IBM : en avant toute dans la verticalisation

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Pour IBM, c’en est fini des logiciels génériques, censés répondre aux besoins de tout type d’entreprise. L’éditeur va verticaliser son offre de logiciels d’infrastructure et doter ses forces commerciales d’une expertise métier.

Durant toute l’année 2004, IBM va se lancer dans une vaste refonte, tant technologique que commerciale, de son offre logicielle. Elle consistera principalement en une verticalisation de cette offre afin de répondre aux besoins spécifiques d’une douzaine de secteurs d’activité : assurance, banque, services financiers, automobile, distribution, télécommunication, électronique, santé, administration et science du vivant… L’objectif est évidemment de stimuler cette activité, dont les ventes, qui ont été l’an dernier de l’ordre de 13,1 milliards de dollars, ont tendance à stagner. Selon IBM lui-même, cette inflexion stratégique est la plus importante depuis sa décision en 1999 de quitter le marché des applications et de se recentrer sur celui des logiciels d’infrastructure. Notons que l’éditeur commercialise déjà depuis quelques mois des versions verticalisées de son serveur d’applications WebSphere. Rappelons d’autre part qu’IBM Global Services, la branche services d’IBM, est elle-même structurée par secteur industriel. Bref, ce sont peu à peu toutes les facettes de l’activité d’IBM qui sont gagnées par ce processus de verticalisation. Mais revenons à la réorganisation de la division Logiciels. D’ici à la fin 2004, IBM prévoit que plus de la moitié de ses forces commerciales, qui comptent au total 13 000 personnes, aura acquis une expertise métier, en plus de la formation technique de base aux produits. Parallèlement, quelque 20 000 ingénieurs seront mobilisés afin de développer les déclinaisons par secteur d’activité de ses logiciels d’infrastructure. Cette réaffectation des forces vives de l’éditeur amène toutefois à se demander si la verticalisation ne s’opérera pas au détriment des évolutions techniques du coeur de ses logiciels.

Une tendance générale à l’industrie logicielle

Cette stratégie comprend un autre volet, consistant à accroître les sommes investies dans les actuels programmes de partenariat avec les ISV (independent software vendors), afin de les inciter, eux également, à verticaliser leurs produits ou en tout cas à les coupler avec les versions verticalisées des logiciels d’infrastructure d’IBM. Enfin, la communication et la stratégie publicitaire se verront également modifiées de façon à promouvoir moins telle ou telle des cinq marques composant l’offre logicielle d’IBM (Websphere, la base de données DB2, les outils de développement Rational, la plate-forme d’administration Tivoli et les logiciels collaboratifs Lotus) que des « packages » combinant plusieurs logiciels et répondant aux attentes d’un secteur d’activité donné. Observons que cette évolution n’a rien de spécifique à IBM. Déjà les éditeurs d’applications de gestion (PGI, GRC…) ont procédé à une telle spécialisation de leur offre, de façon à réduire les coûts d’intégration. Dans le domaine de l’intégration applicative, cette approche est également à l’oeuvre (voir édition du 5 décembre 2002). Il est clair néanmoins que l’engagement dans cette voie d’un acteur aussi puissant qu’IBM aura comme effet d’accentuer ce phénomène de différenciation de l’informatique.