La France sous la menace d’une pénurie d’informaticiens

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Le cabinet Forrester indique qu’il perçoit désormais les premiers signes d’un déficit d’informaticiens dans l’Hexagone.

A partir de récentes statistiques émanant d’institutions gouvernementales et professionnelles, Forrester affirme que la pénurie de compétences IT commence à se faire sentir en France. Plusieurs entreprises nationales auraient ainsi éprouvé des difficultés de recrutement au second semestre 2005.

Le cabinet confirme ses prévisions parues en juillet 2005 dans son étude intitulée « Europe’s Looming IT Skills Deficit » (Un déficit de compétences IT en perspective en Europe). Forrester avait alors interrogé 48 entreprises et 13 universités en France, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, en Suisse et en Allemagne. Conclusion : un risque imminent de pénurie d’informaticiens menace l’Europe pour deux raisons principales. La première est liée à l’augmentation des départs en retraite. La seconde a trait à la baisse du nombre de diplômés en informatique dans tous les pays. Son auteur, Richard Peynot, note par ailleurs une évolution de la demande des entreprises vers des profils très « business » comme la gestion de projets, au détriment de certains postes de techniciens.

La demande est bien là

Le nombre d’offres d’emploi dans le secteur informatique a cru de 28% en 2005, selon l’Agence pour l’emploi des cadres (APEC). Sur le deuxième semestre, ce sont environ 30% des offres d’emploi de cadres qui étaient liées à l’informatique.

Les recrutements dans la « la fonction Informatique » ont eux augmenté de 10% en 2005, par rapport à 2004. Pour l’avenir, les prévisions de l’APEC sont plutôt optimistes. L’agence prévoit en effet que la fonction Informatique devrait croître dans une proportion allant de +34 à +45% en 2006, « portée par les activités des SSII ».

Mais certains profils deviennent rares

Selon Forrester, « les difficultés de recrutement concernent les profils les plus qualifiés » et notamment les chefs de projets confirmés, les programmeurs Java ou les experts de certains systèmes comme SAP. La sécurité, le décisionnel et les progiciels de gestion (ERP) sont également concernés.

Même constat du côté du Syntec Informatique, la chambre professionnelle des sociétés de services informatiques, où l’on précise que tous les comités professionnels rencontrent actuellement des difficultés dans leur recherche de collaborateurs, et ce malgré un contexte de croissance. En ce qui concerne les jeunes diplômés, les profils les plus recherchés sont les concepteurs réalisateurs en environnement Java et. Net, les administrateurs de systèmes et de réseaux et les concepteurs réalisateurs en informatique industrielle. Concernant les informaticiens plus confirmés, la France manque d’experts sécurité, d’experts « fonctionnels » progiciels, de consultants disposant d’une connaissance d’un marché, d’architectes de système d’information ou encore de chefs de projets.

Cette situation risque de s’aggraver. En effet, Forrester précise que « si la France semblait relativement épargnée jusqu’en 2004/2005 par la baisse du nombre d’étudiants en informatique constatée dans d’autres pays en Europe, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Les universités révèlent actuellement de très fortes baisses dans le nombre d’étudiants qu’elles ont accueillis en septembre 2005. Par exemple, l’université de Grenoble ne parviendra vraisemblablement pas à satisfaire la demande locale en juillet 2006 ».

L’institut envisage deux possibilités pour pallier ce déficit de compétences, à savoir la délocalisation par les entreprises de certaines de leurs activités ou un recours plus fréquent à des informaticiens seniors, âgés de 40 ans ou plus. Le Syntec vient quant à lui de créer, en partenariat avec 33 établissements d’enseignement supérieur, une nouvelle association baptisée Pasc@line et visant à promouvoir les métiers de l’informatique auprès des jeunes.