Mangoosta plus cher: la faute au dégroupage ?

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Dans le domaine des nouvelles technologies, une augmentation de prix, ça n’arrive pas tous les jours. C’est pourtant la décision qu’a prise Mangoosta, en faisant notamment passer son abonnement 521 Kbits/s de 290 à 390 francs (pour les nouveaux abonnés seulement). Et la responsabilité en reviendrait, une fois de plus, à France Télécom qui traînerait un peu trop les pieds pour mettre en place ce fameux dégroupage que tous les opérateurs attendent…  

390 francs par mois, au lieu de 290 francs TTC auparavant pour son abonnement mensuel à l’ADSL à 512 Kbits/s ! Mangoosta, un FAI qui ne propose que des abonnements haut débit, vient de décider d’augmenter ses prix de façon drastique. « C’est une décision stratégique pour nous », explique-t-on chez le FAI. « Nous avons décidé de ralentir un peu notre croissance ». Et elle devrait effectivement subir quasiment un coup d’arrêt puisque des concurrents comme Club-Internet ou Wanadoo, n’ont, pour le moment en tout cas, pas l’intention de changer leurs offres qui tournaient également aux alentours de 300 francs par mois (voir édition du 26 février 2001). Mais il ne s’agit pas que de cela. Une fois de plus, Mangoosta pointe son doigt vers France Télécom, rendant l’opérateur historique responsable des retards pris dans la mise en place du dégroupage.

Une petite explication technique s’impose. Pour le moment, bien qu’un abonné Mangoosta n’ait aucun rapport financier avec France Télécom, concernant son abonnement haut débit tout du moins, c’est bien le réseau de l’opérateur historique qui est utilisé. Mangoosta n’est qu’un intermédiaire de revente de l’offre, dite Connect IP, de France Télécom. Charge à lui de négocier avec l’ancien opérateur national pour obtenir des prix de gros compatibles avec son prix de vente. C’est bien là que le bât blesse : 290 francs, ce n’est pas rentable. Et le dégroupage, permettant notamment à un opérateur de développer son propre réseau et donc de mieux maîtriser ses coûts, donne les moyens de contourner la difficulté. Mais, évidemment, France Télécom traîne les pieds. Ses récents démêlés avec l’ART le montrent bien (voir édition du 2 mars 2001).

Une nouvelle révision du prix pour fin mai ?

Résultat, Mangoosta est contraint d’augmenter ses prix pour pouvoir continuer. 290 francs, vente à perte ? « Pas exactement », nous explique-t-on chez Mangoosta. « Il s’agit plutôt d’un investissement pour recruter des abonnés ». Que le FAI pensait donc rentabiliser plus tôt. « Nous nous donnons quelques semaines de répit et reconsidérerons la question vers la fin mai », dit encore Mangoosta. « La situation aura peut-être changé. Entre temps, nous nous concentrerons sur l’amélioration de notre service à nos 10 000 clients actuels. C’est vrai que nous avons quelques problèmes d’assistance technique par exemple ». Détail important, les nouveaux prix (l’offre 1 024 Kbits passant, elle, de 620 à 750 francs HT), ne s’appliquent qu’aux nouveaux abonnés, ceux qui le sont déjà conservant l’ancien prix.

Pour Sébastien Socchard, directeur général de Worldnet récemment devenu filiale de Kaptech, la décision de Mangoosta n’a rien d’étonnant. « C’est pour ces mêmes raisons de tarifs France Télécom que nous avons renoncé à l’idée de proposer des packs ADSL tout compris », indique-t-il. « C’est simple. Nous avons téléphoné à France Télécom pour obtenir les prix de Connect IP et en additionnant le tout, on obtenait un coût de revient supérieur de 10 % au prix public du pack Wanadoo ! Il y a bien un problème. En tout cas, nous n’aurions absolument pas pu proposer un pack à 300 francs sans perdre de l’argent. » Pour le moment, l’opérateur se contente donc de proposer un abonnement ADSL à 130 francs par mois, impliquant que l’abonné se charge lui-même de l’ouverture d’une ligne Netissimo auprès de France Télécom. Et encore n’en fait-il pas grand bruit car, selon Sébastien Socchard : « De toute façon, cela ne fonctionne pas. France Télécom ne garantit pas le débit de l’ADSL. Du coup les abonnés paient pour un débit de 512 Kbits/s qu’ils n’obtiennent pas. » Et tant que le dégroupage n’est pas en place, toutes les offres ADSL subissent le même désagrément. Certains même s’étonnent que les chiffres donnés par le site Grenouille.com, qui recense des tests de débit réalisés par les abonnés eux-mêmes, montrent que l’offre Netissimo de France Télécom affiche un débit moyen supérieur en moyenne à celui des concurrents…

Pas d’augmentation prévue chez Wanadoo

Chez Wanadoo, le FAI de France Télécom, le discours est un peu plus lisse, on s’en doute. Même si, normalement, Wanadoo en tant que FAI a les mêmes relations avec France Télécom opérateur que ses concurrents, il ne se plaint pas des tarifs pratiqués. Yves Parfait, directeur général de l’activité, nous l’explique : « Nous considérons notre business dans son ensemble. Nous avons toujours dit que l’activité fourniture d’accès dans son ensemble [modem classique et haut débit, Ndlr], ne serait de toute façon pas rentable avant 2003. Les packs ADSL ne sont donc qu’une partie du tout. » On n’en saura pas tellement plus. Mais il n’est pour l’instant pas question d’augmenter les prix du pack Wanadoo ADSL, qui reste donc à 298 francs TTC par mois (voir édition du 11 janvier 2001). « Reste que la décision de Mangoosta », continue Yves Parfait, « est plutôt une bonne chose. Cela signifie peut-être une pause dans la guerre des prix et donc un marché plus sain ». Et son regard de se tourner vers des FAI comme Oreka qui n’a pas tenu son modèle de gratuit-gratuit (voir édition du 23 février 2001).

Alors, le haut débit pour tous, c’est pour quand ? « Pas avant 1 voire 2 ans », estime Sébastien Socchard. « Cela ne deviendra vraiment intéressant que quand nous aurons de l’ADSL a débit garanti et des services qui en tireront profit. Et la première étape est de se débarrasser du joug de France Télécom ». A bon entendeur…

Pour en savoir plus :

* Le site de Mangoosta

* Le site de Worldnet