Eric Atlan (producteur) : « Internet est une très grande chance pour les cinéastes »

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Trois semaines après sa sortie en salle, le long métrage le Réveil des Golems poursuivra son exploitation commerciale en ligne.

Le producteur Eric Atlan va-t-il montrer la voie de l’exploitation des films sur Internet? Jeudi 19 juin, trois semaines après son exploitation en salles, sortira sur Internet le Réveil des Golems. Un long métrage d’Armand Geiger tourné en numérique et sorti le 28 mai au Publicis-Elysées, la seule salle équipée en projecteur numérique (sur les 70 en France) prête à accueillir ce « film d’auteur d’avant-garde« , dixit le communiqué. Une sortie sur Internet rapprochée qui permet au film de profiter des plans de communication mis en oeuvre pour l’exploitation en salle.

Le réseau mondial pourrait donc apparaître comme l’opération de rattrapage pour cette oeuvre à la diffusion confidentielle. « Nous aurions pu le sortir en 35 mm et l’exploiter dans un plus grand nombre de salles« , se défend Eric Atlan qui a préféré conserver le format numérique initial de l’oeuvre. « Mais je pense que pour les créateurs, mettre un film sur Internet est une très grande chance. »

Et pour cause, Internet offre un réseau de diffusion qu’aucun distributeur physique ne pourra égaler et permet aux auteurs de s’adresser directement au public. Pas question pour autant de diffuser l’oeuvre gratuitement. Et le choix technologique qu’a fait le producteur des Démons de Jésus, notamment, est une tentative audacieuse de donner un coup de pied dans la fourmilière du cinéma français. Sa société Les nouveaux producteurs associes et sa filiale de distribution The new distributors association ont opté pour la technologie Pumit du prestataire UbicMedia.

2 % du film visible

Pumit consiste à encapsuler l’oeuvre dans un format protégé tout en laissant aux ayants droit (producteurs, auteurs, diffuseurs…) le contrôle de sa monétisation. Concrètement, Pumit délivre un fichier vidéo (au format MPEG-4) de quelques mégaoctets qui ne contient que 2 % du film visible (le reste apparaît dans un brouillard nébuleux). Le fichier peut ainsi être posté sur un serveur FTP, les réseaux P2P ou simplement par mail (Eric Atlan assure que le fichier fait moins de 20 Mo). Ce qui en fait un fichier nomade protégé récupérable par tout internaute ou « spectanaute » comme s’amuse à les appeler l’initiateur du projet.

Lorsque l’utilisateur ouvre le fichier vidéo, une fenêtre l’invite à payer pour voir l’oeuvre. L’ayant droit peut décider du moment où surgit cette fenêtre. Dès le début du film ou bien au bout de quelques minutes ou juste avant la fin. « On peut imaginer une interview du réalisateur qui présente le film accessible en clair et qui s’enchaîne sur la séance payante« , illustre Eric Atlan.

Mieux, la technologie d’UbicMedia offre une souplesse qui permet de changer les règles d’exploitation dynamiquement. « Je peux faire payer pour une séance aujourd’hui et, au bout de quelques temps, autoriser jusqu’à 50 visionnages ou l’achat définitif du film« , souligne le producteur. Une souplesse qui permettrait de mieux répondre aux attentes commerciales du public.

Un genre pointu qui peut plaire aux internautes

Le Réveil des Golems sera, lui, proposé à 2,99 euros la séance unique. L’équipe a choisi Paypal comme solution de paiement. « Même si c’est cher pour nous, c’est plus sécurisé (on est sûr d’être payé) et pour le spectateur, tout en affichant une grande transparence pour les ayants droits (qui savent exactement combien paiements ont été effectués). »

Eric Atlan ne s’attarde pas sur les bénéfices attendus. Il n’en reste pas moins confiant. « C’est un film d’atmosphère, un genre pointu qui peut plaire aux internautes. » Tant mieux si le succès est là. D’autant que des sorties à l’international sont déjà programmées. « La version anglaise sort la semaine prochaine et nous avons commencé à communiqué en Angleterre, en Belgique, au Canada. »

la magie des salles obscures

Pour cette première, le producteur préfère se concentrer sur la mise en oeuvre technique. « Nous sommes plus attentifs à la partie technologique de l’opération. » D’autant que, de part cette stratégie innovante de diffusion, le film « pourrait bénéficier d’une aura dont ne bénéficieront pas forcément les suivants. »

Car il y aura une suite. Trois autres longs métrages devraient également connaître cette double carrière salle-Internet. Une tentative de faire prendre la sauce qui passera probablement par une sortie simultanée sur Internet et en salle. Dans ces conditions, pourquoi ne pas sauter l’étape de l’exploitation physique du film? « La salle est l’écrin qui donne son aura à l’oeuvre« , justifie Eric Atlan. Ah! la magie des salles obscures…