge des stocks réalisée entre juillet et septembre derniers pose toutefois des questions. Même si les entreprises clientes d’Apple n’avaient pas budgété d’achats, on aurait pu s’attendre à ce qu’elles engagent plus d’investissements de fin d’année pour profiter des effets sur leur bilan 2003. Au final, les effets de l’introduction du G5 dans les entreprises ne se feront vraiment sentir qu’en 2004. Reste que les ventes d’Apple pour cette machine se situent au-dessus des objectifs qu’elle s’était fixés.

Si l’on regarde les chiffres de près, ce sont surtout les produits du hub numérique et la révolution Mac OS X qui font progresser le chiffre d’affaires de près de 400 millions de dollars. Les ordinateurs ne rapportent finalement que 200 millions de dollars de plus qu’en 2003. En tête des produits phares, l’iPod (voir édition du 23 octobre 2001), dont les revenus augmentent de plus de 200 %. Les autres périphériques sont en croissance de 77 %, tandis que les logiciels et services progressent de 54 %. Sur ce dernier segment, c’est Panther qui occupe la place la plus importante. Dernier point : la gestion financière, responsable de presque 20 % des revenus d’Apple. Sans elle, la firme ne dégagerait plus qu’environ 50 millions de dollars de bénéfices.

De grands espoirs pour le G5

Il convient donc de tempérer l’optimisme de Fred Anderson, le directeur financier d’Apple (voir édition du 29 août 2000). Certes, l’entreprise réalise une belle remontée de ses ventes mais la croissance ne provient pas de son activité principale. De plus, le nouveau produit d’Apple, le G5, doit encore produire ses effets. L’attente est d’autant plus forte que ce PowerMac dégage la plus forte marge des gammes de la Pomme. Fred Anderson a précisé que la firme allait travailler sur plusieurs points, notamment sur le coût de composants. Reste un point positif : le léger frémissement des ventes de machines pourrait s’expliquer autant par le renouveau du dynamisme du secteur que par l’innovation d’Apple et les premiers effets du hub numérique. Il faudra donc encore attendre quelques trimestres pour savoir si les ventes des machines de la Pomme progressent réellement.