Gartner déclare ouverte la chasse à la souris

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La plupart des ordinateurs et autres appareils high-tech auront adopté des interfaces tactiles ou visuelles d’ici cinq ans. Entretien avec un expert IT.

Le mulot ! C’est ainsi que, dans Les Guignols de l’Info, l’émission satyrique de Canal Plus, la marionnette de Chirac désigne la souris d’un ordinateur. Il y a de fortes chances pour que dans quelques années, cette caricature ne fasse plus rire personne. Les souris auront en effet sans doute disparu de nos vie… Au moins, les souris électroniques.

C’est ce qui ressort, en tout cas, d’une étude du Gartner group. Dans un rapport intitulé Gestural Computing: The End of the Mouse (« L’informatique gestuelle : la fin de la souris »), Stephen Prentice, analyste pour la branche britannique de Gartner, prédit que dans cinq ans environ, beaucoup d’ordinateurs et d’appareils multimédia (téléphones, consoles de jeux… ) seront commandés par des interfaces tactiles ou visuelles.

« De plus en plus de constructeurs développent des applications qui vont dans ce sens, explique Stephen Prentice. C’est une tendance, très nette, qui se dégage de tous les salons high-tech et électronique grand public auxquels j’ai assisté depuis quelques mois. »

L’expert cite comme exemple l’iPhone d’Apple et son écran tactile révolutionnaire, la manette de la console Wii de Nintendo, mais aussi les camescopes Sony qui prennent une photo à chaque fois qu’une personne filmée sourit ! Ou encore le Surface Computer, dont Bill Gates s’est servi en janvier dernier, lors du salon Consumer Electronic Show (CES) à Las Vegas.

Le sort de la souris est scellé, selon Gartner

Autant d’innovations qui montrent la percée des matériaux et des logiciels désormais capables d’analyser en direct les images ou de transmettre et d’interpréter plusieurs effleurements en même temps (le fameux multitouch).

L’interface graphique « de grand-père », inventée au Xerox Parc (Palo Alto Research Center) en Californie dans les années soixante-dix et popularisée par Apple au début des années quatre-vingt (avec le Lisa et sa souris), semble bel et bien avoir du plomb dans l’aile.

Pour Stephen Prentice, le clavier devrait cependant survivre à cette révolution. « Vous aurez toujours besoin d’un clavier pour entrer physiquement des données dans l’ordinateur,estime-t-il. Mais il n’est pas impossible qu’un jour ce clavier devienne virtuel. »

Mais, en revanche, le sort de la souris semble définitivement scellé. « La souris n’est pas facile à utiliser, remarque-t-il. Pour la manier, il faut absolument une surface plane et dégagée. Ce qui n’est pas toujours facile à trouver, surtout lorsqu’on est en situation de mobilité. »

Le grand public ouvrira le bal

Paradoxalement, les entreprises, qui ont été les locomotives des révolutions informatiques précédentes, devraient être à la traîne pour celle-ci. « Elles auront besoin pendant encore longtemps d’applications à base de tableaux de chiffres, poursuit-il. Là, la souris sera peut-être plus longue à disparaître. »

Mais pour tout ce qui est téléphone et multimédia (bref, les applications domestiques), les interfaces tactiles et visuelles devraient séduire en masse le grand public. Par exemple, nous pourrons trier, retourner ou retoucher nos photos beaucoup plus facilement, en les effleurant ou en les montrant du doigts.

Ces deux types d’interfaces devraient d’ailleurs se côtoyer. « Pour les grands écrans, les interfaces visuelles seront prépondérantes, précise-t-il. En effet, l’utilisateur est souvent éloigné d’un grand écran. Dans ce cas, il suffira de bouger les doigts ou la main devant l’écran pour que les caméras qui l’équiperont comprennent nos ordres. En revanche, pour les petits écrans, comme les ordinateurs portables ou les téléphones, l’interface tactile sera certainement privilégiée. »

Grâce à ces nouvelles interfaces, de nouvelles applications verront vraisemblablement le jour. « De nouveaux lieux de socialisation, à la frontière des jeux et des mondes virtuels feront leur apparition », détaille Stephen Prentice.

Pour l’analyste de Gartner, ces interfaces s’inscrivent dans un mouvement de fond beaucoup plus large. « L’informatique tend à devenir toujours plus conviviale, plus simple à utiliser et moins chère », résume-t-il. Tout simplement !