Microsoft refuse d’être coupé en deux

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La société de Bill Gates vient de répondre officiellement aux propositions du gouvernement américain de créer deux « baby-Microsoft ». Evidemment, la firme de Seattle refuse cette scission et propose à la place quelques règles modifiant son comportement commercial.

« Nous pensons qu’il n’y a pas de fondement à la proposition sans précédent du gouvernement de démanteler la société et nous sommes persuadés que la Cour va rejeter immédiatement cette demande excessive ». Tels sont les premiers commentaires de Bill Gates, suite à la proposition du gouvernement américain de scinder Microsoft en deux sociétés distinctes (voir édition du 2 mais 2000). On s’attendait évidemment à ce que Microsoft refuse de plier si facilement. Et de proposer quelques remèdes de son cru. Au final, il s’agit uniquement de quelques règles modifiant le comportement commercial de Microsoft.Avant de les exposer dans un communiqué officiel, Steve Ballmer, Pdg de Microsoft, prend quelques pincettes : »Bien qu’il soit probable que nous ne soyons pas d’accord avec la décision du tribunal, notre proposition montre qu’il y a moyen de répondre à toutes les violations de la loi repérées par la Cour, sans pour autant recourir aux propositions excessives du gouvernement ». Il se montre en revanche très ferme sur le sujet du démantèlement : « Notre société ne sera pas scindée. Cela n’arrivera pas ». Et d’ajouter : « C’est comme si on avait séparé Paul McCartney et John Lennon sous prétexte qu’ils ont eu trop de hits classés n° 1 ».Les propositions de Microsoft sont les suivantes :- assurer que Microsoft n’annulera ni ne refusera d’accorder une licence de Windows à un constructeur de PC sous prétexte que ce constructeur livre ou promeut des logiciels non-Microsoft.- permettre aux constructeurs de faire apparaître sur le Bureau Windows autant d’icônes concernant des logiciels non-Microsoft qu’ils le désirent.- permettre aux utilisateurs de choisir le butineur Internet qu’ils utiliseront au moment du démarrage du PC.- permettre aux fabricants de PC de retirer l’icône d’Internet Explorer du Bureau Windows et du menu Démarrer. Le gouvernement américain avait demandé à Microsoft de retirer complètement le logiciel du système, ce que Microsoft persiste à indiquer comme impossible. – s’empêcher de promouvoir le produit d’une autre société sur le Bureau Windows en échange de l’accord de cette compagnie de limiter la distribution de son produit sur des plate-formes non-Windows.- s’empêcher de lier la sortie de logiciels destinés aux plate-formes non-Microsoft à l’adoption de produits maison. Durant le procès, le gouvernement américain avait indiqué que Microsoft avait menacé Apple de cesser le développement d’Office pour MacOS si la Pomme n’acceptait pas de faire d’Internet Explorer son navigateur standard.- s’assurer que des développeurs et vendeurs indépendants de logiciels aient accès en temps et en heure aux informations techniques appelées Application Programming Interfaces nécessaires pour écrire un logiciel pour Windows.- continuer de distribuer des licences d’un système d’exploitation ancien après la sortie d’une nouvelle version dans le cas où les constructeurs de PC n’aimeraient pas les nouvelles fonctions du nouveau.Microsoft propose également que ces règles s’appliquent pendant 4 ans, au lieu des 10 ans proposés par le gouvernement. La société propose en plus de prendre à sa charge les frais de Justice et d’avocats engagés par les 19 états qui l’ont poursuivi, à la suite du gouvernement. Microsoft a également réitéré sa volonté de faire appel, si le Juge se prononce en faveur du gouvernement. On le voit, il y a un gouffre entre les propositions de Microsoft et celles du gouvernement américain. Le ministère américain de la Justice a répondu que « les propositions de Microsoft sont inefficaces et remplies de lacunes. Elle ne donnent aucune garantie contre des tentatives de partage de marchés avec les concurrents, contre d’éventuelles représailles contre les fabricants de PC qui soutiendraient des technologies non-Microsoft, ou l’obligation de livrer Windows avec les PC ». Le procureur général de l’Iowa a même ajouté que « ces mesures n’assurent pas que la loi ne sera pas enfreinte à l’avenir ».Dans sa volonté de rapidement résoudre le problème Microsoft, le Juge Jackson doit répondre dès le 17 mai prochain aux propositions de Microsoft. Et une nouvelle audition doit avoir lieu le 24 mai. De son côté, Microsoft continue de demander des délais (voir édition du 5 mai 2000), indiquant notamment que les propositions du gouvernement américain touchent à des produits qui normalement ne devraient pas faire partie du procès, comme Windows 2000 par exemple. Pour en savoir plus : La proposition officielle de Microsoft (en anglais)