Lotus se tourne vers Microsoft Outlook

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Confronté au succès des outils de Microsoft, Lotus va devoir collaborer avec son rival pour permettre aux logiciels Domino/Notes d’échanger leurs services avec Outlook.

A l’occasion du cycle de conférences Lotusphere, démarré le 16 janvier 2000 à Orlando aux Etats-Unis, le patron de Lotus Jeff Papows, qui quittera son poste dans quelques semaines, a présenté les grandes lignes d’une nouvelle collaboration entre Microsoft et la filiale d’IBM. Malgré leur concurrence sur le terrain des logiciels de messagerie en version serveur (Domino/Exchange) comme sur les postes clients (Notes/Outlook), Lotus a choisi d’ouvrir ses services à Outlook.

Officiellement, il s’agit de ne pas pénaliser les utilisateurs en les limitant à un seul logiciel de consultation pour gérer leur courrier électronique. Par exemple, un salarié en déplacement devrait pouvoir consulter son e-mail plus facilement depuis n’importe quel poste. L’éditeur, qui revendique 56 millions d’utilisateurs de Notes dans le monde, reconnaît ouvertement la bonne qualité du logiciel de Microsoft. Peu de détails ont toutefois filtré pour donner une idée de la « transparence » de l’accès à la messagerie, quel que soit le logiciel client.

« Il existe de nombreux utilisateurs d’Office qui n’utilisent pas Domino », a expliqué Jeff Papows. Et de continuer : « Nous gagnerons du terrain à certains endroits et en cèderons à d’autres. J’ai confiance pour que, dans la guerre des parts de marché, les deux compagnies se concurrencent de manière efficace ». Fin 1999, selon une étude IDC, Lotus détenait 41 % du marché des logiciels client de messagerie, devant Microsfot (34 %) et Novell (18 %).

L’accord entre les deux sociétés, que d’aucuns percevront comme un aveu d’impuissance de Lotus, n’est pas synonyme d’entente cordiale, loin s’en faut. Le climat est même à l’orage : le 10 janvier 2000, Lotus a publié un communiqué pour protester contre la façon dont Microsoft a dénigré, suite à la publication de bancs d’essais, le serveur Domino R5. Pour défendre son produit Exchange 5.5, Microsoft aurait, selon son concurrent, diffusé un communiqué « fallacieux » qui évoquait des résultats obtenus avec « une configuration de test de Domino défectueuse ». Invoquant les résultats, qui mettaient en valeur des tests en POP et SMTP, l’équipe technique de Microsoft expliquerait qu’Exchange « a largement dépassé (..) Domino R5 dans les tâches critiques d’e-mail ».

Malgré les différends, Lotus se voit contraint d’adopter les standards de la firme de Redmond. L’un des exemples est l’accord signé le 15 septembre dernier pour intégrer la technologie Windows Media dans Notes/Domino R5. Il correspond au souhait de Lotus d’étoffer son logiciel phare avec la panoplie de fonctions multimédia nécessaires pour profiter de l’interactivité du Web et à terme de la messagerie unifiée (vidéoconférence, retransmission audio en direct, boîte vocale). Dans le même domaine, signalons que deux accords avec Applied Voice Technology et l’équipementier Nokia avaient été signés quelques semaines après pour intégrer des fonctions de messagerie vocale à Domino (voir édition du 27 octobre 1999).

Lotus signale aussi qu’il veut étendre les services de Domino/Notes à l’ensemble des appareils communicants (téléphone Internet, PC de poche). La sécurité des réseaux sans fil n’étant pas encore optimale, il lui faudra convaincre les entreprises de la qualité intrinsèque de ses outils. Et là, il faudra faire quelques progrès. Début décembre, on découvrait une faille susceptible de découvrir les mots de passe des utilisateurs de Notes 5 (voir édition du 3 décembre 1999). Plus récemment, l’éditeur a signalé l’existence de sérieux plantages sur les serveurs manipulant, sous certaines conditions, des fichiers dont la date dépasse l’an 2000 ou est antérieure à 1950 (voir édition du 13 janvier).

Pour en savoir plus : Lotus