Elysée 2012 : Europe Ecologie – Les Verts : « Hadopi : le running gag du mandat précédent »

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Interview de Frédéric Neau, qui gère la campagne Web d’Europe Écologie – Les Verts. Il aborde la vision de son parti sur l’économie numérique, sur une alternative Hadopi, la « green IT » et les PME innovantes.

ITespresso.fr : Quelle est la dimension « green IT » de votre programme numérique ?

Frédéric Neau : D’une part, il y a l’obsolescence programmée. La mode Apple est caricaturale pour ça : ce côté « gadget-o-phile », qui nous pousse à changer de téléphone tous les 18 mois pour avoir les dernières normes.

Ça n’est pas tant favorisé que ça par les changements technologiques, qui ne sont pas si rapides (le tactile est là depuis longtemps), mais par une volonté réelle des fabricants pour que les gens soient obligés de racheter du matériel.

Cela peut être changé facilement, notamment en jouant sur les garanties, en imposant un minimum, par exemple deux ans.

Cela devrait bien sûr être négocié, mais il faut avoir une discussion sur la durée de vie du matériel, mais aussi sur l’électroménager, sur tout ce qu’on achète.

Et bien sûr, le logiciel libre est important. A chaque nouvelle version de Windows, il faut changer de matériel. Alors que les logiciels libres ne sont pas conçus de cette manière.

L’autre grosse tendance actuelle, c’est le cloud qui a de gros avantages à priori. Elle entraîne la création de gros data centers. Les entreprises se posent du coup la question de la consommation, elles ne nous ont pas attendus. Par exemple il y a des pratiques de co-génération très intéressantes. Si un data center qui chauffe beaucoup se met à coté d’une industrie qui a besoin de chaleur pour favoriser la partage, cela crée un modèle vertueux. On voit aussi Google qui essaie de favoriser l’énergie solaire par exemple.

Des choses comme ça montrent que l’industrie numérique se pose des questions sur son impact sur son environnement. C’est important, d’autant que des études montrent que les émissions de CO2 du numérique correspondent à celles de l’aviation civile…

Le cloud pose d’autres graves questions comme protection des données privées : à qui appartiennent les données, qui y a accès, dans quelle mesure sont-elles centralisées ?

ITespresso.fr : Quel budget consacrez-vous à cette Web-campagne ? Que pensez-vous des Web campagne socialiste et UMP par rapport à la vôtre ?

Frédéric Neau : Nous y consacrons 200 000 euros, ce qui nous situe au niveau du Front de Gauche. Les très gros y mettent dix fois plus. Le PS y met deux millions d’euros, et plus encore pour l’UMP (qui ne communique pas ses chiffres). Le Modem est à 400 000 euros.

Mais, dans un débat récent à La Rochelle, tout le monde, même les observateurs, a conclu qu’entre des campagnes à 200 000 et des campagnes à 2 millions, on ne voit pas la différence.

Ça nous impressionne de voir qu’avec une équipe de 5 personnes, on fait mieux que des équipes de 40. On se demande à quoi ils passent leur temps !

Nos grands succès, ce sont les vidéos, alors que les autres en font très peu. Par exemple, hier l’UMP a publié des vidéo « d’experts » qui sont en fait très « light » qui balancent des chiffres contestables et se contentent de présenter des arguments politiques.

Je pense que c’est la grosse déception de cette campagne.

On nous avait promis du « fact checking », de la vérité, mais finalement, on est dans une campagne très politicienne, avec des arguments un peu bidons, sortis avec un aplomb dingue.

Comme quand Sarkozy affirme : « Je n’ai jamais dit ‘la France, tu l’aimes ou tu la quittes’ lors d’un débat télévisé. Et qu’aucun journaliste ne le contredit. Alors que sur Twitter, la vidéo originale a été retrouvée en quelques minutes…

A lire en complément sur Silicon.fr : Frédéric Neau, EELV : « Les politiques menées n’ont pas su favoriser l’émergence d’un tissu de PME innovantes » (30/03/12)

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