Linux : les stratégies opportunistes de HP et IBM

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Face à l’engouement croissant des entreprises pour Linux, les grands constructeurs tels HP et IBM se mettent à proposer non seulement des serveurs mais aussi des postes de travail tournant sous l’OS libre. Au risque de concurrencer leurs propres systèmes Unix propriétaires…

Tant HP qu’IBM ont chaussé leurs gros sabots pour montrer tout l’intérêt qu’ils portent à Linux. Cette semaine, alors que se déroulaient en même temps la Linux Expo à Paris (voir édition du 28 janvier 2002) et le salon Linux World à New York, les deux grands constructeurs et fournisseurs de services informatiques ont occupé le devant de la scène. Première annonce caractéristique, l’accord signé entre HP et MandrakeSoft permettant au constructeur de préinstaller la distribution Mandrake 8 sur tous les PC de la gamme professionnelle (Vectra et eVectra). Une vraie révolution en soi puisque, si Linux a largement fait ses preuves dans le domaine des serveurs, le système est très peu utilisé sur les postes clients. Selon HP, déjà 15 000 machines, fonctionnant donc uniquement sous Linux, ont ainsi été livrées à des entreprises. Un volume que MandrakeSoft seul aurait certainement eu du mal à atteindre. Linux pousse aux développement des services Sur le front des serveurs aussi, HP et IBM ont abattu leurs cartes. Serveurs en clusters à plusieurs centaines de noeuds pour le premier, mainframe pouvant faire tourner indépendamment plusieurs serveurs sous Linux sur une même machine pour le second (voir édition du 25 janvier 2002), Linux est présent partout. Mais attention, pas question pour autant de compromettre les marchés détenus par les autres systèmes d’exploitation, notamment les Unix « maison » tels HP/UX ou AIX. Bien plus adaptés, il est vrai, aux serveurs massivement multiprocesseurs, ces systèmes sont aussi des sources de revenus non négligeables puisqu’ils ne sont pas distribués selon les termes de la GPL (General Public Licence) comme l’est Linux. Et il faut bien rentabiliser les efforts de développement. Comment faire avec Linux, système distribué quasiment gratuitement mais qui demande pourtant les mêmes efforts de développement ? Fournir les services qui vont avec, naturellement. Là est tout l’enjeu.Malgré toute leur bonne volonté, des sociétés phares du monde Linux comme Red Hat, SuSE ou Turbo Linux ne peuvent répondre à l’engouement de plus en plus grand que suscite le système libre. Et lorsque de grandes sociétés multinationales ont besoin de s’équiper de plusieurs centaines de serveurs ou de plusieurs milliers de postes de travail, c’est à leurs partenaires classiques qu’elles s’adressent. Devant une telle demande, HP ou IBM sont donc bien obligés de réagir. Puisqu’on leur demande du Linux, ils fournissent du Linux. Mais dans le même temps, on les sent bien embêtés : il ne faut surtout pas faire peur aux sociétés, encore majoritaires tout de même, qui n’ont pas fait le choix du logiciel libre. D’où, certainement, ce discours mi-figue mi-raisin autour du système libre. Voilà qui risque, finalement, de ne pas simplifier le choix des entreprises…