Microsoft n’impose plus IE dans Windows

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C’est officiel : Microsoft va assouplir ses accords avec les constructeurs et intégrateurs, qui auront désormais le choix d’intégrer ou non le navigateur Internet Explorer dans les systèmes Windows. Ils pourront même y ajouter les logiciels concurrents de leur choix. Une décision, bien tardive, qui prépare le terrain en vue de nouvelles négociations avec le gouvernement US, la justice américaine ayant reconnu les pratiques anticoncurrentielles de la firme de Redmond.

Une plus grande flexibilité. C’est ainsi que Microsoft a qualifié sa décision d’autoriser les intégrateurs et constructeurs d’inclure ou non son navigateur Internet Explorer dans la configuration des systèmes Windows en général et XP en particulier, lequel devrait intégrer IE en version 6. Les OEM auront la liberté d’installer ou non les raccourcis du menu Démarrer et les icônes d’IE sur le bureau. Le navigateur apparaîtra désormais dans la liste des applications de l’utilitaire Ajout/suppression de programme. A ce titre, il pourra donc être totalement retiré du disque dur. Windows XP sera d’ailleurs livré avec un bureau vide laissant le soin à l’utilisateur d’organiser lui-même son espace de travail. Mieux, Microsoft autorise les intégrateurs à installer les programmes de leur choix, et leurs icônes, sur le bureau. Si Netscape pourra côtoyer IE, RealPlayer ou QuickTime pourront être placés au même niveau que le Windows Media Player. Selon Microsoft, cette décision n’affectera pas la sortie de Windows XP, toujours programmée au 25 octobre prochain.

Si, pour les intégrateurs, cette annonce ne change rien dans le processus de

fabrication, c’est en revanche « une excellente décision » pour Philippe Mercier de Hewlett-Packard France. « Nous sommes très heureux que Microsoft se montre un peu plus conciliant qu’il y a quelques années, c’est une excellente chose pour l’ensemble de l’industrie. » Les utilisateurs apprécieront de pouvoir installer eux-mêmes le navigateur de leur choix même si IE s’arroge aujourd’hui environ 90 % du marché des fureteurs. Il est d’ailleurs peu probable que les intégrateurs suppriment définitivement le navigateur du disque dur, sauf à passer un accord avec un autre éditeur comme Netscape ou Opera, voire AOL. Mais il est à craindre que l’éditeur de Redmond ait déjà gagné la guerre des navigateurs et que son geste soit plus symbolique qu’efficace.

Un signe de bonne volonté

Un symbole censé répondre aux exigences de la justice américaine dans le cadre de la loi antitrust. « Nous reconnaissons que certaines clauses de nos licences actuelles pour Windows ont été jugées inappropriées par la Cour », admet le PDG Steve Ballmer dans son communiqué. Si, à l’occasion du récent verdict de la Cour d’appel (voir édition du 29 juin 2001), le tribunal a annulé la scission de la société précédemment prononcée par le juge Jackson, les hommes de loi ont pourtant reconnu le caractère illégal des méthodes de Microsoft pour maintenir sa position dominante dans les systèmes d’exploitation. Quel rapport avec le navigateur ? La cour d’appel avait estimé que la société Netscape aurait pu devenir un concurrent sérieux sur le marché des OS. En supprimant le navigateur Netscape, Microsoft augmentait toutes ses chances de conserver le monopole des systèmes d’exploitation sur les PC de bureau. Microsoft n’en a donc pas fini avec la justice américaine et sa décision de ne plus imposer IE dans Windows apparaît comme un signe de bonne volonté pour « travailler avec le gouvernement sur les autres points de contentieux », selon Steve Ballmer. C’est peut-être pour éviter un nouveau « point de contentieux » que le géant de Seattle a choisi de supprimer (mais pour combien de temps ?) les smart tags de Windows XP (voir édition du 28 juin 2001). Ces balises interactives propres à l’éditeur lui auraient permis de poser des liens vers des sites sélectionnés par Microsoft.