Financement start-up : comment bien négocier une levée de fonds

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NeuillyLab a réuni trois experts de la chaîne du financement des jeunes pousses (SIRS Business Angels, Deloitte, Equistone) et une start-up témoin : Shopmium, dirigée par Elie Curetti (1,6 million d’euros levé).

L’avis du Net-entrepreneur :

Elie Curetti, co-fondateur de Shopmium (couponing sur mobile), entreprise lauréate de Neuilly Nouveaux Médias qui vient de lever 1,6 million d’euros.

« Beaucoup de gens ont des bonnes idées mais cela ne fait pas un business », démarre d’emblée Elie Curetti, lors de son intervention.

« Les investisseurs sont relativement moutonniers. Ils détestent savoir qu’ils ont accepté un dossier alors qu’il a été refusé ailleurs. L’entrepreneur doit être extrêmement sélectif dans le choix de ses partenaires financiers. Histoire de présenter le dossier comme le Nec plus ultra de la place (…) »

« D’autant plus qu’aucun VC ne signera d’accord NDA (acronyme pour non disclosure agreement, accord de confidentialité qui empêche la transmission d’un dossier de start-up passé sur le bureau d’une société de capital-risque).

Elie Curetti multiplie les conseils vis-à-vis des start-up.

« Pour la première levée, vous allez céder 25% contre le montant que vous demandez. C’est le montant nécessaire pour vous mener au prochain jalon significatif (prototype, objectif chiffre d’affaires…). »

« En France, ce n’est pas très difficile de trouver entre 40 000 et 80 000 euros…Si vous n’avez pas fait l’effort d’inciter votre entourage à investir, vous aurez du mal à convaincre des investisseurs de votre capacité à vous engager réellement dans le projet ».

L’entrepreneur considérant que « les lois en France sont extrêmement avantageuses là-dessus. »

Elie Curetti recommande un guide des termes à négocier entre investisseurs et entrepreneurs proposé parle réseau d’amorçage SeedCamp (disponible sur Internet). « Ce sont les points essentiels à négocier. »

Le pacte d’actionnaires est très important pour le bon déroulement de la gouvernance et organiser la vie des relations entre les co-fondateurs mais aussi celles liant les entrepreneurs avec ses actionnaires.

Pour le cas de Shopmium, Elie Curreti s’est associé à Quentin de Chivré (ex-Directeur études et développement chez PriceMinister.com) et Philippe Cantet (expert dans les métiers de la grande consommation).

« Dès que l’on s’est mis en co-fondation, nous sommes allés voir un avocat pour signer un document de promesse de cession si l’un de nous partait. »

Mais il a fallu revoir rapidement cette base avec la levée de fonds réalisée fin 2011 auprès d’ISAI Gestion et d’Accel Partners.

« On a vu quatre VC et nous avons retenu les fonds ISAI [fonds français d’entrepreneurs du Net, ndlr] et Accel Partners [société de capital-risque américaine]. »

« Nous avons passé deux heures et demi chez ISAI. C’était un vrai brainstorming. Notre interlocuteur [Jean-David Chamboredon] a cherché à créer de la valeur d’emblée, au-delà de la question intrinsèque de la levée de fonds ».

Toujours plus appréciable et plus chaleureux qu’un entretien formel chez un VC qui conclut l’entretien avec la formule traditionnelle : « On vous rappelle. »

La méthode de suivi est différente entre ISAI et ACCEL.

« Je me sers d’ISAI comme grand frère, comme expert. Quand des situations nouvelles que je ne connais pas apparaissent, mais qu’ISAI a déjà sûrement rencontré, je m’adresse à eux. Ensuite, il y a l’aspect reporting. Comme ISAI nous suit de plus près, ils se limitent à quelques indicateurs. Comme Accel est moins impliqué au jour le jour, nous leur faisons un reporting très complet », nous a précisé Elie Curreti après la table ronde.

« Dans le pacte d’actionnaire, il est prévu que l’on fasse un board meeting toutes les six semaines. »

Ouriel Ohayon (Appsfire, guide des applications mobiles) et Guillaume Clavel (co-fondateur du site marchand MisterGoodDeal, revendu au groupe M6) sont entrés dans le board.

Un challenge à relever et un (petit ?) sacrifice pour l’équipe fondatrice : « On est tous au chômage, on ne se rémunère pas…cela va durer deux ans. »

Mais, au bout du compte, c’est bien l’esprit d’entreprendre et la perspective d’une success story qui stimulent la troupe.

Neuilly joue au labo de start-up
Créé en juin 2010 à l’initiative de la Ville de Neuilly-sur-Seine, NeuillyLab associe également le pôle de compétitivité Cap Digital, le  CELSA, le cabinet Deloitte, Toshiba et Microsoft. Des conférences sur les thématiques de l’entreprise et de la création d’entreprise sont programmées tout au long de l’année. Le programme Neuilly Nouveaux Medias permet à des entreprises innovantes dans le domaine des nouveaux médias d’être hébergées temporairement dans des grandes entreprises de la ville et d’y bénéficier d’un suivi personnalisé.
de gauche à droite, Guy Roulin (Neuilly Nouveaux Médias), Gonzague de Blignieres (Equistone), Elie Curetti (Shopmium), Stéphane Villard (Deloitte) ,Jean-Charles Bouillet (SIRS Business Angels) - Photo : Mairie de Neuilly

 

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