Les constructeurs se transforment en sociétés de services

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Pour compenser la baisse continue des prix des matériels informatiques, les constructeurs recentrent leurs activités sur les services et les logiciels informatiques afin de dégager des marges plus importantes. Une stratégie qui semble payer puisque le chiffre d’affaires de la division Global Services d’IBM dépasse les divisions matériels ou logiciels, transformant Big Blue en une société de services. Les autres constructeurs semblent aussi vouloir se lancer dans cette voie.

Sommes-nous en train d’assister à une profonde mutation du secteur de l’informatique ? C’est la question que l’on pourrait se poser face à la récession économique qui touche de plein fouet ce secteur. Pour la première fois depuis 1986, la croissance des ventes d’ordinateurs personnels est négative, selon une étude réalisée par Gartner Dataquest. Le cabinet d’analyse évalue en effet à 1,9 % le recul des ventes d’ordinateurs de bureau sur le deuxième trimestre 2001, soit environ 30,4 millions d’unités vendues dans le monde. Le marché américain accuse un recul de 8 %, tandis qu’une progression inférieure à 5 % est évaluée pour l’Europe de l’Ouest, 9 % pour l’Asie, 11 % pour l’Amérique Latine. Dell est un des rares constructeurs à avoir vu progresser ses ventes mondiales de 20,2 % sur la période avril-juin. Tous les constructeurs n’affichent pas de pareils résultats : Compaq accuse une baisse de 14,4 % sur cette même période. D’autres ténors de l’informatique, tels Intel ou encore Apple, ont annoncé la semaine dernière des prévisions pessimistes.

IBM limite les dégâts grâce aux services

Face à ce constat, les constructeurs ont entamé une profonde mutation afin de limiter leurs pertes. Beaucoup ont pris le virage des services. De simple activité annexe, les services ont pris un réel poids parmi les constructeurs. IBM semble ainsi avoir limité les dégâts en misant sur sa branche IBM Global Services. Big Blue a en effet enregistré une progression de 5,4 % de son bénéfice net au deuxième trimestre, un chiffre en ligne avec les prévisions moyennes des analystes. Mais si l’américain parvient à se maintenir à flots, c’est en partie grâce à la diversification de ses activités, notamment dans les services. Ces derniers ont même pour la première fois dépassé les ventes de matériel. Le chiffre d’affaires lié aux services a progressé de 6,8 % à 8,74 milliards de dollars contre 8,65 milliards pour le hardware qui affiche, lui, une baisse de 5,5 % pour le deuxième trimestre de cette année. L’activité logiciels est elle aussi en net repli de 4,6 % à 3,04 milliards. La prédominance des services devrait se confirmer dans les années à venir. A cette vitesse-là, IBM pourrait bien se définir comme une société de services et non plus comme un constructeur. Le groupe prévoit en effet une augmentation d’environ 15 % du chiffre d’affaires de la division Global Services dans les prochains mois.

Une telle perspective de croissance n’a bien sûr pas échappé aux différents acteurs. Compaq prévoit ainsi de faire passer la part des services dans son chiffre d’affaires d’un cinquième actuellement à un tiers. Gateway, qui s’était engagé dans la même stratégie de prix bradés que Dell, va finalement se tourner vers les services afin de dégager des marges plus importantes. Ted Waitt, PDG et fondateur du groupe, a décidé de transformer la société en fournisseur de solutions informatiques individualisées. Concrètement, Gateway a mis sur pied une nouvelle division, Solution Group, qui aura pour tâche d’intégrer le matériel, les logiciels et les services dans une offre unique répondant à la demande précise de chaque client. Les services vont d’autant plus s’imposer aux constructeurs que le traversée du désert sera longue. IBM estime lui-même que le troisième trimestre s’annonce des plus difficiles.