L’iMac, nouvelle cible des constructeurs de PC

Mobilité

L’iMac, une machine de référence ? On pourrait le croire à voir les efforts de Gateway pour persuader les clients potentiels que son Profile 4 lui est supérieur. Un geste qu’il n’est pas le seul à avoir fait : un autre constructeur, Northgate Innovation, avait fait de même en juillet. Une bizarrerie toute californienne !

Le constructeur Gateway a décidé de croiser le fer (seul pour l’instant) avec Apple, en positionnant l’un de ses derniers modèles par rapport à l’iMac G4, qui avait fait sensation à sa sortie en janvier 2002 (voir édition du 11 janvier 2002). Un ordinateur design à écran plat s’en rapprochant vaguement, des caractéristiques techniques mettant en avant les similarités (écran LCD), autant que les différences (prise USB 2.0). Une publicité comparative classique dans les médias américains… Le constructeur a même demandé à un laboratoire indépendant de réaliser un comparatif entre les deux séries d’engins. E-Testing Labs s’y est prêté bien volontiers en mettant dos à dos deux Profile 4 de Gateway et deux iMac d’Apple. Les performances de ces systèmes ont été analysées dans différents domaines allant de la vidéo 3D (avec une démo de Quake 3 Arena) au chargement de pages Web contenant des codes Javascript, en passant par les temps de démarrage des machines et de chargement d’un document PDF de 104 pages pesant ses 2,41 Mo dans Acrobat Reader.

Des conditions de test à revoir

Résultat décevant pour Apple : les deux iMac (des machines tournant sur des G4 à 700 et 800 MHz) se font battre à plate couture sur tous les plans par les deux Profile 4 (utilisant un Celeron à 1,7 GHz et un Pentium 4 à 2,66 GHz). Dans tous les domaines, l’iMac se retrouve à la traîne. A peu près trois fois moins rapide ! Alors ? Pas vif, l’iMac ? Peut-être, même si les conditions de test sont sujettes à caution sur certains points. On note tout d’abord que les machines d’Apple utilisées fonctionnent sous Mac OS X 10.1, une version du nouveau système d’exploitation d’Apple qui est loin d’être peaufinée (voir édition du 19 août 2002) comme l’est au contraire Windows XP Home Edition (une énième amélioration de Windows NT), utilisé sur les deux autres machines. Les tests stimulent plus volontiers le rendu graphique, un point où la encore le système d’exploitation d’Apple n’est pas prêt. Mais pire pour Apple : le bus système du PC tourne à 400 MHz, quatre fois plus vite que celui de l’iMac, et la mémoire utilisée est de la mémoire DDR, un type non intégré dans les iMac. Le client n’y verra toutefois que du feu, d’autant que Gateway tente de s’adresser au même public qu’Apple. Et il n’est pas le seul : fin juillet, un autre constructeur californien, Northgate Innovations, avait joué les éclaireurs sur la piste de la comparaison avec l’iMac. Son Integra devait attirer les aficionados du Mac. « Les utilisateurs de l’iMac peuvent en attendre un minimum de 35 % d’amélioration de performances et une économie de 35 à 40 % à l’achat », mettait en avant le constructeur.

Tant sur le Gateway que sur l’Integra de Northgate Innovations, les observateurs et les analystes s’avèrent sceptiques : « Ils ont commercialisé un lavabo de cuisine retourné et ils prétendent qu’ils vont concurrencer Apple parce qu’ils y ont mis des outils d’édition vidéo. Mais dire que vous avez une machine tournant sous Windows et que vous concurrencez Apple paraît bizarre », avait indiqué Russ Craig à nos confrères de NewsFactor à la sortie de l’Integra. Même son de cloche avec le Profile 4 : « C’est une erreur de ne pas avoir le graveur optique de DVD. Il s’agit de l’avantage principal qu’Apple détiendra sur eux. Comme tout-en-un, le Profile est une machine destinée au multimédia, et sans le graveur optique de DVD, une pièce importante manque », précise l’analyste d’ARS Toni Duboise.

Apple doit pourtant rattraper un certain retard technologique

Ces commentaires critiques ne masquent pourtant pas une réalité confondante pour la Pomme : ses machines ont du retard en termes d’architecture système et par conséquent, en termes de performances. Et si les constructeurs de PC ont du mal à s’aventurer sur le terrain du design, ils tâchent de profiter des avantages techniques de leurs machines. Mais la question des performances est désormais dépassée : les machines sont arrivées à un stade où elles suffisent largement aux quelques fonctions importantes pour la grande majorité des utilisateurs.

Démonstration qu’Apple a choisi la bonne voie ?

Alors, reste une interrogation : pourquoi attaquer Apple sur ce terrain ? Northgate Innovations tente d’attirer des clients du Mac, tandis que Gateway tâche de jouer sur la similarité de sa machine pour tâcher d’éviter une hémorragie de switchers, ces utilisateurs qui abandonnent leur PC pour un Mac. Tant une stratégie que l’autre tend à démontrer qu’Apple a appuyé là où ça fait mal : le monde informatique est bien terne sans réflexion sur la fonction et la forme, deux domaines que la firme maîtrise. Ces premières attaques indiquent-elles un retournement de marché favorable au Mac aux Etats-Unis ? Ou une telle concurrence des fabricants survivants qu’ils ne peuvent s’attaquer qu’aux miettes du marché ? Difficile à dire pour le moment, mais il s’agit à n’en pas douter d’un signe évident de la passe difficile traversée par les constructeurs, s’ils tentent de grignoter les parts de marché d’un concurrent dont ils ne se préoccupaient guère jusqu’à présent.