Des chercheurs se ‘serrent la main’ par Internet

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En collaboration avec une université londonienne, des chercheurs du MIT ont mis au point une interface tactile exploitable sur Internet. Pour l’expérience, deux correspondants – l’un aux Etats-Unis, l’autre en Angleterre – ont manipulé un cube virtuel. De l’intervention chirurgicale distante à la réalisation d’oeuvres plastiques virtuelles, les applications sont nombreuses et probablement encore inconnues. Mais des progrès restent à faire, notamment dans les temps de réponse du système.

Se serrer la main à 5 000 kilomètres de distance, telle est en quelque sorte l’expérience que tentent le Massachusetts Institute of Technology (MIT) et l’University College of London (UCL), les 28 et 29 octobre, à l’occasion d’une conférence sur l’Internet 2 donnée à l’University of Southern California. « A notre connaissance, c’est la première fois qu’un signal tactile est établi sur une longue distance », déclare Mandayam A. Srinivasan, directeur du projet au MIT, « particulièrement dans le cadre d’une liaison transatlantique. »

L’expérience nécessite un ordinateur et un bras robotisé, en lieu et place de la souris, que l’utilisateur peut manipuler à la manière d’un stylet. Le système provoque un retour de force que l’utilisateur ressent sous forme de pressions sur les doigts. Créé au début des années 90 au MIT, le bras articulé, baptisé Phantom, serait si précis qu’il permet à son utilisateur de distinguer le type de matière qu’il « touche » virtuellement. Ainsi, Phantom permettrait de distinguer différentes matières comme le bois, la chaire, le caoutchouc, etc. Pour générer la sensation tactile, Phantom envoie des impulsions à haute fréquence à raison de 1 000 par seconde (1 000 hertz) sur des réseaux en fibre optique à très large bande.

Un résultat impressionnant

L’expérience en elle-même consiste à manipuler un cube situé dans une pièce virtuelle reconstituée en 3D, l’écran de l’ordinateur servant évidemment d’interface de contrôle. Les utilisateurs, placés d’un côté et de l’autre de l’Atlantique, soulèvent le cube simultanément. Selon leur témoignage, ils pouvaient sentir l’action physique exercée sur le cube par le correspondant au point que l’intervenant londonien aurait eu un geste réflexe de recul au premier contact.

Aussi impressionnant que soit le résultat, des progrès restent à faire selon le directeur du projet. Notamment dans les délais de réponse qui, sur le Net, fluctuent en fonction du trafic. Au delà de ce problème inhérent au Réseau (mais que la généralisation du haut débit ou d’un futur Internet 2 pourrait résoudre), l’interface mise au point au MIT « répond » en 150 à 200 ms aux interactions de l’utilisateur, alors que le cerveau met 30 ms à transmettre ses ordres à la main. Des progrès dans l’algorithme du logiciel pilote restent donc encore à faire.

Des applications à inventer

Quant aux applications possibles, elles sont nombreuses, voire encore inconnues, estime le responsable du MIT. « En plus du son et de la vision, les programmes de réalité virtuelle pourraient inclure le toucher », déclare-t-il. Plus globalement, il fait référence aux interventions chirurgicales distantes, à des collaborations artistiques autour de sculptures virtuelles ou encore d’éventuelles expériences scolaires pour faire ressentir à une classe d’étudiants les forces qui s’exercent au coeur d’un atome, par exemple.