Elysée 2017 : l’affaire French Tech Night effleure Emmanuel Macron

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Une enquête préliminaire est ouverte pour « favoritisme » en lien avec une soirée French Tech du CES 2016. A l’époque, Emmanuel Macron y assistait en tant que ministre de l’Economie.

La mémoire est sélective : on se souviendra de la cuvée French Tech du CES 2016 pour la campagne présidentielle 2017.

Mardi 14 mars, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour « favoritisme, complicité et recel » à propos de l’organisation d’une soirée en l’honneur des start-up venues en délégation à Las Vegas pour participer au salon high-tech de référence en janvier 2016.

Emmanuel Macron, alors Ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique du gouvernement Valls II, vient soutenir les jeunes pousses. Chaleureusement accueilli par la communauté French Tech sur place, il participe à une session keynote dans l’enceinte du CES.

Mais une enquête du Canard Enchaîné, publiée la semaine dernière (édition du 8 mars), révèle quelques coulisses de la note associée à l’événement « French Tech Night« , organisée à Las Vegas en l’honneur d’Emmanuel Macron qui représentait sur place le gouvernement.

Une « party IT » évaluée à plus de 380 000 euros (dont 100 000 euros de frais d’hôtel pour les invités), selon les éléments révélés par le journal satirique, qui s’appuie sur un rapport de l’Inspection générale des finances (IGF).

La mise en place de l’opération événementielle, menée sous la houlette de l’étiquette French Tech et associée à la visite d’Emmanuel Macron au CES, avait été confiée à l’agence de communication Havas pour le compte de Business France.

L’agence publique en charge de la promotion des entreprises françaises à l’international a pris l’habitude de chaperonner une délégation de start-up françaises à chaque édition CES.

Mais, selon le rapport IGF cité par le Canard Enchaîné, l’événement « French Tech Night » a été organisé sans appel d’offres, « ce qui est susceptible de relever du délit de favoritisme ».

L’enquête préliminaire du parquet de Paris ne vise pas directement Emmanuel Macron ou les membres de son ancien cabinet ministériel. Mais, par ricochet, l’affaire pourrait-elle atteindre l’ambitieux homme politique, qui a quitté le gouvernement (et la fonction publique) pour se porter candidat à la présidentielle ?

Business France au centre de l’affaire

Chaque partie organise sa propre ligne de défense. L’organisme Business France reconnaît qu’elle a fait appel à l’agence Havas pour monter cette opération « French Tech Night ».

Tout en précisant que les ministres et leurs cabinets « n’interviennent pas dans les procédures d’appel d’offres et donc dans la relation contractuelle entre Business France et Havas ».

Business France exclut toute responsabilité directe de l’ex-ministre de l’Economie, qui s’est engagé dans la course à l’Elysée. Son successeur à Bercy Michel Sapin a adopté une position similaire, en écartant toute intervention d’Emmanuel Macron dans l’organisation de cette soirée. 

De son côté, le mouvement En Marche d’Emmanuel Macron a aussi réagi dans la soirée de mardi : « cette enquête ne vise pas Emmanuel Macron, ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique en fonction à l’époque, ni aucun membre de son cabinet. » Tout en poursuivant : « Business France a elle-même affirmé qu’elle était seule responsable de l’organisation de cet événement et de la communication afférente. »

Mais, dans une contribution blog en date du 8 mars, l’association Anticor, qui a vocation à lutter « contre la corruption » et à « promouvoir l’éthique politique », demandait des éclaircissements après avoir repéré cette citation de la directrice de Business France issue de l’article du Canard Enchaîné : « Le cabinet de Macron nous a demandé mi-décembre [2015] d’organiser en catastrophe la manifestation trois semaines plus tard [l’événement « French Tech Night » du 6 janvier 2016]. Le délai était intenable. »

Une assertion démentie par Business France dans sa communication officielle en date du 13 mars  : « Contrairement à ce qui a été publié, la directrice générale de Business France n’a jamais été interrogée par le Canard Enchaîné. »

La justice devra éclaircir ce point.

(Crédit photo : French Tech)

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