Matériels informatiques: achat ou location ?

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Les entreprises recourraient de plus en plus à la location de leur parc informatique au point de rendre l’achat quasiment marginal. Le marché de la location informatique est en pleine explosion. Si les constructeurs se sont jetés dans la bataille via leurs filiales, il n’en reste pas moins que les loueurs indépendants tirent leur épingle du jeu. Parmi ces sociétés, ECS arrive en tête des loueurs indépendants sur les marchés français et européen. Laurence Boucher, responsable marketing d’ECS, nous explique les raisons de l’attrait des entreprises pour la location et nous donne sa vision de ce marché.

VNUnet : L’entreprise peine aujourd’hui à recourir à la location d’applications en mode ASP, la location de matériel informatique suit-elle la même évolution ?

Laurence Boucher :Les entreprises recourent depuis longtemps à la location de leur parc informatique. Ce secteur est aujourd’hui en pleine croissance. On estime d’ailleurs que le marché croît de 15 à 20 % chaque année. La croissance de notre chiffre d’affaires est à ce titre significative. Il était de 5 milliards de francs en 1995, pour arriver à 10 milliards de francs en 1999. Aujourd’hui, on peut dire que les entreprises se tournent en majorité vers la location de matériel informatique plutôt que vers l’achat.

VNUnet : Pour quelles raisons la location attire-t-elle les entreprises ?

Laurence Boucher :Aujourd’hui, une entreprise renouvelle son parc informatique environ tous les 18 ou 24 mois. Mais avant cette période, la société peut évoluer, nécessitant alors une remise en question de ses choix informatiques. C’est là qu’apparaît le principal avantage de la location. En louant son matériel sur une durée de 24 mois, l’entreprise peut revoir son contrat et s’adapter au fur et à mesure de son évolution. Ainsi, elle n’a pas besoin de surinvestir sur le long terme en prévision de sa croissance. Ensuite, bien

entendu, il y a un avantage financier. L’achat de matériel coûte cher, pourtant ce coût reste nettement inférieur aux charges de maintenance et d’administration. C’est ce que l’on appelle le TCO (Total cost of ownership), c’est-à-dire le coût réel d’utilisation d’un équipement. Outre les dépenses associées à l’environnement du matériel comme la maintenance ou la formation, il faut ajouter celles liées à l’obsolescence technologique de tout équipement qui nécessite des mises à jour techniques. Viennent ensuite les coûts financiers intrinsèques à toute opération d’achat tels l’immobilisation des fonds propres ou l’alourdissement du passif du bilan. Dans le modèle locatif, tous ces frais annexes sont à la charge du loueur. En plus dans le cadre d’ECS, nous incorporons les frais d’assurance dans la globalité du contrat. La société se décharge complètement de tous ces problèmes pour se concentrer sur son métier d’origine.

VNUnet : Concrètement comment cela se passe-t-il avec l’entreprise ?

Laurence Boucher :L’entreprise peut louer tout type de matériel, que ce soit des stations de travail, des serveurs ou du matériel télécoms. L’entreprise peut choisir n’importe quel type de matériel. En fonction de ses choix, nous passons commande auprès des constructeurs. Nous sommes alors propriétaires du matériel et l’entreprise cliente nous verse un loyer.

VNUnet : Dans un système de location, l’entreprise peut-elle acheter son matériel ?

Laurence Boucher :Tout dépend de la nature de son contrat. La location peut revêtir plusieurs formes. La location financière permet à une entreprise de pouvoir louer pour une durée déterminée du matériel sans aucune possibilité d’évolution ou d’achat de son parc informatique. Ceci à la différence du crédit-bail qui donne l’occasion à l’entreprise d’acheter son matériel en fin de contrat de location pour une somme établie au moment de la réalisation du contrat. Toutefois, pour réaliser cette location, il faut passer auprès d’un organisme financier. Aujourd’hui, on s’aperçoit que la formule la plus couramment utilisée est la location évolutive qui permet de faire face à l’obsolescence de plus en plus rapide du matériel informatique sans subir une quelconque contrainte.

VNUnet : L’entreprise peut toutefois avoir recours à de la location de courte durée ?

Laurence Boucher :C’est une autre problématique. Les deux types de location ne s’opposent pas mais se complètent. La location courte durée, qui concerne généralement des périodes de 24 heures à 6 mois répond à une problématique d’urgence suite à un surcroît d’activité de l’entreprise, à l’embauche de personnels intérimaires pour faire face à des sinistres, ou encore pour des activités non quotidiennes comme l’organisation de salons ou de forums.

VNUnet : Que se passe-t-il en cas de panne d’une des machines louées ?

Laurence Boucher :Nous proposons un service de maintenance et de secours via notre filiale ECS Solutis. L’offre n’est en rien obligatoire, mais l’entreprise continuera de toute façon à verser un loyer même si le matériel ne marche pas. L’entreprise peut aussi faire appel à des sociétés de service différentes de la nôtre. ECS s’est d’ailleurs engagé à partir du 1er janvier à remplacer un serveur en panne par une autre machine de puissance équivalente, cela pour tout nouveau serveur loué.

VNUnet : Comment le marché de la location évolue-t-il ?

Laurence Boucher :L’entreprise qui loue son matériel informatique met entièrement entre les mains d’une société tierce tout son potentiel de travail. Il faut donc que le loueur puisse inspirer confiance. Ainsi, beaucoup de loueurs à l’image d’Arius, d’Etica ainsi que nous-mêmes, sont des filiales de banques. Cet aspect permet de donner une image rassurante auprès des sociétés. Enfin, ce secteur, qui a connu une forte concentration des acteurs, nécessite une présence à l’échelle européenne, toujours dans le but de montrer une forte stabilité auprès des sociétés clientes.

VNUnet : La location est-elle une solution pour les entreprises en création ?

Laurence Boucher :Elle est en principe effectivement la meilleure solution, car la société qui démarre possède peu de capitaux. Toutefois, ces entreprises sont fragiles et cela comporte un certain nombre de risques pour les loueurs de matériels informatiques. C’est un véritable sujet de réflexion qui est actuellement mené par ECS. Pour le moment, on peut dire que chaque entreprise est un cas d’étude particulier.