Les meilleurs ‘Big Brothers’ français

Mobilité

Ce week-end, lors de la rencontre européenne des contre-cultures numériques, les premiers Big Brother awards français ont été décernés. Champions des invasions dans la vie privée et de la surveillance : le ministère de l’Intérieur, la Sonacotra, la ville de Vaulx-en-Velin et l’Inria. Un prix spécial a récompensé Sagem Morpho.

Fin octobre, l’histoire d’un policier de Nice soupçonné d’avoir utilisé à des fins personnelles un fichier de la police fait les gros titres. L’homme s’est servi du Stic (Système de traitement des infractions constatées) pour en savoir plus sur les candidats à l’entrée à la Grande loge nationale française, branche de la franc-maçonnerie dont il fait partie. L’affaire illustre les dangers d’un tel système, surtout elle replace sous les feux de l’actualité un fichier policier qui est utilisé bien qu’il ne soit pas légal. Aujourd’hui, le Stic se retrouve à la une avec les Big Brother awards dont la première édition française s’est déroulée ce week-end lors de la ZeligConf, rencontre européenne des contre-cultures numériques. Le Stic permet en effet au ministère de l’Intérieur d’obtenir la première place dans la catégorie « Etat, administration la plus intrusive ».

Dans la catégorie « entreprise la plus intrusive », on retrouve un organisme qui a collaboré avec la police, bien qu’il ne s’agisse nullement de ses prérogatives. A l’unanimité, le jury s’est prononcé pour la (Société nationale de construction pour les travailleurs). Société anonyme d’économie mixte, d’après ce qu’elle indique, son rôle consiste à « aider les maires à résoudre les problèmes de logement des personnes en situation difficile sur leurs communes, notamment grâce aux résidences sociales ». Mais si la Sonacotra caracole en tête des entreprises les plus intrusives, c’est parce que des fichiers sur ses locataires atterrissaient régulièrement entre les mains de la police.

La vidéosurveillance très récompensée (!)

Vaux-en-Velin obtient le prix de la localité la plus intrusive, pour le système de vidéosurveillance mis en place par la municipalité. De son côté, l’Inria (Institut national de recherche en informatique et en automatique) a été gratifié du prix Big Brother du système le plus intrusif pour son système VSIS (projet Orion), un « système intelligent de vidéosurveillance » (voir cette présentation au format Powerpoint). Enfin, la Sagem Morpho remporte un prix spécial « pour l’ensemble de son oeuvre ». La filiale de la Sagem, leader mondial dans l’identification des empreintes digitales, propose des outils qui « gèrent plus de 100 millions de données d’identification de personnes dans le monde », selon une source interne de la société. Soulignons pour terminer la remise du « Prix Voltaire de la vigilance » au collectif « Souriez vous êtes filmé » pour ses actions contre les caméras de vidéosurveillance.