Mobile Complete permet de tester les applications pour mobiles à distance

Mobilité

La start-up, repérée par un fonds de France Telecom, exploite une plate-forme utile pour les développeurs de services mobiles.

C’est un constat : les investisseurs sont prêts à parier sur les solutions logicielles pour mobiles au regard du développement de la téléphonie mobile multimédia dans le monde. Les projets les plus médiatiques s’appellent iPhone d’Apple ou Androïd/Gphone de Google. Mais il existe également une batterie de jeunes pousses qui évoluent en coulisses sur ce terrain en s’adressant aux développeurs d’applications pour les terminaux mobiles.

C’est le cas de Mobile Complete, une start-up californienne créée en 2003 qui a élaboré une architecture originale : elle a conçu une plate-forme de prise de contrôle à distance de terminaux afin de monter des essais à distance. Une manière de répondre à l’un des principaux problèmes rencontrés par les développeurs d’applications mobiles (les jeux par exemple) : compte tenu de la diversité des configurations des terminaux (iPhone, Sony Walkman… ), comment s’assurer qu’une application sera opérationnelle sur toutes les plates-formes ? Mobile Complete a d’ailleurs récemment reçu les honneurs du magazine en ligne Wired qui la qualifie de « Matrix pour mobiles ».

Afin d’effectuer les tests d’applications mobiles à distance, la start-up a développé une solution hybride DeviceAnywhere reposant sur trois volets : sur terminal (« on-device »), tests en réseaux (« in-network testing ») et l’automatisation des tâches (« automation »). Le schéma d’interaction peut se résumer sous cette forme : côté hardware, plusieurs centres serveurs, répartis dans le monde, abritent des racks spécifiques qui intègrent des compartiments dédiés aux terminaux mobiles à tester à distance.

Côté software, les développeurs éparpillés dans le monde se connectent à partir d’un poste client afin d’interagir en quelques milli-secondes avec les terminaux situés à l’intérieur de ses « boîtiers-connecteurs » déployés dans les centres serveurs (voir image d’illustration). Une interface logicielle permet de restituer en direct et en condition réelle les résultats sur l’écran PC du développeur. L’outil est doté de quelques dimensions collaboratives comme le montage de séquences vidéo en Quicktime ou de captures d’écran par e-mail pour partager les informations avec d’autres développeurs.

Solutions compatibles avec tous les terminaux mobiles

Mobile Complete propose un catalogue de solutions fondées sur trois approches : développements et tests des processus pour terminaux mobiles, « monitoring & benchmarking » (pour mesurer et comparer la performance des applications en fonction des terminaux) et « support & education » (utile pour les centres d’assistance d’opérateurs mobiles souhaitant initier ses clients finaux à manier un terminal ou une application à distance).

« Notre solution est compatible avec la plupart des terminaux commercialisés dans le monde. Nous pouvons mettre 700 modèles différents à la disposition de nos clients », explique Faraz Zyed, chief executive officer (CEO) de Mobile Complete, que Vnunet.fr avait pu rencontrer à Paris mi-septembre.

Parmi les clients de la start-up californienne (qui atteint le millier dans le monde) figurent des opérateurs comme Sprint, AT&T et AllTel aux Etats-Unis mais aussi des fournisseurs de solutions mobiles comme Comverse ou Nokia. Ainsi que des groupes Internet intéressés dans la mobilité comme Google.

Ainsi, Mobile Complete souligne sa collaboration avec Sony Ericsson. La start-up a contribué à la création d’un virtual lab permettant aux développeurs d’application de tester leurs produits Java ME (micro-edition) à distance. Six des principaux modèles 2007 du constructeur de terminaux mobiles (W880, W580, K550, K810, T650 et le W910) sont disponibles dans ce laboratoire virtuel.

Quelles sont les limites de l’interaction à distance? Faraz Zyed donne deux exemples : le test des fonctionnalités vidéo et photo (résolution des images, zoom… ) comprises dans les photophones (« Ce n’est pas une demande de la part de nos clients », assure le PDG) et le volet GPS (« On travaille dessus »).

Pay as you go

A partir de cette activité originale, Mobile Complete a développé un business model spécifique sous forme de packages de services destinés à ces clients du secteur télécoms.

Il comprend un coût fixe mensuel et une partie variable en fonction du temps passé à tester les applications (« pay as you go ») : comptez entre 12 et 18 dollars par heure.

Les activités de travail à distance nécessitant la mobilisation d’une quantité non négligeable de bande passante, la société ne peut pas se permettre d’ouvrir complètement les vannes sous forme d’accès illimité. Un système de réservation en ligne permet aux développeurs de choisir leurs créneaux horaires et d’éviter ainsi une file d’attente en fonction des terminaux à tester.

Un fonds de France Telecom impliqué

Mobile Complete poursuit sa croissance à l’international : son siège social est localisé à San Mateo mais la société a ouvert des bureaux dans cinq villes europennées (Paris, Londres, Munich, Milan et Madrid). Faraz Zyed reste discret sur les résultats financiers de sa société mais précise avoir levé 11 millions de dollars depuis le démarrage en 2003.

Son investisseur historique s’appelle Innovacom, un fonds d’investissement rattaché à France Telecom, qui prend position dès 2005. Désormais, il détient 25% de la structure. Pas étonnant dans ce cas que Mobile Complete ait noué des liens avec Orange et la division R&D de l’opérateur.

Un autre acteur s’est montré intéressé très tôt aux activités de la start-up : Motorola. Après avoir adopté son produit pour ses besoins de son laboratoire interne, l’opérateur télécoms américain a finalement investi en 2006 dans la jeune pousse par l’intermédiaire de son fonds institutionnel (corporate venture).