La sortie de Photoshop 7 vitale pour Mac OS X ?

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Le logiciel de retouche photographique sort enfin des presses et commence à parvenir à ses premiers acheteurs. Ce produit est vital aussi bien pour Adobe que pour Apple mais pour différentes raisons : pour Adobe, il s’agit de renforcer sa stratégie sur ses trois marchés de prédilection, Web, édition et vidéo ; pour Apple, Photoshop rend Mac OS X enfin crédible aux yeux de son coeur de marché.

Le passage de Photoshop à Mac OS X n’aura pas été une partie de plaisir. A se demander si Adobe, qui a vu sa part de revenus tirés du Mac fondre de près de la moitié de ses revenus totaux en 1997 (voir édition du 6 juillet 2001) à seulement un tiers en 2001, avait vraiment l’intention de « Carboniser » son poids lourd ! Mais ça y est, c’est fait, et l’application (voir édition du 25 février 2002), présentée à MacWorld San Francisco en début d’année et lancée à la fin du mois de février, est dans les bacs (américains) depuis cette semaine. Pour les deux firmes, la sortie du logiciel est un soulagement. « Adobe et Apple se sont engagés à travailler ensemble pour fournir aux professionnels des arts graphiques des produits de meilleure qualité aux plus hautes performances possibles. En continuant de fournir des solutions de logiciels en natif pour Mac OS X, tel le célèbre Photoshop 7.0, les clients peuvent en profiter pour travailler sur leurs outils favoris de conception graphique, de photographie, de médias dynamiques ou d’édition sur le Mac », précise Bruce Chizen, le PDG d’Adobe. Un discours de circonstance qui ne doit pas oblitérer les enjeux auxquels fait face Adobe : faire passer sa clientèle d’un flux de travail centré sur des solutions papier à des solutions basées sur le Web d’un côté, et un renforcement de ses trois marchés stratégiques de l’autre.

Photoshop au centre de la stratégie d’Adobe

Car Web, édition et vidéo restent les trois mamelles d’Adobe ! Et au centre de cette stratégie de marchés, on retrouve… Photoshop. En effet, que ce soit en association avec GoLive, InDesign ou PageMaker, le porte-étendard de la firme est utilisable et utilisé partout. Il s’avère donc la pièce centrale de la croissance d’Adobe. Sur le marché de la vidéo par exemple – où Premiere s’est imposé comme un instrument de choix – outre les produits Avid et la pression exercée par Final Cut Pro, Photoshop est utilisé par de nombreux professionnels au même titre qu’After Effects. De même sur ses autres marchés : la stratégie d’Adobe est que Photoshop attire ses clients aussi vers InDesign, grâce à une intégration poussée. Marchant en cela sur les plates-bandes de Quark (voir édition du 3 avril 2002). Du coup, la firme, même si elle a pris le temps de le faire venir à Mac OS X, ne pouvait pas ne pas l’y amener sans se couper de près d’un tiers de ses revenus !

Ce qui manquait pour passer à l’X ?

Pour Apple, l’équation s’avère différente : l’entreprise est en train de chercher à se dégager du poids constant que représentait le marché de la création pour en aborder d’autres comme ceux des sciences, des entreprises et des ménages. Mais il lui fallait aussi contenter ses plus anciens clients, les utilisateurs de Photoshop, dont elle ne peut pas faire abstraction tant ils pèsent sur son image et son chiffre d’affaires, et auprès de qui résonne bien l’argumentation soulignant la facilité d’utilisation du Mac. D’autant que les clients communs d’Apple et d’Adobe ont finalement pris goût à Mac OS X : les témoignages d’utilisateurs sont là pour montrer que lorsqu’un fan du Mac est passé sous X, il n’a pas envie de retourner dans Classic ! L’arrivée de Photoshop est donc là aussi pour légitimer et donner confiance dans le nouvel OS. Mac OS X se devait d’en profiter, d’autant que si Apple a mis autant de temps pour sortir ce système d’exploitation, c’était également pour contenter des firmes comme Adobe qui ne voulaient pas avoir à réécrire leurs applications pour ce système Unix ! Du coup, Photoshop 7, livré simultanément sur Mac et PC, fonctionne aussi sur les précédentes versions du système 9.x. La balle est dans le camp de Cupertino désormais, dont les utilisateurs attendent que son dernier système d’exploitation soit aussi complet que Mac OS 9.x (voir édition du 15 avril 2002). Il semblerait qu’un grand pas soit prévu pour l’été !