Free constate des délais de dégroupage anormalement longs

Mobilité

Selon Free, ses délais de dégroupage seraient plus longs que les moyennes publiées par France Télécom. Discrimination ou erreur de calcul ?

Se dirige-t-on vers une nouvelle confrontation entre Free et France Télécom ? La filiale Internet d’Iliad a publié, jeudi 25 août, son « indicateur de qualité des accès ADSL » dans lequel elle met en évidence les différences de délais de dégroupage entre ses résultats et les données fournies par France Télécom. Des écarts qui vont du simple au double, voire au triple dans certains cas. Par exemple, sur le mois de juillet, quand France Télécom annonce une moyenne de 2,7 jours pour livrer les lignes ADSL partiellement dégroupées, Free en compte 10,8 en ce qui le concerne. Sur le dégroupage total, l’écart se réduit : 2,4 jours du côté de France Télécom contre 5 du côté de Free. Des écarts d’un ordre de grandeur comparable sont également relevés les mois précédents à partir d’avril 2005.

« Nous publions ce que nous avons constaté réellement », explique Michael Boukobza, directeur général d’Iliad. Autrement dit, le FAI compare ses propres résultats d’obtention des lignes ADSL avec les moyennes calculées par France Télécom. Lequel intègre les résultats de tous les opérateurs « dégroupeurs », y compris ceux de Free. Du coup, si les délais constatés par Free sont bien supérieurs à ceux des moyennes calculées par France Télécom, on peut se demander s’il n’y a pas une certaine discrimination à l’égard de certains opérateurs par rapport à d’autres. « Je ne crois pas qu’il y ait des différences de traitement entre opérateurs », réfute le dirigeant. Ce que confirme un porte-parole de France, expliquant que les techniciens qui dégroupent ignorent pour qui ils le font. Difficile dans ces conditions de faire de la discrimination. Michael Boukobza avoue d’ailleurs qu’il n’a aucune idée de l’origine de ces différences.

Comprendre l’origine du problème

Celles-ci proviennent peut-être de modes de calcul différents selon les uns et les autres. Comment Free effectue-t-il ses calculs ? France Télécom l’ignore. Le FAI alternatif indique qu’il compte le nombre de jours entre le moment où il fait parvenir « sous forme électronique » les commandes de dégroupage à son fournisseur et le moment où celui-ci indique avoir honoré la commande. De son côté, France Télécom s’appuie sur près d’une centaine d’indicateurs de mesure validés par l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep) et qui ont été présentés aux opérateurs alternatifs (voir édition du 3 juin 2005). « Les résultats sont auditables par l’Arcep ou quiconque le désire », ajoute le représentant de l’opérateur historique.

Plutôt que d’entrer dans une polémique, France Télécom déclare vouloir chercher à comprendre l’origine du problème. « Nous allons contacter Free pour les rencontrer afin de voir ensemble la façon dont ils mesurent les délais et tenter de vérifier l’origine des écarts », avance le porte-parole. Celui-ci s’interroge cependant sur les motivations de la filiale d’Iliad alors que les concurrents ne réagissent pas. « Nous exploitons ces résultats en interne », précise-t-on du côté du service de presse de Neuf Cegetel (fusion de Neuf Télécom et Cegetel, voir édition du 16 août 2005). On ne saura donc pas si des écarts comparables à ceux de Free existent également chez l’opérateur.

Au delà de cette affaire, les acteurs reconnaissent que les procédures de dégroupage s’améliorent au fil du temps. « Même si on va clairement dans le sens de l’amélioration, je pense qu’il y a encore des efforts à faire », estime Michael Boukobza, « France Télécom ne répond pas encore aux exigences de l’Arcep. » Rappelons que, contractuellement, l’opérateur historique est tenu de livrer ses clients dans les 7 jours ouvrés. France Télécom estime atteindre cet objectif à hauteur de 95 % environ.