M. Taieb (Bolloré Telecom): « Pas de lien entre l’arrêt d’une station Wimax et notre stratégie globale »

Mobilité

Le directeur général de Bolloré Telecom revient sur les raisons de l’arrêt de l’exploitation du Wimax en Artois et précise la stratégie de l’opérateur.

Bolloré Telecom a décidé de stopper l’exploitation d’une station Wimax dans l’Artois, près de Béthune (Pas-de-Calais) , en raison d’un nombre d’abonnés suffisants et donc de rentabilité.

En marge de cette affaire, ITespresso.fr (ex-Vnunet.fr) a interviewé Marc Taieb, directeur général de Bolloré Telecom qui détient 20 licences Wimax sur l’ensemble de la métropole. Il revient sur le choix de mettre fin à l’exploitation de cette station par laquelle le scandale est arrivé. Il livre son point de vue sur la stratégie de son entreprise pour déployer un réseau Internet haut débit mobile…(Interview réalisée le 17 juin 2009).

ITespresso.fr : Pourquoi avoir arreté le Wimax en Artois ?

Marc Taieb : Après avoir repris des licences à HDRR, nous avons regardé quelles étaient les zones déficitaires. Pour la station que nous avons décidée d’arrêter, elle engendrait pour notre entreprise une perte mensuelle d’environ 9000 euros hors taxes. Dans cette logique, nous ne pouvions pas atteindre un équilibre à court ou long terme. Et hélas, nous ne pouvons pas nous permettre d’engendrer un centre de coût sans fond. Elle sera donc démontée fin juin, non sans avoir pris le soin d’assurer une connexion alternative aux abonnés de NordNet. C’est le syndrome bien connu de la boutique qui ne peut pas couvrir son loyer avec ses clients alors qu’il a d’autres charges en sus.

ITespresso.fr : Pourtant, le Wimax était présenté comme une solution miracle pour résorber les zones blanches…
Marc Taieb: Effectivement, mais il faut préciser que l’intervention des collectivités est indispensable pour garantir un investissement suffisant et ainsi garantir une couverture optimale. Y compris lorsque le nombre d’abonnés sera limité. Un rapport de l’ARCEP confirme ce modèle qui reste bien entendu cantonné à la volonté des élus en matière d’aménagement numérique du territoire. Certaines sociétés sont spécialisées dans les montages avec les collectivités locales. De notre coté, nous n’avons pas d’expertise de financement de projet avec l’argent public. Nous n’avons d’ailleurs pas l’ambition de nous spécialiser. Nous comprenons qu’en période de crise, il est mal vu de dire que l’on arrête un service. Mais, dans le cas présent, nous avons tout mis en oeuvre pour limiter l’impact sur les abonnés. Nous allons nous assurer qu’ils vont migrer vers une solution satellite dans des conditions techniques et économiques optimales et nous prendrons en charge une partie des coûts d’installation. Les équipes de Bolloré Telecom ont pris cette décision après avoir constaté qu’il était impossible de tenir un modèle sur un seul site.

ITespresso.fr: Votre stratégie s’oriente donc vers un abandon du Wimax ?
Marc Taieb: Il n’y a pas de lien entre l’arrêt d’une station faute de rentabilité et notre stratégie globale. Dès que l’éco-système autour du Wimax/LTE prendra forme, je pense que nous pourrons déployer d’autres stations. Mais hélas, il n’y a pas encore d’équipements domestiques Wimax ni de mobiles compatibles Wimax. La balle est dans le camp d’Intel. Nous savons par expérience que les débits disponibles sont très importants. Seule l’arrivée des équipements terminaux en abondance peut débloquer la situation. Nous portons désormais un regard attentif aux technologies liées à la future 4G, comme la norme Long-Term Evolution (LTE). Mais il s’agira avant tout d’un modèle dans lequel seront ciblées les zones denses qui peuvent demander des services haut débit mobiles. Tout en assurant une rentabilité qui nous permettra d’envisager un déploiement plus large de notre réseau. La bombe de la data mobile a trouvé son détonateur avec l’iPhone, elle devrait exploser au cours des trois prochaines années.

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