L’industrie du cinéma veut aussi sa charte anti-piratage

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La première rencontre formelle entre les fournisseurs d’accès et l’industrie du cinéma devrait aboutir à une charte contre le piratage des films avant la fin de l’année.

Après la musique, le cinéma. Les fournisseurs d’accès rencontraient, aujourd’hui, les représentants de l’industrie du cinéma en vue de réfléchir à la lutte contre le piratage des films sur Internet, essentiellement pratiqué via le partage de fichiers sur les réseaux d’échange peer-to-peer (P2P). Une première réunion de prise de contact destinée à mettre en place un cadre de travail. « L’idée est d’aboutir à ce qu’on a fait avec l’industrie du disque », explique Stéphane Marcovitch, secrétaire général de l’association des fournisseurs d’accès français (AFA). Le développement des offres légales et la mise en place de mesures pédagogiques constituent les principaux objectifs de ces rencontres.

Un calendrier d’exploitation spécifique

Mais la problématique est différente de celle de la musique. « La chronologie des médias dicte la vie d’un film et ses revenus », rappelle Frédéric Delacroix, délégué général de l’Association pour la lutte contre la piraterie (Alpa). Les films sont en effet soumis à un calendrier d’exploitation précis en fonction des plates-formes de diffusion : exploitation en salles, suivie de la commercialisation sur support vidéo (cassette, DVD…) et diffusion sur les chaînes payantes puis gratuites. Pour l’AFA, la disponibilité d’un long métrage sur Internet devrait « se caler sur celle de la vidéo ». Pour l’heure, aucune décision n’a été prise et les intérêts parfois divergents des nombreux acteurs de cette industrie (exploitants, producteurs, diffuseurs…) risquent de compliquer les discussions.

« Le consensus se fera sur la lutte contre le piratage », estime Frédéric Delacroix. Le porte-parole de l’AFA rappelle que les internautes cherchent avant tout les films récents et les fichiers de qualité. Les offres légales ont donc une carte à jouer sur ce dernier point. Sauf qu’elles brillent pour le moment par leur absence et la pauvreté des catalogues. En France, Moviesystem est la seule plate-forme légale capable de distribuer des films en ligne.

Le filtrage, une solution onéreuse et inefficace

La question du filtrage a rapidement été abordée. Elle est, pour l’heure, soumise aux résultats d’une expertise en cours. Le discours des FAI n’a cependant pas changé : le filtrage est une mesure onéreuse et son efficacité peut être remise en cause. « Tout est contournable », estime-t-on du côté de l’Alpa, « mais si seulement une frange des internautes est en mesure de contourner le filtrage, cela limitera considérablement le piratage ». Une vision que ne partage pas Stéphane Marcovitch : « Il suffira de crypter les fichiers et là, on ne pourra plus rien faire. »

L’objectif immédiat est donc de « réduire le piratage à un niveau qui permettra le lancement d’offres légales », résume Frédéric Delacroix. Des offres légales susceptibles de diminuer la tentation de faire son marché sur les réseaux P2P. Mais il va falloir faire vite, notamment du fait de l’arrivée des offres d’accès à plus de 10 Mbit/s (voir édition du 19 octobre 2004). « Lancer des offres à 15 Mbit/s sans service derrière, c’est donner des outils pour télécharger des films », estime l’Alpa. Argument certes discutable mais néanmoins réaliste. Les acteurs concernés espèrent trouver un accord avant la fin de l’année.