Le nouvel écran d’Apple vise l’industrie du cinéma

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Le grand écran 23 pouces sorti par Apple cette semaine à Tokyo est étonnant : le seul pouce supplémentaire qui le différencie de son prédécesseur le place d’emblée dans la catégorie des outils indispensables à la post-production des films Hollywoodiens ! Cet écran est un des symboles de la volonté de la firme de s’ancrer sur le marché de la post-production.

Le nouvel écran 23 pouces présenté par Apple cette semaine à Tokyo n’a rien à voir, contrairement à la première impression qu’il laisse, avec la précédente version de 22 pouces : il permet d’afficher 2,3 millions de pixels numériques ! De quoi faire de l’affichage Haute Définition sans aucun problème. Sa résolution de 1 920 x 1 200 en 16,7 millions de couleurs permet de disposer d’un espace de travail en 16:10, un tout petit peu plus que le format HDTV (16:9). De quoi visualiser des films haute définition nativement avec leurs 1 125 lignes totales ! L’angle de visualisation de 160 degrés en vertical comme en horizontal assure une visibilité très importante, qui est renforcée par la liaison numérique propriétaire d’Apple, le connecteur ADC, fournissant une image numérique de bout en bout, sans distorsion possible ! Le tout, qu’Apple propose d’abord aux spécialistes du cinéma, sera vendu à partir du mois d’avril pour la « modique » somme de 3 500 dollars (4 300 euros) ! Impossible de l’utiliser avec autre chose qu’un PowerMac, et encore faut-il que celui-ci soit équipé d’une carte graphique adéquate, au minimum l’ATI Radeon 7500 ou la nVidia GeForce 2 MX, mais la GeForce 3 voire la 4 sont plutôt conseillées. Autant dire que seules les machines les plus récentes permettent de profiter à fond de cet écran, et que celles qui en tireront le plus parti ne sont sans doute pas encore sorties des laboratoires de Cupertino. Autant dire aussi que les configurations à venir des PowerMac risquent d’être sacrément musclées !

Apple à l’assaut d’Hollywood

Le nouvel écran, annoncé pour le marché de la VAO (Vidéo Assistée par Ordinateur) laisse en fait présager une offensive de taille de la part d’Apple. Il s’avère l’une de ces briques majeures que la firme sort sans coup férir. Avec ses machines professionnelles à base de processeurs PowerPC, avec son logiciel Final Cut Pro et le rachat de la firme Nothing Real, éditeur de logiciels spécialisés dans la post-production (voir encadré), l’écran vient renforcer une offre complète : le montage numérique en haute définition et en temps réel ! Cette offre devrait permettre à Apple d’accélérer l’investissement massif de l’industrie du cinéma, en assommant la compétition par le prix. Cet assaut est ressenti par tous les professionnels comme une poussée très sérieuse sur ce marché, traditionnellement dominé par Avid et Adobe. Le premier détient toujours la part du lion, mais voit, comme le second, sa part de marché se rétrécir à mesure que Final Cut Pro est adopté par les industriels du cinéma. Une solution Avid coûte 85 000 dollars, quand Final Cut Pro peut s’obtenir pour 10 000 dollars. « Près de la moitié des bandes-annonces des derniers grands films ont été faites sous Final Cut Pro », indique ainsi Bob Farina, d’une société spécialisée de Los Angeles. Mais au-delà, l’enjeu suivant pour Apple est plus vaste que de devenir le fournisseur des solutions adoptées par Hollywood et d’en retirer des revenus. Il est sans doute aussi de faire adopter QuickTime. Les plus grands films à venir sont d’abord diffusés en QuickTime, comme L’attaque des Clones (La Guerre des étoiles, épisode 2). En dominant la post-production HDTV, et en devenant la référence de la VAO, la société cherche sans doute aussi à imposer son offre multiformat de streaming. L’assaut actuel d’Apple est donc stratégique : en dominant Hollywood, Apple pourrait s’imposer aussi sur le Web, au détriment de Microsoft et de Real.