Intel lance sa première puce WiMax

Mobilité

Intel Pro Wireless 5116 permet de communiquer sans fil à haut débit sur plusieurs dizaines de kilomètres.

Le WiMax deviendra-t-il aussi populaire que le Wi-Fi? C’est en tout cas l’ambition d’Intel qui présente, à travers une annonce mondiale, sa première puce capable de traiter les signaux WiMax. En offrant une bande passante de plusieurs mégabits sur des dizaines de kilomètres, le WiMax est considéré comme l’ADSL du Wi-Fi, lequel reste cantonné à 54 Mbit/s théoriques sur quelques centaines de mètres. Dans ce cadre, le WiMax est souvent mis en avant comme une technologie de boucle locale exploitée pour désenclaver les zones rurales et apporter le haut débit aux entreprises et particuliers qui en sont dépourvus de par leur situation géographique. C’est en tout cas la stratégie d’Altitude Télécom, seul opérateur à détenir en France une licence d’exploitation nationale du WiMax à titre d’expérimentation (voir édition du 5 avril 2005).

Le composant Intel Pro Wireless 5116, jusqu’alors plus connu sous le nom de code Rosedale (voir édition du 8 septembre 2004), répond à la norme 802.16d (ou 802.16-2004) défini par l’IEEE (Institute of Electrical and Electronics Engineers). Laquelle s’appuie sur l’exploitation de bande de fréquence 2-11 GHz et avance des débits de point à point (entre deux antennes) de 70 Mbits/s sur une cinquantaine de kilomètres. En pratique, on est plus proche des 20 Mbit/s dans un rayon de 30 kilomètres. Avec la version 802.11e, en cours de normalisation, le WiMax apportera la mobilité avec l’ajout du roaming (la connexion est maintenue entre les différentes cellules du réseau). La deuxième génération de Rosedale intégrera cette spécificité en 2006.

Destinée tant aux équipementiers télécoms et réseaux qu’aux constructeurs informatiques (d’ordinateurs portables, notamment), Rosedale est commercialisée 47 dollars par lot de mille. C’est un pari important pour Intel qui a investi énormément les marchés sans fil ces dernières années. Porté par le succès du Centrino, l’entreprise de Santa Clara espère prolonger l’opération avec Rosedale (qui, à terme, pourrait bien être intégrée à la plate-forme Centrino). Et Intel dispose pour cela de plusieurs atouts. D’abord, la norme est internationale. « Les produits Wimax Intel présenteront l’avantage de fonctionner partout dans le monde », résume Guy Bouguet, directeur du développement du Wimax chez Intel.

Ensuite, le fondeur a multiplié les partenariats et travaille avec 75 opérateurs dans le monde (British Telecom, Altitude Télécom, Telecom South Africa…) et 12 équipementiers (Alvarion, Siemens, AirSpan…). Des soutiens de poids quand on sait que le déploiement de la technologie passe forcément par l’adoption des acteurs qui la mettent en oeuvre. D’autant qu’Intel a décidé de leur donner un coup de pouce. En proposant une puce WiMax qui s’intègre aux ordinateurs portables, Intel espère accélérer l’adoption de la technologie sans fil directement auprès des utilisateurs finaux. « C’est un coût nul pour les équipementiers qui n’ont donc pas à équiper les postes clients », rappelle Guy Bouguet. Intel espère voir fonctionner les premiers réseaux WiMax pour la fin du troisième trimestre 2005.

Standardisation, économie sur les coûts d’équipement, adoption par nombre d’opérateurs, technologie prometteuse… le Wimax a tout pour s’imposer sur le papier. Il n’en reste pas moins que, en France du moins, le WiMax vient concurrencer la 3G. Et aucun opérateur de téléphonie mobile n’a pour l’heure daigné s’intéresser à la technologie en question, préférant probablement tenter de rentabiliser les milliards investis en licences et réseaux pour déployer l’UMTS. Lequel délivre, comme le GSM, un moyen de communication national alors que le WiMax se cantonnera dans un premier temps à quelques régions. Il restera à prouver que le déploiement d’une technologie dans des zones peu denses trouvera un modèle économique viable.