Fibre optique : le torchon brûle un peu plus entre Orange et Free

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L’Arcep accuse France Telecom de bloquer le déploiement de la fibre, l’opérateur historique s’en prend à Free, le gouvernement veut aller vite.

Des accords viables pour le déploiement de la fibre optique sur le territoire français ne semblent pas près de voir le jour. Les tensions s’exacerbent aujourd’hui un peu plus entre Orange et Free. L’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep), censée jouer le rôle de médiateur, accuse France Telecom de bloquer les discussions sur les modalités de déploiement du très haut débit.

« Je m’interroge sur les raisons du blocage depuis l’été, par l’opérateur historique, des discussions sur le câblage terminal. Alors que tous les opérateurs avancent vite en sous-sol – plus de 3 millions de foyers ont la fibre dans leur rue -, ce blocage entretenu freine le branchement effectif des domiciles », a déclaré Paul Champsaur, le président de l’Arcep, dans un entretien accordé cette semaine au magazine Challenges.

Et d’ajouter : « C’est sur la partie terminale, « en vertical » (dans les immeubles), qu’il (France Télécom – ndlr) veut imposer sa solution : la pose d’une fibre unique à laquelle se raccorderaient les concurrents. Cela pourrait en handicaper certains, tel Iliad-Free qui utilise une autre technologie. Nous proposons de tester un compromis au surcoût minime et préservant la liberté des choix techniques : la pose de fibres en surnombre. »

Orange a déjà promis de tester une solution « multifibres »

Une solution « multifibres » : c’est la technique préconisée par Free dans les immeubles. C’est aussi la solution favorite de l’Arcep en octobre, en proposant aux opérateurs intéressés – notamment SFR et Orange – de signer des accords de mutualisation de type « multifibres ». Le gardien des télécoms proposait ainsi que le premier opérateur équipant un immeuble propose à ses homologues de poser des fibres supplémentaires pour leur compte sur la partie terminale.

Quelques jours après ces déclarations, SFR et Orange avaient modifié l’accord conclu en septembre dernier, concernant le mode de déploiement de la fibre optique dans certaines agglomérations françaises.

Les deux opérateurs prévoient maintenant de « mettre en oeuvre sur une zone significative et en liaison avec les autres opérateurs qui le souhaiteront, une ingénierie nouvelle prévoyant, dans les immeubles [… ], des fibres surnuméraires à destination des autres opérateurs », selon leur communiqué commun. Les emplacements évoqués sont le XVe arrondissement de Paris et une zone de province qui reste à déterminer.

Orange dénonce l’attitude de Free

Devant les accusations avancées par Paul Champsaur qui va bientôt achever son mandat de président de l’Arcep, France Telecom a publié un communiqué en renvoyant la responsabilité sur Free.

« Free a refusé jusqu’à présent les propositions d’accord qui lui ont été faites, en exigeant le déploiement systématique de la solution multifibres non encore expérimentée. [… ]  Free bloque ainsi la mise en oeuvre d’un accord général sur la mutualisation du fibrage vertical, préalable indispensable au déploiement à grande échelle de la fibre. »

Orange explique également n’avoir jamais voulu imposer sa propre solution monofibre pour contrecarrer le déploiement de ses concurrents. « Rien ne permet non plus de faire à France Telecom le procès d’intention de vouloir imposer à ses concurrents une solution de fibrage vertical ou une architecture technologique. »

Tout en poursuivant : « Il convient de rappeler à cet égard que Free a pu raccorder sans difficulté ses clients dans des immeubles fibrés par Orange selon la solution monofibre, ce qui confirme que cette solution est compatible tant avec le choix technologique d’Orange qu’avec la solution (point à point) que privilégie Free. »

Le gouvernement lance la création d’un comité de pilotage

De son côté, le gouvernement souhaite que cette guerre entre opérateurs se termine au plus vite. Selon le quotidien Les Echos, Eric Besson, le secrétaire d’Etat chargé du développement de l’économie numérique, souhaite très rapidement mettre en place un comité de pilotage du très haut débit, placé sous l’égide de l’Arcep.

Ce comité de pilotage regrouperait les quatre principaux acteurs de la fibre optique, Orange, Free, SFR et Numericable. Une première réunion est d’ores et déjà prévu ce mardi 16 décembre.

Le but annoncé est d’arriver à « fixer les règles de mutualisation de la fibre optique, claires et efficaces, pour éviter des zones de duplication des réseaux ». Le comité devra ainsi organiser des expérimentations des technologies monofibre et multifibres, dans des zones géographiques déterminées, et établir un cahier des charges pour chaque technologie testée. Les conclusions du comité de pilotage devraient être rendues le 31 mars 2009.