Les armes cachées de l’iTunes Music Store

Mobilité

Pressée de copier le succès commercial de l’iTunes Music Store, la concurrence a oublié l’aspect technique : micropaiements, flux XML, services d’applications, Java, WebObjects, la boutique d’Apple fourmille de technologies.

Napster, Dell, Microsoft, BuyMusic, Musicmatch (voir édition du 8 octobre 2003), la concurrence fourbit ses armes dans l’espoir de concurrencer l’iTunes Music Store. Il faut dire que l’objectif d’Apple, très ambitieux, de parvenir à 100 millions de chansons vendues avant la fin du mois d’avril fait des envieux. Mais les nouveaux participants ont-ils pris en compte les moyens techniques mis en oeuvre par la firme dans son magasin virtuel ? L’iTunes Music Store, qui repose essentiellement sur la technologie QuickTime, s’appuie en effet sur des fonctionnalités secrètes d’Apple. Pièce maîtresse de la stratégie, WebObject, le logiciel Java serveur d’applications de la firme (voir édition du 5 septembre 2002). Issue des travaux de NeXT, cette application qui a transformé les activités de la poste américaine est le premier serveur d’applications objets utilisé par Dell dans son modèle de distribution en ligne. Peu vanté par Apple, ce logiciel est pourtant un élément clé dans le succès de ses sites, qu’il s’agisse d’AppleStore ou de QuickTime, le premier site Internet pour ce qui du téléchargement de bandes-annonces de films.

Mais le meilleur est à venir : pour l’iTunes Music Store, Apple utilise XML. « C’est potentiellement révolutionnaire », indique Tim Bray sur son site Ongoing.org. « Cela signifie que n’importe qui peut écrire un logiciel pour consulter le magasin d’Apple, en n’utilisant rien d’autre que des analyseurs XML et un client HTTP. On peut même penser qu’Apple publiera des interfaces de programmation basées sur XML pour acheter un morceau. » En fait, il faudra utiliser les outils de développement d’Apple pour réaliser de telles applications, notamment sa liste de propriétés XML. Mais les flux XML de l’iTunes Music Store renseignent aussi sur les plans de développements possibles pour la firme. Par exemple le type de format de média (éventuellement vidéo ou autres), le niveau et le taux d’échantillonnage (actuellement sur 128 bits à 44,1 kHz) ou l’utilisation du codage en UTF-8 qui permettra au magasin d’afficher n’importe quel type de caractère d’un autre pays (au premier chef, on pense bien sûr aux caractères japonais). La rumeur dit aussi que la firme serait déjà en train de préparer un logiciel permettant aux producteurs de musique de référencer leurs morceaux en ligne. Résultat, l’utilisation d’XML devrait permettre à Apple d’augmenter sa base de titres à la vitesse d’un cheval au galop !

Une interface Web pour l’iTMS ?

Enfin, on notera que la boutique en ligne propose la facturation au dixième de cent. Pour lancer une initiative de micropaiements, comme le suggère Jonathan Rentzsch sur son site ? Ou pour prendre en compte le change dans certaines monnaies fortes telles que le yen ? « En dernier lieu, pourquoi Apple a-t-elle décidé de créer ses propres métadonnées alors que des solutions existaient ? A mon avis, ils offriront bientôt à leur magasin une interface Web, semblable à celle d’Amazon », pense tout haut Tristan Louis sur son site TNL.net. En fait, la firme propose sur son site un iTunes Link Maker, un créateur de liens hypertextes permettant aux opérateurs de sites Web de générer des liens directs vers les artistes, les chansons ou les albums de l’échoppe. Avec l’intégration de boutons de l’iTunes Music Store dans la solution d’AOL, on sait maintenant que ces présupposés sont exacts : l’iTunes Music Store peut s’exporter ailleurs que dans une application d’Apple. En plus, la version 4.1 d’iTunes (voir édition du 23 octobre 2003) permet de glisser-déposer des liens vers le magasin dans des e-mails, des messages instantanés ou des pages Web. L’arsenal d’Apple pour que sa solution domine largement le marché de la musique en ligne ne semble donc pas seulement marketing (voir édition du 17 octobre 2003).