L’ASP progresse lentement mais sûrement

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Après un très lent décollage faisant tout d’un coup douter du modèle ASP, certains acteurs de ce domaine commencent à réaliser un chiffre d’affaires significatif. Plus que le modèle en lui-même, ce sont les solutions qui semblent trouver un réel écho auprès des entreprises clientes.

Malgré les belles promesses des analystes, l’ASP – ou l’externalisation d’applications en ligne – n’a pas encore rencontré le succès escompté. Qu’elles craignent de voir leurs données hébergées à l’extérieur de l’entreprise, de ne plus être capables de contrôler quoi que ce soit, d’avoir un niveau de sécurité ou un réseau d’accès insuffisant, les sociétés sont encore très timides vis-à-vis de ce nouveau mode de commercialisation des logiciels.

Pourtant, il serait faux d’estimer que l’ASP est un échec. Certes des sociétés pionnières dans ce domaine ont disparu, certes les premiers bénéfices tardent à venir, mais il s’agirait plutôt d’un mauvais positionnement de certains acteurs plutôt que du concept lui-même. L’acronyme ASP, au début, se voulait être un argument de vente. Aujourd’hui, les sociétés ont compris que pour vendre, il fallait d’abord avoir un produit, avec une réelle valeur ajoutée. « Il est vrai que l’ASP en tant que modèle économique n’a pas fait ses preuves et n’est pas, c’est le moins que l’on puisse dire, convaincant », nous avouait Patrick Bensabat, fondateur et PDG de Business & Décision, l’été dernier (voir édition du 6 septembre 2001). Et de préciser que l’ASP à l’état brut, quels que soient les domaines, avait peu de chance de s’imposer massivement auprès des entreprises. Selon lui, seule la valeur ajoutée pouvait inciter les entreprises à migrer vers ce modèle.

Aujourd’hui, certaines sociétés préfèrent passer sous silence le mot même d’ASP, alors que leurs produits reposent en tous points sur le concept d’externalisation. Ainsi Vivaction, marque de la société ITN, commercialise des services collaboratifs à destination des PME sans vendre du tout sous l’acronyme de l’ASP. « Le terme ASP fait encore peur aux entreprises, malgré tous les avantages liés à ce mode de commercialisation. Le terme revêt encore une connotation négative« , expliquait à VNUnet David Chassan, responsable des NTIC au sein de Vivaction (voir édition du 19 mars 2002).

Des exemples d’ASP qui « marchent »

Pour autant, certaines sociétés semblent tirer leur épingle du jeu. Ainsi McAfee, la division sécurité et antivirus de Network Associates, équipe déjà au travers de sa solution en ligne McAfee AsaP plus de 10 000 postes de travail représentant un chiffre d’affaires de 300 000 euros rien qu’en France. Un résultat obtenu notamment grâce à l’ouverture du marché de l’ASP aux grands comptes et non uniquement aux PME comme le prévoyaient alors les analystes au début de l’ère ASP. De son côté, la société française Eudoxie, spécialisée dans les logiciels dédiés à la gestion des contacts, voit ses licences en mode ASP progresser de façon encourageante et dépasser même la vente de logiciels. Ainsi la société a vendu, au cours du deuxième trimestre 2001, 350 licences ASP contre 200 licences de logiciels en monoposte. Le chiffre d’affaires tiré de l’ASP est encore inférieur au chiffre d’affaires tiré des ventes, mais il en représente déjà 35 %. Pour Guillaume Pouillot, directeur commercial d’une filiale d’Eudoxie, outre les aspects propres à l’externalisation, l’ASP permet d’obtenir un taux de satisfaction et de renouvellement très important et surtout supérieur à ce que l’on peut obtenir de la vente de logiciels. « Avec l’ASP, l’éditeur se doit d’avoir les mêmes objectifs que le client. Tout acteur ASP est dans l’obligation de fournir un service de qualité. Alors que dans un système de vente, le client est beaucoup plus seul », explique-t-il.

De son côté, Prologue Software annonce une progression de 46 % de son chiffre d’affaires lié à l’ASP pour 2001 par rapport à 2000, soit 7,4 millions d’euros. Un chiffre qui vient contredire les plus pessimistes quant à la réussite du modèle ASP. Toutefois, sur ce chiffre d’affaires, seulement 4 % concernent l’abonnement mensuel. Le reste du chiffre d’affaires est réalisé par tout ce qui concerne les conseil et services. Enfin, Prologue Software réalise encore la plus grosse partie de son chiffre d’affaires dans la vente de logiciels soit 33,3 millions d’euros. Et cela ne risque pas de changer, puisque les dernières estimations montrent que dans 5 ans, la société réalisera 35 % de son chiffre d’affaires dans l’ASP, 15 % dans les conseils et enfin 50 % dans la vente de licences. Des projections pour l’ASP qui, selon l’aveu même de la société, ont nettement été revues à la baisse.

Finalement le secteur a pris en compte le désir des sociétés. Des concepts nouveaux, oui, mais à condition que derrière, les solutions le soient aussi. Ce qui n’était pas le cas dans les premiers temps, où les entreprises se sont jetées dans l’ASP croyant pouvoir surfer à leur tour sur la vague Internet aux promesses fabuleuses. Malheureusement pour ces acteurs, leurs prospects semblaient avoir la tête un peu plus froide, les forçant à revoir leurs copies et à commercialiser de réelles solutions innovantes… basées sur l’ASP.