L’Edge débarque chez Bouygues Télécom

Mobilité

En choisissant une technologie moins rapide que la 3G mais compatible avec le GPRS, l’opérateur se démarque une fois encore de ses concurrents. Bouygues Télécom réserve l’Edge aux entreprises dans un premier temps.

Bouygues Télécom démarre officiellement, aujourd’hui jeudi 26 mai, la commercialisation de ses offres haut débit sur réseau Edge. L’opérateur de téléphonie mobile annonce que les accès haut débit sont actuellement installés sur 9 000 sites, soit environ 80 % de son réseau GSM/GPRS. Un déploiement débuté en mai 2004, et qui aura nécessité 12 mois de travaux et 230 millions d’euros d’investissements. En annonçant couvrir 85 % de la population, Bouygues Télécom entend se démarquer de SFR dont l’offre UMTS n’est accessible que par 58 % des citoyens. « Pour la première fois de notre histoire, notre réseau est plus complet que le numéro 2 », claironne Gilles Pelisson, le PDG à l’occasion de la conférence de presse du lancement.

Le réseau Edge apporte la communication haut débit sans fil. Selon la filiale télécom du géant du bâtiment, « le débit Edge est 6 à 10 fois plus rapide que le GPRS ». Selon des mesures moyennes effectuées par l’opérateur, l’Edge propose du 130 Kbits/s en réception pour du 60 Kbits/s en émission contre respectivement 32 et 8 Kbits/s pour le GPRS, et 250 et 50 Kbits/s pour l’UMTS de première génération. L’Edge se paie donc le luxe d’être plus efficace en débit sortant que la 3G actuelle. Concrètement, toujours selon les données de Bouygues Télécom, la page d’accueil de TF1.fr se charge en 7 secondes sur un terminal Edge contre 42 secondes en GPRS.

L’offre grand public à l’automne

Ces nouveaux débits sont, dans un premier temps, réservés aux professionnels (entreprises et professions libérales/artisans) qui représente aujourd’hui 15 % du chiffre d’affaire de l’opérateur. Du coup, celui-ci adapte son offre aux besoins analysés. Et propose 3 forfaits qui permettent l’accès à la messagerie de l’entreprise à partir d’un téléphone mobile Smartphone ou d’un PDA pour des trafics de 3 Mo (9 euros par mois), 10 Mo (19 euros) et 20 Mo (29 euros), en plus de la ligne voix associée (sinon, compter 10 euros supplémentaires).

Côté « data », 4 forfaits ? seuls ou complémentaire des offres « voix » ? permettront rester en contact avec son entreprise et de surfer sur Internet comme à partir d’une ligne fixe. Le offres varient de 5 Mo de données échangées pour 5 euros par mois à 79 euros pour une offre totalement illimitée (dans le temps et en volume de données). Ces forfaits sont exploitables à partir d’un ordinateur portable via une PC Card Edge (fournie par Sierra Wireless) ou via un téléphone Edge équipé de Bluetooth qui fait alors office de modem. Les offres grand public n’arriveront qu’en octobre prochain quand les terminaux et services seront prêts.

Pour l’heure, Bouygues Télécom accompagne son lancement de 4 téléphones Nokia et 1 modèle Motorola (le V635). Ainsi que du téléphone-PDA Nokia 9300 équipé d’un écran couleur (65 000) 16/10e, d’un clavier azerty et de 200 Mo de mémoire. Cet été, HP livrera exclusivement pour Bouygues l’iPaq hw6515 qui intégrera notamment un GPS (solution Tom Tom Navigator), Bluetooth et un appareil photo de 1,3 mégapixel. Le PDA-téléphone devrait être commercialisé autour de 400 euros.

Vers une intégration du Wi-Fi

Après avoir misé sur l’iMode au lieu du WAP puis sur l’Edge au lieu de l’UMTS (dont il a obtenu un report de lancement à 2007 de la part de l’Autorité de régulation des télécommunications), une fois encore, Bouygues Télécom se distingue de ses concurrents. SFR a lancé son offre 3G en novembre dernier. Mais la technologie reste cantonnées à une poignée d’utilisateurs. Bouygues souligne d’ailleurs que la qualité de pénétration des ondes UMTS est beaucoup moins grande que celle de l’Edge et reste incompatible avec le GSM/GPRS, ce qui oblige à changer de carte Sim (en plus du terminal). De son côté, Orange a d’abord misé sur l’UMTS en décembre 2004 avant de lancer à son tour l’Edge pour les entreprises en avril dernier et de l’annoncer pour le grand public pour l’été prochain.

Ce qui n’empêchera pas Bouygues Télécom d’évoluer vers le HSDPA, l’UMTS de deuxième génération dans les prochaines années. Prudent, l’opérateur se contente d’observer l’évolution des technologies, notamment dans le cadre d’une convergence avec les communications de type Wi-Fi et Wimax. « On se dit que le maillage technologique se fera », confie Gilles Pélisson qui réfléchit à une offre qui combinerait Edge, HSPDA, Wi-Fi et Wimax. Une telle offre pourrait voir le jour entre 2007 et 2009, selon le dirigeant.