La RIAA et AOL Time Warner attaquent Aimster

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Déjà sur le point de perdre son précieux nom de domaine, Aimster va maintenant devoir faire face à deux plaintes en justice déposées par des géants. Le logiciel « à la Napster » qui s’appuie sur la messagerie instantanée d’AOL est poursuivi pour violation des droits d’auteur par la RIAA qui représente les Majors de l’industrie du disque et par AOL Time Warner.

Aimster est mal. Déjà le 18 mai, il perd la bataille contre AOL pour son nom de domaine (voir édition du 23 mai 2001). Même s’il peut encore faire appel de la décision, sa position semble délicate. Désormais, il devra en plus affronter la justice face aux maisons de disques. En effet la Recording industry association of America (RIAA) vient ce jeudi 24 mai de déposer une plainte contre lui (disponible au format PDF). Elle agit pour le compte de quatre des cinq Majors : Universal Music, Sony Music, EMI Group Plc et Bertelsmann Music Group (BMG). Manque à l’appel Warner Music, cette dernière ayant choisi d’attaquer Aimster dans une procédure séparée, menée par plusieurs divisions d’AOL Time Warner : Warner Music, mais aussi New Line Cinema et Atlantic Records.

L’industrie du film pourrait également attaquer Aimster

Souvent comparé à Napster, Aimster, même s’il le nie, s’inspire de son nom qu’il combine avec celui d’AIM (AOL Instant messenger, la messagerie instantanée d’AOL). Mais à la différence de Napster, il ne permet pas seulement l’échange de fichiers musicaux mais aussi celui de logiciels ou de vidéos. L’industrie du film serait d’ailleurs aussi sur le point de l’attaquer, par le biais de la Motion picture association of America (MPAA). Depuis son arrivée sur Internet, Aimster se défend de toute violation du droit d’auteur, ce pour quoi il est poursuivi. D’après lui, contrairement à Napster, il met en relation des personnes qui se connaissent et de ce fait l’échange de fichiers par son intermédiaire ne peut être considéré comme du piratage. Le logiciel s’appuie en effet sur la liste de contacts du carnet d’adresses d’AIM, qu’il est nécessaire d’avoir installé. Faux, rétorque Matt Oppenheim, l’avocat des Majors. « Les utilisateurs d’Aimster n’ont pas besoins de posséder des contacts pour pouvoir télécharger des contenus », assure-t-il. « Tout comme avec Napster, vous pouvez utiliser un index centralisé pour obtenir les contenus que vous voulez. Aimster est exactement comme Napster. La grosse différence entre les deux est qu’Aimster vous permet aussi d’échanger des films, des logiciels et des images », considère Matt Oppenheim.

Loin de garder profil bas, Aimster joue les trublions. Alors que la RIAA lui avait fait parvenir une lettre début mai lui demandant de filtrer les fichiers échangés comme Napster, Aimster avait répondu en portant plainte contre l’association des maisons de disques. « La RIAA nous a envoyé une lettre disant qu’Aimster était identique à Napster et que nous devions filtrer comme le fait Napster, faute de quoi ils prendraient des mesures judiciaires supplémentaires », expliquait alors Johnny Deep, son fondateur et porte-parole. « Nous demandons à la cour un jugement disant qu’il serait injustifié de nous poursuivre car nous ne faisons rien de mal. » Aimster le provocateur avait aussi mis à disposition des internautes un logiciel permettant de contourner le filtrage sur Napster (voir édition du 6 mars 2001). Son Pig Encoder modifiait l’orthographe des noms de fichiers en les retranscrivant en verlan, rendant ainsi le filtrage inefficace.

Un dernier coup de balai

Aujourd’hui Napster fonctionne toujours, même s’il est tenu de contrôler les fichiers qui transitent par son intermédiaire. Ces derniers temps, on voit apparaître sur le système d’échange de plus en plus d’albums complets qui semblent une manière efficace de passer à travers les mailles du filet. Alors que l’on attend pour cet été une version payante du symbole du piratage désormais contrôlé par Bertelsmann, les autres maisons de disques fourbissent leurs armes. Universal vient de racheter MP3.com pour 372 millions de dollars (voir édition du 21 mai 2001) et s’est allié avec Sony dans Duet, la plate-forme chargée de licencier leur musique en ligne (voir édition du 22 février 2001). Face à eux Warner, EMI et BMG s’appuient sur RealNetworks pour développer MusicNet, dont une première démonstration a eu lieu le 17 mai (voir édition du 18 mai 2001). Dans ce contexte où les contours de la musique en ligne se dessinent de plus en plus précisément, les poursuites engagées contre Aimster ressemblent à un dernier coup de balai. D’ailleurs, la RIAA aurait aussi porté plainte pour les mêmes motifs contre Launch Media, pour son service Launchcast. Reste à savoir si comme Napster et MP3.com, Aimster sera racheté par un « gros ». En septembre de l’année dernière, on apprenait qu’Intel semblait s’intéresser au logiciel (voir édition du 4 septembre 2000)… A suivre !