Marc Bidou (Maximiles) : « Avec Dismoioù, on aborde le SoLoMo »

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Interview du P-DG de Maximiles qui vient de dévoiler ses résultats financiers 2011 : panorama des activités, offensive « SoLoMo », Europe et données personnelles, e-mailing politique…

ITespresso.fr : Le business de Maximiles, c’est l’exploitation des données. Que pensez-vous des premières préconisations de la Commission européenne concernant la révision de la directive sur la protection des données personnelles ?
Marc Bidou : Je ne vois aucun impact négatif pour nous. Au contraire, cela va dans le bon sens. Néanmoins, il faut faire la distinction entre ce que décide l’Europe et la manière dont les nouvelles règles sont mises en application pays par pays.

Normalement, ce devrait être identique. Ce n’est pas toujours le cas. Si l’on parle du système de cookies dans les systèmes de reciblage publicitaire (« retargeting »), Bruxelles penchait plutôt pour un système d’optimisation.

Mais, ce qui a été mis en place en France et dans les autres pays, c’est plutôt un système d’opt-out (collecte des données personnelles basée sur le consentement implicite de l’internaute).

Il est possible d’effectuer une demande pour ne pas être « retargeté » mais il faut que la personne effectue une démarche volontaire. Par principe, nous considérons qu’il soit important que les gens soient informés de ce que l’on fait.

Secundo, nous allons plus loin puisque nous ne travaillons qu’avec des personnes qui se sont inscrites à nos services et qui acceptent des conditions générales d’utilisation qui comprennent des informations sur l’usage des cookies. Nous pratiquons une politique d’opt-in fort (autorisation expresse et consentie au préalable de la personne).

Il faut juste faire attention à ne pas aller trop loin pour éviter que les gens confondent tout et qu’ils n’aient finalement pas peur de l’Internet.

Dans la nouvelle règlementation, il ne faudrait pas trop durcir les conditions au point d’aboutir à l’interdiction pure et simple des cookies. S’il n’y en avait plus, ce serait une catastrophe pour nous et pour l’utilisateur. Il faut juste interdire les usages abusifs qui en sont faits et préserver les usages intelligents.

ITespresso.fr : Avec la campagne présidentielle, menez-vous des opérations de mailing politique pour toucher les citoyens français pour le compte de partis politiques ?
Marc Bidou : Nous avons été sollicités dans ce sens. Nous avons catégoriquement refusé tout ce qui est politique. On reste dans le domaine commercial. On sait que cette approche politique peut être mal perçue par nos membres. Nous n’avons pas envie de nous associer à ce type d’opérations.

En 2005, nous avions mené ce type d’opération de manière totalement naïve sur 100 000 ou 200 000 adresses. A mon avis, cela a été une grosse erreur d’appréciation de notre part. Parce que nos membres n’étaient pas suffisamment mûrs pour accepter ce type de message par boîte mail.  Ce qui peut être difficile à expliquer puisque l’on en reçoit chaque jour dans sa boîte à lettre postale. Mais le mail, cela semble plus dérangeant.

Au-delà, il faut un e-mailing spécifique dit « associatif « qui n’est pas le même  que le marketing direct. Ce que personne ne savait à l’époque. La CNIL ne l’avait pas mis en place.

ITespresso.fr : Donc, on l’a compris : pas d’e-mailing politique en direct. Mais quid des panels en ligne ? Un institut de sondage peut-il exploiter des bases de données Maximiles en vue d’élaborer un sondage politique pour un média ou un parti ?
Marc Bidou : Tout à fait. Parmi les questionnaires, il est possible d’en réaliser pour le monde politique. Nous ne traitons pas directement avec les partis politiques ou le gouvernement. Uniquement via les instituts de sondage. Tout le monde croit que c’est un énorme business. Mais les sondages politiques représentent seulement 10% des études d’opinion.

Il ne faut pas croire qu’en année électorale, les budgets sont démultipliés. Ils sont un peu supérieurs, certes. Mais cela n’aura pas d’impact réel sur le business.


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