Interview Serge Masliah – Sage France : « Vie pro et perso : comment l’entrepreneur s’adapte »

CloudData-stockageGestion des talentsManagement
serge-masliah-sage-salon-entrepreneurs-2016

Salon des Entrepreneurs : Serge Masliah, Directeur général de Sage France, aborde les leviers en faveur de l’entrepreneuriat et de l’emploi.

Ressortir l’enquête « Economy after hours » de Sage (réalisée fin 2015*) a du sens alors que le Salon des Entrepreneurs de Paris s’est déroulé la semaine dernière.

Elle confirme que les barrières entre vie pro et vie perso des chefs d’entreprise tendent à se dissoudre.

Parmi les enseignements principaux de l’étude, on peut citer que 72% des entrepreneurs français interrogés jugent utile de fournir des efforts supplémentaires.

En travaillant au-delà des horaires réguliers de leur secteur pour accroître la profitabilité de leur entreprise (le taux « monde » est de 66%)

En cas de congés d’une semaine, 12% des entrepreneurs  consacrent 20 heures ou plus à leur travail (contre 8% dans le monde).

En se limitant aux horaires réguliers de travail, 30% des entrepreneurs n’ont pas le temps de réfléchir à de nouveaux projets ou des innovations produits (32% dans le monde).

Tandis que 27% d’entre eux négligent les tâches administratives (contre 30% dans le monde).

Sur le stand Sage du Salon des Entrepreneurs de Paris, Serge Masliah, Directeur général de Sage France, aborde les leviers de l’éditeur exploités en faveur de l’entrepreneuriat.

(Interview réalisée le 3 février 2016)

ITespresso.fr : Comment Sage s’inscrit dans le cycle de l’entrepreneuriat ?

Serge Masliah : Qui dit entrepreneur ou start-upper, dit création d’entreprise. Le rôle de Sage, c’est d’accompagner et d’amplifier ce mouvement.

19 millions de Français voudraient créer une entreprise. Cette démarche a été facilitée par la création du statut d’auto-entrepreneur. Il faut cinq jours pour créer une entreprise en France. Contre 21 jours en moyenne en Europe.

C’est une vraie dynamique de l’entrepreneuriat renforcée par la French Tech et l’expertise en ingénierie au niveau national. On a observé 140 000 créations d’entreprises en 2015 avec un moindre taux de défaillance sur les TPE-PME.

ITespresso.fr : Comment captez-vous l’attention de ce segment de « primo-entrepreneurs » ?

Serge Masliah : Nous captons ce « white space » c’est-à-dire de segment de marché au sein duquel les entrepreneurs ne disposent pas d’outils de gestion. Le premier vrai concurrent des éditeurs de solutions de gestion reste les outils de bureautiques et de traitement de texte.

Avec l’essor du cloud, il existe une vraie demande de solutions online, qui est couplée avec une mâturité des offres. C’est le cas de notre solution Sage One. 10 000 entrepreneurs français utilisent cette solution. On évoque plusieurs centaines de milliers d’utilisateurs au niveau mondial.

Nous avons signé un partenariat avec l’Union des Auto-Entrepreneurs présidée par François Hurel pour simplifier l’accès à l’information. Nous mettons à la disposition des adhérents le PASS UAE, qui constitue un programme d’accompagnement.

Il inclut un accès privilégié à notre gamme de services avec deux offres : la première que l’on pourrait synthétiser par « un euro pendant un an » et une deuxième qui est conditionnée par le niveau de facturation. En trois mois, 500 auto-entrepreneurs ont adopté Sage One à travers ce PASS.

ITespresso.fr : Fin 2015, Sage a publié une étude « After hours economy » sur les conditions de travail des entrepreneurs : les barrières entre vie pro et vie privée s’estompent. Quelles sont les conséquences ?

Serge Masliah: Au-delà du CAC 40 et du SBF 120, le vivier des entreprises comportent entre 10 et 20 salariés. Le temps professionnel de ces chefs d’entreprise est élastique. Ils doivent travailler au-delà des heures légales mais en trouvant des solutions fluides. Le monde professionnel empiète sur la vie personnelle.

Avec cette confusion des limites, il faut donc s’adapter en souplesse. Aujourd’hui, au sein de Sage, les collaborateurs de Sage peuvent effectuer du télétravail à hauteur de 6% de leur temps de travail.

C’est dans l’air. Je pense que les abaques de temps, d’espace et par extrapolation d’emploi ne sont plus les mêmes que ceux que l’on a connus par le passé. Le temps de travail n’est plus le temps passé au bureau. L’espace de travail n’est plus l’espace du bureau. Les salariés et les patrons travaillent de chez eux.

ITespresso.fr : C’est un changement structurel du marché du travail que vous observez ?

Serge Masliah : Tout d’abord, il faut souligner les bonnes nouvelles conjoncturelles en France : la croissance du Produit intérieur brut (PIB) a atteint 1,1% en France en 2015, le taux de marge des entreprises n’a jamais été aussi important, baisse du coût de l’énergie, le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) [avantage fiscal pour les entreprises qui équivaut à une baisse des charges sociales sur les salariés, ndlr], faiblesse de l’euro par rapport au dollar…Tout cela augmente la capacité d’investir. Je ne pense pas que la situation soit plus difficile qu’en 2008.

Maintenant, le vrai problème par rapport à nos voisins, c’est le volet emploi à dynamiser. Il faut intégrer l’emploi et l’activité dans la reprise économique ou le semblant de reprise économique que nous constatons. Nos voisins britanniques viennent d’annoncer un taux de chômage réduit à 5,1%, ce qui est exceptionnel.

ITespresso.fr : Pourquoi ça cale en France ?

Serge Masliah : Nous le savons tous désormais. Le code du travail apporte plus de contraintes pour l’emploi en France qu’il n’apporte de solutions. C’est un millefeuille en l’état actuel et il faut l’assouplir.

Le problème en France vient du fait que nous avons fait du progrès social une icône. Même si nous sommes conscients qu’il est essentiel de défendre le salarié, regardons ce qui se passe sur les marchés anglo-saxons sans tomber dans l’ultra-libéralisme et penchons-nous sur le poids des syndicats en entreprise. Il faut permettre aux entreprises d’embaucher fortement quand elles ont une activité sans avoir la crainte de la rupture.

Le principal indicateur pour une entreprise, c’est le carnet de commandes. Pas la prime à l’embauche. Au-delà de l’effet d’aubaine [sous l’impulsion du plan gouvernemental pour l’emploi dévoilé début janvier, ndlr], les entreprises ont besoin de souplesse.

ITespresso.fr : Quel est le plan de Sage France en termes de recrutement en 2016 ?

Serge Masliah : Nous observons actuellement une très forte demande d’intégration dans les systèmes d’information associée à nos offres haut de gamme X3 (visant les moyennes et grandes entreprises).

Cette année, nous allons recruter 100 techniciens pour renforcer l’écosystème Sage en interne et en externe. En termes de support, nous continuons les efforts car nous avons 300 000 clients abonnés qui nous contactent.

Au-delà de l’utilisation des produits, nous devons répondre aux calendriers légal, fiscal et social. Nous avons besoin aussi de compétences à ce niveau-là pour accompagner les entreprises sans prendre la place des experts-comptables.

Sage France dispose actuellement d’un effectif de 2000 personnes.

Méthodologie : enquête « Economy after hours » de Sage
L’étude a été menée dans 11 pays auprès de 2621 entreprises de moins de 100 employés. Un échantillon de 241 entreprises françaises a participé à cette étude. Les interviews ont été conduites en ligne par Redshift Research en novembre 2015 par le biais d’une invitation par mail et une étude en ligne.

 

(Crédit photo : NetMediaEurope – 2016)

Lire aussi :

Lire la biographie de l´auteur  Masquer la biographie de l´auteur