L’accord Bertelsmann / Napster sème le trouble

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Bertelsmann, en passant un accord avec Napster, risque de s’attirer les foudres des autres Majors. D’autant plus que d’après Cnet, l’éditeur pourrait prendre le contrôle de la start-up poursuivie par la RIAA. Or, les géants de l’industrie du disque ont tout intérêt à s’entendre.

L’industrie du disque est-elle sonnée depuis la nouvelle d’un accord passé entre Napster et l’éditeur allemand Bertelsmann (voir édition du 31 octobre 2000) ? Il y a de quoi. D’autant que BMG, la filiale musique du groupe teuton, pourrait devenir actionnaire majoritaire de Napster, ainsi que le révèle Cnet qui prétend que BMG accorderait un prêt de 50 millions de dollars à la start-up accusée d’encourager le piratage. Cette somme devrait servir à développer une solution sécurisée qui permettrait de respecter les droits d’auteur. Ensuite Napster serait dirigé par BMG puisque l’éditeur détiendrait plus de la moitié des actions de l’entreprise.

Voici une pilule bien difficile à avaler pour les autres Majors de l’industrie du disque, Sony, EMI, Universal et Warner, toutes membres de la RIAA (Recording industry association of America) qui a fait de Napster sa bête noire. Si BMG retire effectivement sa plainte contre Naspter et se retrouve ainsi de l’autre côté de la barrière, l’ambiance risque d’être électrique. Inutile d’envisager ce que donnerait le contrôle par BMG d’un Napster attaqué par la RIAA. Pour le moment, les réactions des intéressés face à l’annonce BMG/Napster restent quasi inexistantes. Universal, par la voix d’un de ses dirigeants, aurait juste comparé l’annonce à « un communiqué de presse sans substance ».

Le paysage de la musique en ligne contrôlée par les Majors se dessine tout de même. Les initiatives se sont multipliées ces derniers temps. Ainsi Universal, justement, teste un service de diffusion à la demande (voir édition du 24 octobre 2000). Le service est encore accessible gratuitement et donne une bonne indication de ce que préparent les Majors. Ainsi il est possible d’effectuer une recherche par genre ou artiste pour ensuite écouter la ou les chansons sélectionnées. Ecouter seulement car la diffusion est en streaming, ce qui signifie pas de sauvegarde sur le disque dur. La solution testée est celle d’un abonnement. La somme de 15 dollars par mois à été avancée, alors que dans le cadre de l’accord BMG/Napster, on parle de 4,95 dollars.

Les Majors sont réunies autour de Listen, site musical dont elles sont toutes actionnaires. Or Listen vient d’annoncer qu’il allait racheter les actifs de Scour, un petit frère de Napster qui, lui, n’utilise pas de serveur et de plus n’est pas seulement dédié à l’échange de fichiers MP3 (voir édition du 5 avril 2000). Et Scour est justement traîné en justice par la RIAA elle-même (voir édition du 21 juillet 2000) ! Le serpent se mord la queue.

Un autre point de discorde entre les Majors est apparu au sujet de My.mp3. Ce service de mp3.com permet de stocker sur Internet ses CD… Et ainsi de les partager. Toutes ont trouvé un accord avec mp3.com, sauf Universal qui persiste à maintenir sa plainte (voir édition du 30 août 2000). Dans le même registre, lundi dernier on apprenait la signature d’un accord entre Sony et Musicbank, une start-up qui promet aux internautes d’avoir accès à leurs CD en ligne, tout comme my.mp3. Or Sony signe après BMG, Universal et Warner, il ne manque que EMI.

On a l’impression que les géants de l’industrie musicale hésitent à tous miser sur les mêmes moyens pour diffuser leur musique en ligne. D’un côté ils s’unissent, d’un autre ils s’affrontent. Mais s’ils ne parviennent pas à des solutions qui permettent d’accéder à leurs catalogues respectifs au même endroit, comme c’est le cas dans ce qu’ils jugent être l’illégalité pour Napster, la réponse des consommateurs pourrait être contraire à leurs espérances. En clair : s’ils ne trouvent pas une solution commune, ils se dirigent vers un échec. En attendant, de nouveaux prétendants à la succession de Naspter commencent à poindre. Jetez donc un oeil sur Inoize