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Le Medef regarde vers l’Europe pour développer des champions du numérique

La maturité numérique d’un pays se mesure-t-elle au nombre de « licornes »* dont il dispose dans le secteur ?

Le Medef ne l’affirme pas, mais met cette donnée en avant à l’issue d’une enquête menée avec le Boston Consulting Group.

Dans le rapport (document PDF, 23 pages) qui en résulte, Israël et le Canada sont données pour exemple. Le premier, entre autres pour ses programmes de transfert technologique entre le secteurs économique et le monde universitaire. Le second, pour ses « super-clusters » pilotés par l’industrie.

La Chine et les États-Unis sont aussi sur la liste. En particulier pour leur marché intérieur unifié qui, additionné de consortiums industriels, a un « effet d’entraînement » sur les entreprises d’autres secteurs.

Le Medef en appelle à reproduire le modèle dans l’UE, à travers l’uniformisation des dispositifs réglementaires et légaux. Il suggère notamment de permettre la consolidation des comptes de résultats au niveau européen pour en alléger la taxation.

La question France Très haut débit

En matière de politiques incitatives, la France a des armes, estime l’organisation patronale. Elle est particulièrement bien placée au niveau mondial (3e) en ce qui concerne les incitations à la recherche : le gouvernement supporte indirectement, par ce biais, 20 % de la R&D des entreprises.

Pour ce qui est des incitations à entreprendre et à implémenter de nouvelles technologies, la France fait moins bien : elle se situe « dans la moyenne ».

Il en va de même, à l’échelle européenne, quant à la qualité des infrastructures télécoms. Ce aussi bien pour le réseau mobile (4G, 5G) que le réseau fixe (en tenant compte des effets attendus du plan France Très haut débit).

Le Medef s’exprime là aussi en faveur d’une initiative à l’échelle européenne, face à un contexte réglementaire qui « limite les capacités d’investissement des opérateurs ».

Un TOEFL du numérique ?

D’Europe, il est moins question au chapitre des politiques sociales.

Le constat, lui, n’est que pour partie positif.
Certes, la France propose des formations de haute qualité, surtout dans le domaine scientifique (elle est 6e ou 7e mondiale dans les principaux classements). Mais elle ne forme pas assez de « talents », peine à les retenir et à du mal à en attirer à l’étranger.
Les données du BCG la donnent aussi très en retard sur l’adaptation du droit du travail au numérique.

Tous ces éléments pourraient déboucher, d’ici à 2022, à un déficit de 200 000 « talents digitaux ».

Quelles solutions ? Le Medef suggère de généraliser, sur le modèle du TOEFL pour l’anglais, un modèle d’évaluation des compétences qui mette en relief les besoins de formation ou de reconversion.
Et de recommander d’exploiter les solutions de diagnostic numérique à disposition (« diag data » de Bpifrance est donné en exemple).

Cybersécurité : simplifier l’offre

Il y a également, d’après le Medef, du travail à faire sur le volet cybersécurité. L’État fait preuve d’engagement (8e au classement de l’Union internationale des télécoms), mais ne suit ni le niveau de maturité des entreprises, ni le niveau de confiance des consommateurs.

Que faire dans ce contexte ? Trois pistes :

  • mettre en place des labels de cybersécurité pour inciter à la construction d’offres intégrées pour les PME ;
  • créer une plate-forme sécurisée d’échange de signatures d’attaques, sur le modèle de Perceval (plate-forme de signalement de fraude lancée en juin 2018) ;
  • pour les métiers du chiffre, proposer un diagnostic annuel de cybersécurité.

RGPD : prière de démystifier

L’État se voit gratifié d’un autre bon point, sur l’open data : 2e mondial en ce qui concerne l’accès aux données publiques ; 3e pour leur disponibilité.

Les entreprises, en revanche, affichent un certain retard sur la capacité à collecter et à exploiter des données.

Principale raison évoquée par le Medef : une application trop restrictive du cadre légal, à commencer par le RGPD.
Et d’en appeler à former les entreprises à l’application des diverses réglementations, « sans surinterprétation ».

* Sont communément définies comme des « licornes » les sociétés valorisées à au moins 1 milliard de dollars.

Photo d’illustration © Pressmaster – Shutterstock.com

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