JC Lagarde (député) : « Google Street View livre en pâture des vues à la curiosité publique »
Interview du député Nouveau Centre et maire de Drancy qui a déposé une proposition de loi pour « restreindre les immixtions des moteurs dans la vie privée ». Google est clairement visé.
lJean-Christophe Lagarde, député (Nouveau Centre) et maire de Drancy (Seine-Saint-Denis), est à l’origine d’une proposition de loi pour mieux encadrer la diffusion et la suppression d’images sur les services de visite virtuelle de villes (Google Street View, Bing Maps…).
Pour ITespresso.fr, il revient sur ce qui l’a poussé à déposer ce projet qui pourrait être débattu à l’Assemblée début 2010 s’il trouve un écho parmi les députés.
Jean-Christophe Lagarde déclare notamment que ces services peuvent porter préjudice à la vie privée des citoyens et refuse tout « flicage »…
(Entretien téléphonique réalisé le 01/12/2009)
ITespresso.fr: Qu’est-ce-qui vous a poussé à déposer ce projet de loi ?
JC Lagarde : Le respect de la vie privée. Je ne vois pas au nom de quoi on peut rendre accessible sur la Toile le lieu de vie de telle ou telle personne, et qui parfois ne se voit même pas de la rue. Je ne vois pas pourquoi le monde entier devrait savoir quelle voiture vous possédez, comment vous avez aménagé votre cour intérieure, quels sont vos goûts et vos choix… je ne vois pas au nom de quoi on se permet cela sans demander l’autorisation de la personne.
ITespresso.fr : A l’avenir, vous souhaitez donc que Google demandent des autorisations individuelles ?
JC Lagarde : A l’avenir et pour le passé aussi. Parce que si la proposition de loi était adoptée, tout citoyen pourrait se plaindre : il n’a rien demandé et pourtant on montre le lieu où il vit. Le système est pervers : il peut même amener à une forme de discrimination.
ITespresso.fr : Qu’entendez-vous par discrimination ?
JC Lagarde : Je trouve que c’est une intrusion dans votre vie privée qui peut donner lieu à des débordements. Vous savez bien que désormais, les employeurs « googlisent » le nom d’un employé. Désormais, il peut le « street googliser » et aller voir le type de logement qu’une personne habite ou le type de voiture qu’elle possède… En quoi cela le regarde ? Tout cela commence à être franchement excessif. Bien entendu, les gens ont le droit d’autoriser cette diffusion mais on n’a pas le droit de l’imposer. Et c’est ce que Google est en train de faire.
ITespresso.fr : N’est-ce pas plutôt lié à la gestion de son identité numérique ?
JC Lagarde : Non. Je vais vous donner un autre exemple. En droit de l’urbanisme, l’inspecteur d’urbanisme doit être en mesure d’effectuer un contrôle des constructions sur une parcelle donnée depuis l’extérieur du-dit site. Dans ce cas présent, grâce à des outils comme Google Street View, il y a un formidable outil de droit fiscal et d’urbanisme pour aller regarder ce que vous faîtes chez vous. C’est un objet de flicage, cela devient Big Brother.
(lire la fin de l’interview page 2)