Julien Coulon (Cedexis) : « CDN : Orange avait pris du retard sur ses concurrents »

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Alliance Orange – Akamai, nouvelle offre de SFR Business Team…Le DG de Cedexis (optimisation de la performance Web) commente les mouvements observés sur le marché la diffusion accélérée sur le Web (CDN).

ITespresso.fr : D’un point de vue stratégique, les opérateurs n’auraient-ils pas intérêt à acquérir des acteurs comme Akamai ? Pourquoi garder une certaine étanchéité du business ?
Julien Coulon : Il y a quelques exemples tel que l’opérateur japonais KDDI qui a racheté CDNetworks ou encore l’indien Tata Communication qui a pris le contrôle de Bitgravity.

Si une concentration est toujours possible, les opérateurs ont bien intégré le fait qu’aucun CDN ne peut être bon partout, tout le temps, et pour tous les utilisateurs.

Il n’est pas si rare d’observer que le seul usage de leur propre réseau peut être plus rapide qu’un CDN, donc racheter un acteur ne répondrait qu’à une partie du problème, à savoir soulager et étendre un peu/en partie le réseau.

Actuellement les opérateurs s’engagent sur une qualité de service qui va du serveur hébergé jusqu’à la limite de leur réseau, alors que leurs clients business attendent une qualité de service de bout en bout c’est à dire jusqu’à l’utilisateur final.

S’associer avec un seul CDN est un premier pas significatif car l’opérateur augmente de facto sa capillarité réseau, mais malheureusement cela ne répond toujours pas totalement aux exigences des clients.

Akamai est par exemple présent dans 1000 réseaux alors que l’Internet est composé de plus de 34 000 réseaux d’accès.

Pour assurer une excellente qualité de service, il faudrait trouver un diffuseur présent réellement partout, or nous savons que c’est impossible.

Certains opérateurs – comme Deutsche Telekom – l’ont compris et s’appuient sur plusieurs CDN et/ou cloud extérieurs en complément de leur réseau et de leur CDN régional pour garantir une qualité de service parfaite jusqu’à l’utilisateur final. Une nouvelle fois, les allemands montrent l’exemple…

ITespresso.fr : Dans quelle mesure le fait « d’accélérer le Web » sera encore pertinent avec la fibre synonyme de très haut débit ?

Julien Coulon : La situation que nous vivons actuellement avec la mise en place de CDN régionaux est très proche de la situation que nous avons connue à l’époque du bas débit lorsqu’il fallait configurer un proxy (CDN local) durant l’installation du kit de connexion sur son ordinateur. L’objectif était déjà de soulager le réseau de l’opérateur et améliorer in fine le confort de l’abonné.

Avec l’arrivée de l’ADSL, ces proxy-cache ont été sortis de production car les spécialistes pensaient que les limites de débit ne seraient pas atteintes.

Pourtant, nous sommes bien arrivés au bout d’un cycle : au regard du développement des usages gourmands en bande passante, l’ADSL est aujourd’hui une technologie complètement obsolète qu’il convient d’arrêter de déployer.

Il faut focaliser tous les efforts sur le déploiement du très haut débit fixe (câble, VDSL2, FTTH) et mobile (4G).

Toutefois, élargir le tuyau qui dessert l’abonné n’est pas un remède miracle car les problématiques liées à la diffusion des contenus resteront présentes. Plus il y a de débit, plus la consommation augmente… et plus le débit est important, plus la latence a un impact sur le confort d’utilisation et la satisfaction client.

Lorsque le THD fixe et mobile sera généralisé, l’utilisateur ne voudra plus attendre le chargement d’un contenu et deviendra définitivement impatient.

La course à la milliseconde est – et restera – plus que jamais d’actualité. Les éditeurs de services qui génèrent tout ou partie de leurs revenus sur Internet ne souhaitent plus mettre tous leurs œufs dans le même panier et n’auront pas d’autres choix que de se tourner vers les meilleurs prestataires pour diffuser leur contenu le plus rapidement possible.

A ce titre, quelque soit le pays, les FAI auront un rôle central à jouer et les perspectives de croissance du marché confirment cela.

ITespresso.fr : Peut-on imaginer la fin des intermédiaires de type CDN ? Et dans ce cas, comment évoluerait les activités de Cedexis ?

Julien Coulon : Que les opérateurs proposent au même niveau le peering, le transit, le CDN voire le cloud est assez logique.

Nous sommes pour notre part focalisés sur le multi-sourcing. Notre technologie d’aiguillage « Openmix » s’adapte à de nombreuses problématiques pouvant aller du multi-CDN jusqu’au multi-datacenter, hybride Cloud ou multi-Cloud. Nous collectons pour cela des mesures de qualité de service grâce aux « vrais » utilisateurs depuis plus de 34 000 réseaux dans 230 pays.

C’est grâce à cette masse d’information (près de 1,2 milliard de mesures par jour) que nous pouvons aider les éditeurs de contenus à vérifier si les engagements de qualité des fournisseurs sont tenus mais aussi que nous les aidons à contourner toutes les zones à forte latence, pannes et autres baisses de performance en aiguillant chaque internaute vers le meilleur prestataire (hébergeur, CDN, cloud…) et tout ceci en temps réel.

Notez aussi que nous partageons nos données avec les prestataires hébergeurs/diffuseurs de contenus pour les aider à améliorer leur propre routage.

Enfin, nous avons récemment lancé une offre destinée aux utilisateurs du cloud d’Amazon Web Services souhaitant répartir le trafic sur plusieurs régions, en premier lieu pour anticiper et bypasser (contourner) les interruptions.

Et dans quelques jours, nous annoncerons un nouveau cas d’usage inédit pour un grand média en matière de diffusion de contenus.

Avec une croissance constante depuis sa création, l’ouverture de nouveaux bureaux et l’arrivée de nouveaux partenaires cette année, le cap des 300 clients actifs franchis dans quelques semaines, les activités de Cedexis évoluent de façon positive…2013 sera à n’en pas douter une année riche en innovations et nouveautés.

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