Fibre optique : France Télécom prêt à ouvrir ses fourreaux à la concurrence

Mobilité

L’accès aux fourreaux donnerait un coup de fouet au déploiement de la fibre optique à domicile. A condition que la concurrence en fasse autant.

L’annonce est de taille. Elle pourrait donner un coup de fouet au déploiement de la fibre optique à domicile (FTTH) en France. France Telecom vient d’annoncer, ce mardi 23 octobre 2007, qu’il acceptait d’ouvrir l’accès de ses fourreaux à la concurrence.

Les fourreaux sont les tubes (ou cavités) enfouis sous les trottoirs et dans lesquels courent les fibres optiques des opérateurs de télécommunication. Quand on sait que les travaux de génie civil représentent 60 à 70 % des coûts de déploiement du FTTH (selon l’Idate), on comprend combien est stratégique l’accès aux fourreaux pour amener le très haut débit chez l’habitant.

Concrètement, l’opérateur historique va présenter une offre de gros d’accès aux fourreaux d’ici la fin de l’année. Cette proposition va dans le sens de la mutualisation des équipements réseaux fibre optique préconisé par l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep) qui a lancé une consultation publique sur la problématique de l’accès aux fourreaux au début de l’été 2007. C’est dans ce cadre que France Telecom lance sa proposition. Free avait d’ailleurs porté plainte contre France Telecom à cause des problématiques d’accès aux fourreaux de l’opérateur historique.

Numéricâble et les collectivités en ligne de mire

Mais l’ouverture se doit d’être réciproque. « France Telecom propose également à l’Arcep que ces principes de saine concurrence s’appliquent aux autres propriétaires d’infrastructures nécessaires au déploiement de la fibre« . Autrement dit, que les exploitants de fourreaux et d’infrastructure permettant le passage des câbles optiques ouvrent également leurs portes à l’opérateur. Sont principalement concernés le câblo-opérateur Numéricable et certaines collectivités qui ont déployé une boucle locale optique.

Si l’intention est louable, et devrait accélérer le déploiement du réseau optique sur le territoire, il restera à la mettre en pratique. « L’idée d’ouvrir les fourreaux est une bonne idée en théorie, mais en pratique, ce n’est pas très facile à faire. Les fourreaux ont été construits pour mettre du cuivre et ils sont pleins ou partiellement pleins« , souligne Jacques Champeaux, responsable des affaires réglementaires chez France Telecom, interrogé par Reuters.

Des centaines de millions d’euros d’investissements

La fibre optique permet de construire le réseau très haut débit de nouvelle génération qui, selon l’Idate, commencera à remplacer l’ADSL dès 2010. Outre France Telecom qui investit 270 millions entre 2007 et 2009 et attend 200 000 abonnés pour la fin 2008, Free s’est engagé dans un vaste plan de déploiement avec un investissement de 1 milliard d’euros d’ici 2012 et 4 millions de foyers raccordés.

Numéricâble pourait également tirer son épingle du jeu. Le câblo-opérateur investit 800 millions d’euros entre 2006 et 2009 pour raccorder 9 millions de foyers (dont 2 millions fin 2007). Plus distant, Neuf Cegetel s’appuie sur les opérateurs Mediafibre et Erenis qu’il a racheté pour commercialiser ses offres fibre optique. L’opérateur a cependant annoncé un investissement de 300 millions d’euros pour raccorder 1 million de foyers d’ici 2009. Telecom Italia France envisage, de son côté, de tester la fibre optique. Mais aucun plan d’investissement n’a été annoncé.