Difficile d’intégrer une e-marketplace !

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Charles Ganem, PDG de Canal-e, explique pourquoi l’intégration aux places de marché virtuelles s’avère complexe. Et note que ces communautés d’achats se déploient sur le Web sous l’impulsion des grandes entreprises tandis que les PME traînent les pieds pour y entrer. Coup de projecteur par le fondateur d’une société fournissant des technologies d’e-business et d’e-marketplace.

VNUnet : Quelles sont les contraintes généralement rencontrées lorsqu’on veut intégrer une place de marché virtuelle ?

Charles Ganem :Une e-marketplace est une plate-forme « Many to Many » qui fédère et gère les achats des entreprises. L’e-marketplace est supervisée par un opérateur de place de marché qui transmet les commandes et l’approvisionnement aux fournisseurs. Cet opérateur gère les règles du jeu entre les fournisseurs et leurs clients. Les membres de l’e-marketplace doivent réorganiser leurs catalogues et intégrer des contraintes propres à la place de marché. Ils le feront en mode synchrone ou asynchrone, selon leur secteur d’activité et leur métier. Par exemple, lorsqu’une entreprise du secteur médical effectue une modification dans son catalogue, elle veut que la mise à jour soit instantanément répercutée sur les différentes places de marché virtuelles auxquelles elle participe.

VNUnet : Quelles sont les entreprises qui rencontrent le plus de difficultés à entrer dans les e-marketplaces ? Pourquoi ?

Charles Ganem :De toute évidence, ce sont les petites entreprises. Les petites PME ont du mal à intégrer leur système existant dans les places de marché virtuelles. Car à l’inverse des grands comptes, leurs processus sont moins automatisés, le système d’information ne permet pas d’ouverture et ne dispose pas de système d’interfaçage qui permette d’aller très vite. C’est aujourd’hui le cas de 75 % des petites entreprises. En fait, moins de 3 % des PME sont aptes à s’interconnecter avec les e-marketplaces. C’est d’abord une préoccupation d’ordre économique : la PME a besoin d’être évangélisée.

Elle n’est pas nécessairement disposée à entrer dans le milieu. Pour se décider, cette entreprise calcule le rapport entre les coûts de développements et d’intégration et le retour sur investissement. En dessous de 50 millions de francs de chiffre d’affaires, une PME ne trouve pas rentable d’interconnecter son système d’information à une place de marché. Pour voir et gérer son catalogue dans une e-marketplace, elle optera alors pour un interfaçage et des outils de mise à jour manuels, via une interface Web ou une interface Windows Internet.

VNUnet : Quelle PME a intérêt à interfacer l’ensemble de son système d’information avec une place de marché ?

Charles Ganem :La meilleure configuration technologique repose sur un site Web d’e-business bâti autour des technologies XML et une place de marché intégrant ce standard universel comme les EDI. Ce n’est pas simple : jusqu’en 1999, le leader mondial de la fourniture de solutions d’e-commerce offrait encore des technologies qui ne permettaient pas de s’interconnecter avec les places de marché virtuelles. A moins d’effectuer des développements extrêmement coûteux. Ce n’est plus le cas aujourd’hui avec sa nouvelle offre de produits. Côté économique, une PME dont le chiffre d’affaires passe les 100 millions de francs a tout intérêt à s’interconnecter à une e-marketplace. C’est le cas de l’un de nos clients, PhoneAvenue.net, fournisseur de service et de matériel télécom, qui a intégré l’ERP existant de manière à disposer d’une information centralisée.

VNUnet : Comment une petite PME doit-elle s’y prendre pour réussir son entrée dans une e-marketplace ? Peut-elle procéder par étapes ?

Charles Ganem :Une PME qui veut mettre un pied dans une place de marché et y développer progressivement son activité peut commencer par adhérer à un site communautaire B-to-B. Cela permet de rendre visible une partie du catalogue sans payer de frais d’adhésion. Ici, le fournisseur n’est jamais en contact avec le client, et la place de marché se comporte comme une centrale d’achat. C’est le cas, par exemple, de Techdata et de Wstore. Deuxième étape ? Payez une adhésion qui donne une ouverture au marché en louant une licence de gestion de catalogue et un ensemble de services marketing complémentaires. Au delà de ces entrées en matière, l’entreprise connecte son système à la place de marché. La méthode consiste à connecter le système d’ERP au système e-business et ce dernier à l’e-marketplace. Et non à connecter directement l’ERP à la place de marché virtuelle. Une bonne plate-forme d’e-business fera le relais entre le système d’information de l’entreprise et la place de marché. C’est d’ailleurs pourquoi son ticket d’entrée est élevé… de l’ordre de 250 000 à 300 000 francs. Ainsi, les PME désireuses de se connecter aux e-marketplaces et qui disposent d’une technologie obsolète devront migrer vers des technologies plus évoluées comme le XML. C’est le cas de 3 sites sur 4 aux Etats-Unis. Et des PME françaises qui s’offrent une e-boutique à moindre coût.

VNUnet : Malgré l’emploi du XML, les e-marketplaces ne semblent pas communiquer entre elles. Pourquoi ?

Charles Ganem :Certaines solutions d’e-marketplaces ont tendance à se fermer aux concurrents en utilisant des technologies propriétaires. C’est la stratégie de la majorité des éditeurs et des opérateurs de places de marché virtuelles pour retenir leurs clients. Mais il est très facile d’ouvrir les places de marchés virtuelles et de les connecter les unes aux autres. Car toutes les solutions sont bâties autour de Java et de XML qui sont des technologies ouvertes. C’est d’autant plus facile lorsqu’elles se fondent sur un serveur d’applications Java. Ainsi, la fermeture se fait moins au niveau technologique qu’au niveau des normes d’échanges inter-entreprises. C’est pourquoi Canal-e travaille avec un organisme chargé de définir les normes d’échange au niveau mondial.

Pour en savoir plus :

* Canal-e

* Etude Input sur l’implémentation de l’e-procurement

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