Infocast : quand le PC devient magnétoscope satellite

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Dès la mi-novembre, le paysage audiovisuel et Internet devrait s’enrichir, en France, d’un nouveau service de diffusion de contenus par satellite. A la différence du satellite qui émet pour les décodeurs TV, InfoCast diffusera pour les ordinateurs équipés de « modem-satellite ». Au programme : un bouquet de chaînes au format MPEG-4, des programmes radio et un ensemble de sites Web. Seul inconvénient, la voie de retour Internet emprunte le chemin terrestre et ses « lenteurs ». Mais l’offre hybride d’InfoCast préfigure peut-être l’Internet ludique de demain.

InfoCast, tel est le nom d’un nouveau bouquet de chaînes diffusées par satellite qui devrait faire ses premiers pas à la mi-novembre. Un concurrent de Canal Satellite et de TPS ? Pas tout à fait. Développé par AT-Sky en partenariat avec SES Multimédia (filiale de SES, la société qui exploite la flotte de satellites Astra), InfoCast diffusera ses programmes audiovisuels non pas en direction des décodeurs et écrans de télévision, mais à destination des ordinateurs. Autrement dit, InfoCast est un concept de TV Web à haut débit. L’offre d’AT-Sky se compose d’un « modem-satellite » à brancher sur le port USB de la plate-forme informatique. Baptisé SkyPilot, le récepteur accompagné du logiciel de sélection des programmes sera commercialisé à 990 francs (soit le prix d’un modem ADSL USB actuel) auxquels il faut ajouter le prix d’une parabole à orienter sur le satellite Astra. Parabole dont 2,7 millions de foyers français sont déjà équipés, comme les abonnés à Canal Satellite. Le reste est entièrement gratuit puisque, à la manière des décodeurs satellites indépendants de tout service diffuseur, aucun abonnement n’est à souscrire. Et InfoCast devrait échapper à la redevance dans un premier temps.

« L’ordinateur est beaucoup plus souple que le décodeur et offre donc plus de possibilités », justifie Jean-Yves Le Roux, président et fondateur d’AT-Sky. A commencer par les propriétés de compression/décompression que supportent les technologies informatiques. A partir d’un flux descendant de 9 Mbits/s (soit 17 fois plus rapide que l’ADSL grand public), InfoCast offrira une qualité broadcast. Les images et les sons seront diffusés en format MPEG-4. Mais à la différence de la diffusion en continu pour laquelle il faut visionner (ou enregistrer) au moment de l’émission du signal, InfoCast permettra de sélectionner les programmes à enregistrer sur le disque dur de l’ordinateur, ce dernier ne nécessitant aucune présence humaine du moment qu’il reste allumé. Ensuite, l’utilisateur consomme les programmes enregistrés en mode off-line. « Nous diffuserons environ l’équivalent de 20 Go de données quotidiennes », précise le fondateur. Un minimum de 4 à 5 Go d’espace libre sur le disque dur est à prévoir, sachant que le système gère automatiquement la réécriture des données.

Une solution hybride

Côté contenus, InfoCast sera lancé avec l’offre Astra. Soit 75 chaînes de télévision en clair (dont TV5, AB Moteurs, Arte, la 5ème…) et autant de radios en stéréo (dont FIP, France Musique, Fun Radio, BFM, NRJ, Europe 1, etc.). A terme, ce sont plus de 250 chaînes (gratuites ou non, dont des télévisions régionales sans oublier les attractives chaînes de « charme ») et 300 radios que diffusera InfoCast. En revanche, AT-Sky ne revendique pas une position de fournisseur d’accès Internet même si 250 sites Web, francophones principalement, accompagneront l’offre de lancement. Répartis autour de 20 thèmes, ces sites seront, comme les programmes TV, stockés sur le disque dur de l’utilisateur (« on préfère parler de ‘connecté' », souligne Jean-Yves Le Roux) qui pourra les consulter off-line. En revanche, les requêtes auprès des serveurs Web, comme une commande en ligne par exemple, se feront par voie « normale », c’est-à-dire avec une connexion terrestre, soit ADSL ou câble, soit via la ligne téléphonique. L’abonnement auprès d’un FAI conventionnel se révèle donc indispensable.

Techniquement, cette solution hybride entre la diffusion télévisée traditionnelle et la consultation immédiate du Web offre la plate-forme idéale pour les diffuseurs de vidéo à la demande comme Liberafilms ou Moviesystem. Une qualité de diffusion garantie associée à une solution de paiement sécurisé possible à partir d’un lecteur de carte à puce intégré au modem-satellite sont deux atouts qui devraient séduire les diffuseurs. Sans compter que « les coûts de diffusion sont divisés par huit par rapport à une diffusion satellite en MPEG-2 », précise Jean-Yves Le Roux, « sur InfoCast, 1 heure de programme par jour revient à 65 000 francs à l’année contre 5 millions de francs pour une diffusion en MPEG-2 ». Reste à savoir si le public suivra. Pour le moment réservé aux plates-formes Windows (98/Me/2000 et XP), AT-Sky, dont une partie du chiffre d’affaires reposera sur la vente des SkyPilot, attend 100 000 « connectés » avant fin 2002 et 500 000 pour 2003. Jean-Yves Le Roux ne cache pas ses ambitions internationales et compte s’attaquer ensuite au reste de l’Europe mais aussi aux marchés chinois et moyen-orientaux. InfoCast pourrait bien préfigurer l’Internet du divertissement après lequel courent (de moins en moins, certes) de nombreux acteurs des nouvelles technologies.