La RIAA repart à l’attaque contre les particuliers

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Plus de 200 nouveaux internautes se retrouvent dans le collimateur de la RIAA, laquelle modifie sa démarche en proposant un règlement à l’amiable avant poursuites. Parallèlement, une centaine de sites Web appellent à boycotter les produits des majors en protestation.

« Nous avons accumulé des preuves substantielles indiquant que vous avez utilisé des réseaux P2P tels que Kazaa ou Gnutella pour télécharger ou offrir en partage de la musique qui est la propriété de nos clients. » Ainsi commence la lettre que la RIAA (Recording Industry Association of America) a envoyée à 204 nouveaux « pirates » de musique en ligne dans une seconde vague d’attaques en justice. Après la première salve de septembre qui visait 261 personnes (voir édition du 9 septembre 2003), l’association de protection des intérêts de l’industrie musicale américaine repart ainsi à l’attaque contre les échanges illégaux de fichiers musicaux.

Mais cette fois, l’association se veut plus conciliante dans sa démarche et propose à l’inculpé, avant l’assignation au tribunal, un règlement à l’amiable de l’affaire. La méthode avait déjà été employée précédemment, notamment avec les internautes qui avaient spontanément contacté la RIAA. Cette fois, l’offre de négociation est de fait proposée par l’association qui s’engage à abandonner les poursuites contre un règlement forfaitaire d’environ 5 000 dollars et l’arrêt de la mise en réseau de fichiers musicaux. Ce qui, à raison de 750 dollars minimum d’amende par chanson partagée (somme qui peut aller jusqu’à 150 000 dollars, rappelle la RIAA dans sa lettre), apparaîtra à nombre d’internautes comme une heureuse alternative.

Appel au boycott

La RIAA ne s’en tiendra pas à cette offensive qui sera suivie de poursuites moins massives mais plus régulières (hebdomadaires, a priori) toujours sous forme de courriers adressés aux présumés coupables. Une attitude qui pourrait bien se retourner contre le représentant de l’industrie musicale ou plus exactement ses clients, les compagnies de disques. Fédérés sous la bannière StopRiaaLawSuits.com, 112 sites Web appellent à ne plus acheter de disques pendant une semaine, du 20 au 27 octobre 2003. L’idée de ce boycott est de faire comprendre aux compagnies de disques l’injustice qui frappe une famille victime des poursuites de la RIAA. « Nous avons besoin de dire aux majors que leur nouvelle stratégie consistant à faire payer les familles est mauvaise et doit cesser », lit-on sur le site fédérateur. « Ce type d’entreprise n’accorde aucune attention au public, à moins de leur faire perdre des ventes. Avec ce boycott, nous envoyons un message fort que les majors interpréteront ainsi : Arrêtez de poursuivre les familles ou vous commencerez à perdre des consommateurs. »

Pour autant, le boycott se veut constructif puisqu’il ne s’attaque qu’aux compagnies membres de la RIAA et appelle à soutenir les labels indépendants et à aider les familles inculpées. D’autre part, si StopRIAALawSuits.com appelle au boycott, il n’encourage pas le piratage. Il est encore trop tôt pour mesurer l’impact du boycott sur l’industrie en termes de chiffre d’affaires mais l’action fédératrice remporte, semble-t-il, un certain succès. Alors qu’ils étaient moins de 80 au début du mois, les sites appelant au boycott ou le soutenant étaient une centaine quelques jours avant l’opération, puis 112 le jour de son lancement. Reste à savoir si, au delà des victimes de la RIAA (qui ont déjà dû se faire leur propre opinion), le public suivra.