Olivier Roussat (Bouygues Telecom) : « Notez la forme d’amour particulière avec Free Mobile »

Mobilité

Rendement, réseaux, concurrence…Lors d’une audition devant une commission parlementaire, le directeur général de Bouygues Telecom a répondu aux assauts de Free Mobile. Florilège du témoignage.

Free Mobile : « Une itinérance choisie et non subie »

Sur la question du réseau, Olivier Roussat est venu rappeler la conception du déploiement au nom de la concurrence par les infrastructures. Celle-ci serait écornée avec l’arrivée de Free Mobile.

« Il faut s’assurer que le principe de couverture variable soit limité dans le temps. Un jour, Free Mobile aura son propre réseau et il n’aura pas de filet de sécurité pour aller chercher le réseau d’un autre [allusion à l’accord d’itinérance signé avec Orange et qui serait surexploité pour absorber le trafic dense  initialement généré par Free Mobile, ndlr] ».

Bouygues Telecom a-t-il cherché à mettre des bâtons dans les roues de Free Mobile ? A en croire Olivier Roussat, le troisième opérateur mobile du marché (11 millions de clients dans le mobile et 1,2 million dans le fixe) se serait montré plutôt coopératif.

« Au niveau des points hauts, nous avons fourni à Iliad une liste de 6700 sites ouverts en 3G en février 2010. En juillet 2010, nous avons communiqué une liste de 1072 pilônes propriétés de Bouygues Telecom », affirme-t-il. « Nous avions signé une convention d’accueil avec le groupe Iliad pour être capable de déployer autant de sites qu’il le souhaitait. Il y avait juste à les choisir et ils étaient automatiquement utilisables. »

Olivier Roussat poursuit son argumentation : « Au total, en comptant les ressources complémentaires mises à disposition par SFR et TDF, Iliad pouvait compter sur un total de 6000 sites pour poser la 3G. Mais, au 13 février 2012, selon le site de l’Agence nationale des fréquences (ANFR), seulement 978 sites 3G ont été ouverts par Iliad. C’est un sixième du total. »

Ce qui fait dire à Bouygues Telecom : « L’itinérance de Free Mobile a été choisie et non subie. Quand vous voulez faire un réseau de qualité, il faut beaucoup de sites. »

Il est de notoriété publique que le courant a du mal à passer entre Free et Bouygues Telecom, bien avant l’arrivée de Free dans la mobilité d’ailleurs.

« Vous l’avez noté : il y a une forme d’amour très particulière entre le quatrième opérateur et Bouygues Telecom mais nous n’avons pas envoyé d’huissiers en Bretagne [pour vérifier l’état du déploiement du réseau de Free Mobile] parce que c’est pas notre métier de contrôler. C’est le rôle de l’ARCEP. »

Ce qui n’empêche pas Bouygues Telecom d’évoquer un « vrai-faux réseau » assurant « une fausse couverture » de Free Mobile, qui aurait « des conséquences lourdes et structurantes sur le marché de la téléphonie mobile » si l’approche était confirmée et validée par les pouvoirs publics.

Autre point d’anicroche : la terminaison d’appel SMS. Un casus belli si l’on va dans le sens de la requête de Free.

« Le différentiel qui sera une décision ARCEP sera tout à fait inacceptable », considère Olivier Roussat.

« Si nous accédions à la requête de Free d’obtenir un différentiel d’1,35 centime (90% de la valeur SMS), cela revient à verser à Free pratiquement 10 euros par mois et par client. »

Un témoignage qui ne va pas manquer de ranimer la flamme de la passion entre les deux opérateurs…

La vidéo de l’audition à l’Assemblée nationale est accessible ici.

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