L’achat groupé : pétard mouillé ?

Mobilité

L’abandon de l’achat groupé par Koobuy, la semaine dernière, donne un coup de projecteur sur un système pourtant récent sur le Net. Présenté il y a quatre mois comme une nouvelle façon d’acheter, le group buying ou achat groupé connaîtrait-il déjà quelque essoufflement ?

Le système d’achat groupé, qui consiste à rassembler les acheteurs pour obtenir des conditions d’achat plus avantageuses, semble bel et bien avoir son vilain petit canard. Koobuy, site spécialisé dans l’achat groupé, a jeté le trouble sur un système de commerce annoncé il y a encore quatre mois comme novateur et terriblement à la mode. Le site a annoncé la semaine dernière la fin de ce mode de vente pour se tourner vers un commerce électronique plus classique. Un retournement de stratégie. Koobuy avait été effectivement lancé sur le modèle du group buying lancé aux Etats Unis par Mercata.Si Jacques Kluger, président de Koobuy, préfère parler d’évolution de stratégie plutôt que de marche arrière, il n’en annonce pas moins l’échec de l’achat groupé. Alors que l’on imaginait l’internaute ouvert et cultivant un certain esprit communautaire, Jacques Kluger nous en peint un autre portrait. « L’internaute est individualiste et n’est pas prêt à ce type de vente », précise-t-il. Et d’ajouter que « l’achat groupé n’était pas une réalité économique et qu’il ne pouvait être viable sur le long terme ».La société qui devrait par ailleurs procéder prochainement à un tour de table de 10 millions d’euros revendique 1,5 million de pages vues en avril avec 25 000 membres pour un chiffre d’affaires de 12 millions de francs d’ici fin 2000. Des résultats qui laissent perplexe surtout lorsque l’on annonce l’échec de l’achat groupé…Letsbuyit, présent dans 14 pays européen et qui vient d’ouvrir son site français fin mars, juge l’expérience de Koobuy un peu courte pour avoir une bonne vision de ce secteur et refuse de croire l’idée même de la non viabilité de l’achat groupé. Pourtant, l’échec de koobuy serait dû en parti selon Laurence Perratzi, directrice générale de Letsbuyit par une non présence européenne. « L’avantage énorme d’être déployé dans plusieurs pays est la possibilité de négocier au niveau européen. Nous allons même prochainement pouvoir grouper les demandes des différents sites ce qui augmentera le volume de demande d’un produit », explique-t-elle. Même écho rassurant du côté d’Akabi qui pense que le secteur est loin d’être saturé en citant en exemple Yahoo et AOL qui devrait entrer sur le marché de l’achat groupé et iBazar qui tente l’expérience depuis peu. »Nous croyons si bien à ce phénomène que nous envisageons de nous étendre en Europe dans les 6 à 9 mois qui viennent », annonce Tony Joyce, vice-président marketing pour Akabi.Joël Palix, co-fondateur et président de Clust, dénonce les lourdeurs de stocks que peuvent rencontrer les sociétés d’achat groupé en précisant toutefois que Clust n’était pas soumis à la contrainte de stock et pouvait donc fournir un prix plus compétitif. Contrairement à Jacques Kugler qui énonce que l’achat groupé n’est pas une réalité économique, Clust estime que le modèle économique existe. « Nous nous rémunérons sur la vente des produits, généralement en fonction de la réduction réalisée. Une réduction de 15 % nous permet de dégager 3 % de marge ».L’Union Fédérale des Consommateurs (UFC) estime que rien ne laisse envisager l’échec de l’achat groupé et voit plutôt d’un bon oeil cette pratique. Tout en précisant qu’ils n’ont reçu aucune plainte de consommateur, l’UFC reste vigilant face aux problèmes de l’après vente. Du côté des sites d’achat groupé, on précise que les services liés à l’après vente sont à la charge non du fournisseur mais de la société qui propose l’achat groupé.Si Jean Christophe Hermann, Pdg de fnac.com, n’annonce pas la mort de ce concept qu’il juge intéressant, il n’en reste pas moins sévère. Selon lui, l’achat groupé est un bon système pour capter de l’audience et faire connaître le site. « A terme, les sites d’achat groupé ne pourront pas se positionner comme un site de destination, mais plutôt comme un service pour des portails ou des sites d’e-commerce classique. L’achat groupé est un point de naissance avant une évolution », confie-t-il.