Le modèle économique des FAI tend à disparaître

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LibertySurf, en proposant l’ADSL gratuitement, même de façon restreinte, semble bel et bien avoir relancé la problématique de l’Internet payant. Le schéma classique, qui divise le paysage Internet en deux familles, celle des gratuits et des payants ne semble plus exister. La différenciation est déjà pour certain en passe de devenir un problème dépassé.

Avec l’offre de LibertySurf, premier fournisseur d’abonnement gratuit à Internet, de mettre le haut débit à zéro franc, l’internaute est de nouveau en droit de se demander quel intérêt a-t-il alors de se tourner vers un fournisseur d’accès Internet payant ? En effet sauf la courte expérience de Free de proposer l’ADSL gratuitement, l’offre de l’accès haut débit n’était proposée que par abonnement. Aujourd’hui, la donne est de nouveau bouleversée, et le schéma classique gratuit-payant semble voler en éclat. Pour Franklin Bohbot, directeur développement pour Infosources, ce schéma tend à disparaître et devrait avoir lieu dans les deux ans à venir. « « La principale différence ne se fera pas au niveau des ISP, mais plutôt au niveau des offres qu’ils pourront proposer, forfaits ou contenus » », déclare-t-il. Ce sera même pour Stéphane Crozier, président du fournisseur d’accès Internet Telecom, une condition de survie. « Seules survivront les marques fortes, c’est à dire celles qui ont autre chose à vendre que de l’accès », mentionne-t-il.Steve Case, le patron d’AOL déclarait récemment, que le gratuit n’était pas viable et il proposait plutôt des accès à différents niveaux de prix. « Nous pressentons l’arrivée de ce qui pourrait ressembler à trois classes : touriste, affaires et première », précisait le patron d’AOL. AOL France, quant à lui simplifie le problème en refusant d’admettre qu’il puisse exister sur le marché français des fournisseurs gratuits. Pour Bénédicte Lucien-Brun, directrice des relations publiques d’AOL, le business plan d’un FAI gratuit est de l’ordre de l’effet d’annonce, avant de se demander comment se traduira à l’avenir l’offre de l’ADSL dit gratuit de LibertySurf. « AOL, ne peut pas se contenter d’une offre restreinte. Mais c’est certain, à petite échelle, on peut tout proposer. Toutefois, si l’on vise l’ensemble de ses abonnés, le gratuit aujourd’hui en France ne peut pas fonctionner « . Et de donner pour exemple le forfait tout compris d’AOL qui est de 20 heures pour 95 francs qui devient selon elle moins cher que de s’inscrire à un FAI de type LibertySurf.  » S’imaginer que l’on puisse ne pas payer son ISP est faux. On le paye de toute façon, via des communications plus chères, des services hors de prix comme l’assistance téléphonique? », déclare Bénédicte Lucien-Brun. La stratégie mise en place par les fournisseurs d’accès à Internet payants conforte d’ailleurs l’idée que la distinction entre les gratuits et les payants sera de moins en moins facile. « De nos jours, les FAI du type Wanadoo, AOL ou Freesbee communiquent désormais sur leurs forfaits et non plus sur le tarif de l’abonnement, qui ne veut plus rien dire « , déclare Hervé Simonin, directeur général de Freesbee.Marianne Le Tallec, responsable de la communication d’Infonie partage cette vision des faits. « Les forfaits illimités proposés par les FAI payants ont bouleversé le schéma classique gratuit-payant en étant souvent moins chers que des offres émanant de FAI dit gratuits « . A condition toutefois de ne pas dépasser son forfait. Selon elle, l’enjeu semble donc se situer plus au niveau des FAI qu’au niveau des internautes. Le terme gratuit habilement utilisé par une campagne de publicité aura, du moins pour un temps, un atout considérable auprès du grand public.