Offensive contre le piratage de DVD

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L’industrie cinématographique affronte cette semaine les groupes de hackers et la communauté pour le développement de Linux dans un procès civil qui jugera de la légalité d’un utilitaire qui permet de copier les DVD et de les mettre en circulation sur Internet.

Le procès met en cause le DeCSS (pour Decode content scrambling system), un utilitaire écrit l’année dernière et inclus dans un projet visant à développer un pilote de DVD pour Linux. Aujourd’hui une version Windows est disponible (voir édition du 24 janvier 2000).

Le DeCSS a été surnommé le MP3 des films, mais il faudra encore attendre avant que la bande passante ne soit suffisamment conséquente pour que les très gros fichiers DVD puissent être échangés sur Internet aussi facilement que leurs homologues audio.

Néanmoins Hollywood est suffisamment alarmé par la perspective d’une recrudescence du piratage de la vidéo numérique pour traîner en justice l’éditeur d’un site de hack afin d’éviter la diffusion de l’utilitaire en question.

Eric Corley, rédacteur en chef de 2600.com, magazine de hack et site Web, est attaqué en justice pour violation d’une loi fédérale américaine datant de 1998 et encore jamais exploitée qui vise à protéger les média numériques : le Digital millennium copyright act.

Les plaignants dans ce procès, qui comptent parmi eux les huit plus importants studios d’Hollywood, cherchent à obtenir une injonction interdisant à Eric Corley de placer sur son site des liens hypertexte qui renvoient à l’utilitaire, le DeCSS.

Eric Corley, qui se compare à Emmanuel Goldstein, le personnage du roman 1984 de Georges Orwell, a déclenché les foudres de l’industrie cinématographique en plaçant le code source du DeCSS sur son site. Il l’a enlevé depuis, mais refuse de supprimer les liens vers d’autres sites proposant l’utilitaire.

« Cette affaire touche à la liberté d’expression. Il s’agit du droit pour une personne utilisant un ordinateur d’exploiter la technologie comme bon lui semble – sans risquer de procès », a indiqué Eric Corley à une conférence de presse à New York. Il a ajouté que 2 000 sites comportaient des liens vers le controversé DeCSS.

La Motion picture association of America (MPAA) riposte en arguant que le discours libertaire ne constitue pas une décharge, estimant que le seul but du logiciel DeCSS est d’évincer la protection du droit d’auteur.

Jack Valenti, pdg de la MPAA, estime que « C’est un vol. On peut comparer la mise en ligne de la formule de décryptage à la fabrication puis à la distribution de passe-partout permettant d’entrer sans autorisation dans un magasin. Ces clés n’ont d’autre utilité que d’ouvrir les verrous qui empêchent le voleur d’accéder aux marchandises qu’il ou elle convoite ».

Témoignant aux côtés des plaignants, Michael Shamos, professeur à l’université de Carnegie Mellon, a cherché à démontrer que des copies téléchargeables de films grand public comme Matrix sont d’ores et déjà disponibles en ligne. Il a soutenu que son assistant s’était rendu sur un forum Internet et avait reçu une copie illégale de Matrix en échange de Nuits blanches à Seattle. Il a néanmoins admis que le transfert avait duré près de 6 heures.

« La même chose que Napster est en train d’arriver aux vidéos » a indiqué Michael Shamos à la cour. Le procès se tient encore ce mercredi 19 juillet 2000 au tribunal fédéral de Manhattan. Une trentaine d’activistes pro-Linux manifestent à l’extérieur des bâtiments.

Pour en savoir plus :

* 2600, le site d’ Eric Corley

* La MPAA