Interview Jérôme STIOUI : « Accengage est au cœur de la relation client »

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Jerome Stioui

Co-fondateur de la Mobile First Alliance, Jérôme Stioui se consacre désormais au développement d’Accengage, une application de Mobile CRM qui affiche une forte croissance.

JB – Pourquoi avoir réorganisé votre groupe ?

JS – Nous étions déjà sortis du métier de régie publicitaire et nous avons poursuivi notre recentrage autour de 3 métiers : d’une part la problématique d’acquisition, adressée par Ad4Screen, une agence média mobile disposant de son propre trading desk et pouvant réaliser des campagnes à la performance ou de notoriété ; d’autre part la conversion et la fidélisation, avec Relatia, qui accompagne ses clients sur la relation client digitale, la fidélisation, le datamining et les programmes relationnels ; et enfin Accengage, qui est un logiciel de Mobile CRM disponible en Mode SaaS et piloté soit par l’annonceur directement, soit par son agence. BeMyApp ou SystèmePolaire sont par contre sorties du groupe et ne constituent désormais plus que des participations minoritaires de la holding, en cours de cession.

 

JB – Quelle est la valeur ajoutée d’Accengage ?

JS – L’ambition d’Accengage est de proposer aux développeurs d’applications les technologies les plus avancées en matière de relation client, mais également d’exploiter un canal spécifique aux apps : les push notifications. Une application m-commerce peut ainsi exploiter notre technologie pour dialoguer avec le mobinaute, lui proposer en temps réel les meilleures recommandations ou des coupons de réductions. Quand l’application est fermée, nous pouvons relancer un client qui aurait abandonné son panier sans le finaliser voire pratiquer une forme de reciblage au travers d’une notification, en exploitant le texte mais également l’image. Accengage permet d’améliorer les taux de conversion des annonceurs (souvent faibles sur smartphone) en proposant d’afficher des offres personnalisées et ciblées en temps réel lorsque le mobinaute est en train d’utiliser application de l’annonceur. Cela prend la forme de messages dits « in-app » (cartouche texte, bannière image ou texte, interstitiel…).

 

JB – Quel est le business model de cette solution ?

JS – Nous avons des frais de « set-up », de quelques milliers d’euros, et qui incluent la mise en place du logiciel dans le code de l’application (SDK), son branchement sur le système d’information du client et une formation de ses équipes. Ensuite nous facturons l’utilisation du logiciel avec différents plans, de plusieurs centaines d’euros à plusieurs dizaines de milliers d’euros par mois, en fonction du nombre d’utilisateurs de l’application mobile et des fonctionnalités Accengage choisies par l’annonceur. . Dans tous les cas, l’annonceur ne paye jamais à l’envoi/affichage de message : la diffusion est illimitée.

Le forfait le plus avancé permet par exemple de bénéficier de tous nos formats, de scénarios métiers sophistiqués,  d’un fonctionnement application ouverte ou fermée et de fonctionnalitées plus avancées comme le geofencing, permettant par exemple de notifier un mobinaute se situant à proximité d’une boutique (par localisation beacon ou GPS).

C’est vraiment une solution « industrielle », pouvant envoyer des centaines de millions de notifications en une heure. L’un de nos clients a par exemple été surpris car son serveur a du faire face à un pic de charge d’un million de clics en moins de 5 minutes. Il ne s’attendait pas à ce que ce levier soit déjà aussi puissant !

 

JB – Est-ce qu’Accengage court circuite les applications CRM de vos clients ?

JS – Non pas du tout, nous avons conçu une brique de Mobile CRM, et elle s’insère dans l’écosystème digital et CRM existant. Les agences ont compris qu’elles pouvaient apporter beaucoup de valeur à leurs clients en distribuant notre logiciel, en gérant le conseil en scénarios marketing, la rédaction des messages, l’analyse et l’optimisation des campagnes… . Nous travaillons par ailleurs étroitement avec de grands noms des logiciels  CRM tels que Selligent, Unica (IBM) ou Neolane (Adobe), pour interconnecter les données mobile et non-mobile.

C’est un modèle très simple et qui a déjà séduit les principaux e-commerçants français, de nombreuses banques et de grands acteurs du e-tourisme. Nous avons eu également la chance de séduire le groupe Rocket Internet ou plus récemment Disney Europe et KLM, ce qui nous ouvre de nouvelles perspectives à l’international.

 

JB – Pourquoi avoir réalisé une levée de fonds à l’automne dernier ?

JS – Précisément pour accélérer à l’international. Accencage est déjà un gros succès en France et nous comptons nous imposer sur d’autres marchés en zone EMEA et dans les pays émergents comme l’Asie ou l’Inde.

Maintenant que la séparation est claire entre nos métiers, Accencage dispose de 300 clients, de ses propres locaux, d’une équipe de plus de 50 personnes dont 40 en R&D et nous allons poursuivre notre expansion avec plus de 20 recrutements cette année.

 

JB – Vos futurs relais de croissance, c’est le Web2Shop, l’internet des objets ?

JS –  Accengage est au cœur de la relation client de demain et accompagne effectivement les e-commerçants qui veulent tirer profit des applications mais également des retailers qui veulent réaliser des synergies entre online et offline. C’est également un formidable outil de veille puisque le geofencing permet de s’adapter au parcours client d’un utilisateur et potentiellement de réagit à son éventuel intérêt pour les boutiques et les produits de la concurrence.

Nous travaillons beaucoup avec les départements marketing relationnel des grandes banques ou des grands opérateurs, et nous saisirons évidemment toutes les opportunités qui s’offriront à nous dans l’internet des objets.

 

JB – Facebook, Twitter, Microsoft ou Google travaillent sur de grandes plates-formes pour les développeurs d’applications et  incluant des briques CRM. A terme, est-ce une menace pour Accengage ?

JS – Trois de nos clients sont d’anciens utilisateurs de Facebook Parse. Ce sont de formidables plates-formes pour donner une audience globale à son application mobile mais elles sont très standardisées et ne répondent que rarement aux problématiques, très précises, des développeurs d’applications. Prenez l’exemple d’un média, le sujet n’est pas simplement d’envoyer la même notification en breaking news à l’ensemble de sa base installée mais désormais d’écouter ses utilisateurs, de connaître leurs goûts et de proposer le bon push au bon moment et à la bonne personne. Cela fait des années que tout le monde parle de « one to one » et Accengage propose désormais les outils pour construire ce type de relation sur l’écran le plus personnel : le téléphone mobile.

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